Le gouvernement cherche à soutenir tous les entrepreneurs, les entreprises et les indépendants. Pourtant, les infirmières libérales comme bon nombre de professionnels de santé de ville se sentent oubliées par les pouvoirs publics, même si ces derniers soulignent que des mesures vont être officialisées à très court terme.
Les soignants, une vaste communauté, des professionnels en quête d’une reconnaissance
Depuis le début de l’épidémie de coronavirus, les « soignants », terme générique utilisé par tous les décideurs politiques sans qu’aucun d’eux n’ait cherché à le définir plus précisément, sont présentés comme celles et ceux, qui assurent notre défense au quotidien. Ces premières lignes sont remerciées quotidiennement et un élan de solidarité nationale a conduit à ce rendez-vous du 20h00. Toute la population applaudit infirmières et médecins, aide-soignant et anesthésistes, … Au fil des jours, la population concernée par ces applaudissements s’est considérablement élargie, englobant au passage les administratifs, les cuisiniers, le personnel d’entretien, … C’est tout l’hôpital qui est encensé.
Parfois, certaines voix se sont fait entendre pour souligner que les soignants n’étaient pas qu’à l’hôpital et qu’en ville aussi, des professionnels de santé multiplient les efforts au quotidien pour contenir ce coronavirus. Alors les applaudissements leur sont aussi adressés, même si infirmières libérales et médecins généralistes se sentent parfois oubliés de cet élan de solidarité. Et pourtant, ces professionnels de santé dits de ville sont de plus en plus mobilisés pour prendre en charge les « COVID-19 » de retour à leur domicile ou encore ces patients, suspectés de développer la maladie.
Les polémiques sont apparues, et du manque de masques à la pénurie de surblouses, toute la France s’est indignée des conditions de travail de ces soignants. On dénonçait ici ou là les agressions dont étaient victimes les infirmières libérales (une récente étude de l’ordre des Infirmiers souligne que 12 % des infirmières libérales ont subi une agression sous une forme ou sous une autre) mais aussi la fatigue extrême de certaines infirmières hospitalières, ou encore le dévouement de certaines professionnelles de santé dans les EHPAD qui acceptaient de se confiner 15 jours durant avec leurs patients pour ne pas leur faire prendre de risques.
En un mot, le pays tout entier semble (re)découvrir, à l’occasion de cette épidémie, l’importance de ces soignants, qu’il s’agisse d’infirmières ou d’infirmiers libéraux mais aussi de médecins hospitaliers ou d’aides-soignantes. Tout le monde a entendu les promesses des autorités publiques, la promesse de reconsidérer toutes ces professions, la promesse de refonder un système de santé souvent présenté comme à bout de souffle, la promesse d’une revalorisation salariale conséquente ….
La reconnaissance des soignants passe aussi par le versement de primes
Pourtant, depuis le début du confinement (et donc des conséquences économiques désastreuses pour presque tous les secteurs d’activité), le gouvernement a multiplié les aides en tout genre pour venir en aide aux plus démunis mais aussi aux entreprises. Le président de la république avait prévenu que cette crise sanitaire exceptionnelle ne devait pas causer de dommages et ce « quoi qu’il en coûte ». Jusque là, la promesse a été tenue, amenant le gouvernement a faire voter, par deux fois, une modification du budget du pays. Aujourd’hui, la crise a déjà coûté 110 milliards d’euros à la France et jusqu’à ce mercredi 15 avril, aucune aide spécifique n’avait été décidée pour les soignants,, alors même qu’ils sont encensés depuis le premier jour du confinement. Edouard Philippe, le Premier Ministre, a mis fin à cette injustice en dévoilant les primes accordées à tous les soignants. Les infirmières libérales comme les professionnels de santé de ville ont vite été déçus, puisque ces primes n’étaient destinées qu’au personnel des services de santé.
Pour l’hôpital donc, les soignants « dans les hôpitaux des départements les plus touchés par l’épidémie » percevront une prime de 1.500 euros, qui sera versée en mai. Une prime de 500 € sera versée à tous les autres personnels des hôpitaux. Le personnel médico-social des établissements concernés percevra lui-aussi une prime. Pour tous, le gouvernement a enfin souligné, que toutes les heures supplémentaires effectuées pendant cette période seraient majorées de 50 %.
Bien que certaines et certains dénoncent l’insuffisance de cette reconnaissance financière, cette dernière a au moins le mérite d’exister, et c’est ce que font entendre les infirmières et infirmiers libéraux et tous les professionnels de santé de ville.
Une crise économique pour les infirmières et infirmiers libéraux et pour les professionnels de santé de ville
Car le confinement n’a pas été sans conséquences pour ces professionnels. Ces derniers jours, ils sont appelés à la rescousse pour gérer les hospitalisations à domicile et l’après pic en prenant en charge les patients à leur sortie d’hôpital. Mais au moment du confinement, ces professionnels de ville, comme les infirmières libérales mais pas seulement, ont du faire face à la désertion de leur patientèle. En effet même si une possibilité était offerte aux citoyens de se déplacer pour honorer un rendez-vous chez un professionnel de santé, les rendez-vous de ces professionnels se sont annulés en masse, conduisant certains d’entre-eux à devoir suspendre leur activité.
D’autres n’ont pas pu continuer à exercer leur activité, faute de matériel de protection. L’absence de masques et de blouses à ainsi conduit les dentistes, les kinésithérapeutes et certains infirmiers libéraux à devoir s’arrêter.
Enfin, les infirmières libérales, ayant décidé de continuer à exercer, ont dû faire face à cette baisse de patientèle tout en devant se soumettre à de nouvelles contraintes (désinfection, lavage des mains, explications aux patients angoissés, …).
On peut donc légitimement comprendre l’incompréhension et parfois la colère de ces professionnels, qui n’ont pas entendu un mot à leur encontre de la part du premier Ministre. Et pourtant la situation de certains cabinets infirmiers est critique.
Des aides financières et matérielles pour les professionnels de santé de ville
Du côté du Ministère de la Santé, le ton se veut plus rassurant, puisqu’il est rappelé que dans les premiers jours de la crise, des négociations entre l’Assurance Maladie et les syndicats professionnels ont été ouvertes afin de trouver une solution d’aide pour toutes et tous. Les autorités publiques promettent une ordonnance pour la fin du mois d’avril ou au plus tard le début du mois de mai, c’est-à-dire quelques jours seulement avant la levée progressive du confinement.
Si toutes les infirmières libérales, toutes les officines pharmaceutiques, … doivent être aidées, le Ministère de la Santé a déjà fait savoir que la compensation des pertes financières pourrait être dégressive en fonction de la quantité de travail. En d’autres termes, celles et ceux, qui ont maintenu une partie de leur activité seront « récompensées ». On imagine, que la publication de l’ordonnance devrait alors faire couler beaucoup d’encre quant à l’équité et à l’égalité, portée par cette mesure.
Dans cette situation, de nombreuses infirmières libérales mais aussi d’autres professionnels de santé soulignent le caractère d’urgence de certaines situations. La perte de chiffre d’affaires, des frais professionnels qui augmentent et des charges qui continuent à peser sur le quotidien rendent l’exercice impossible pour certains professionnels. L’Assurance Maladie, qui s’est déclarée consciente de cette réalité, a d’ores et déjà fait savoir que des aides seraient versées dès le mois de mai, sans attendre l’application de l’ordonnance. Ne sera-t-il pas trop tard pour certains ? C’est toute la question.
Et vous, quelles aides attendez-vous en priorité de la part du gouvernement ? Estimez-vous que vous parviendrez à surmonter cette épreuve jusqu’au bout ?
26 avril 2020
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