Deux ans de crise sanitaire ont permis à Doctolib de démontrer sa capacité à gérer massivement les données de santé d’une part et la prise de rendez-vous d’autre part. Une période, qui a permis à la plateforme de prises de rendez-vous de séduire encore plus de patients. Les infirmières libérales et les autres soignants ne peuvent que le constater. Et cela n’est pas sans conséquences.
Après les patients, Doctolib veut séduire encore plus les infirmières libérales
Depuis des années, les infirmières libérales comme les autres professionnels de santé s’interrogent sur le succès fulgurant de Doctolib, le site de prise de rendez-vous médicaux en ligne. De nombreux soignants s’inquiétaient avant la crise sanitaire de cette expansion si rapide, en soulignant les dangers que cela pouvait représenter. Mais depuis mars 2020 et le premier confinement, Doctolib a encore changé de dimension. La start-up, créée en 2013, a pu ainsi tirer profit de sa position ultradominante sur le marché des plateformes de prises de rendez-vous pour devenir un véritable partenaire des autorités sanitaires.
Aussi, quand le gouvernement a commencé à réfléchir à la gestion des campagnes de dépistage et / ou de vaccination, c’est tout naturellement vers la licorne française (la licorne désignant ces entreprises valorisées à plus d’un milliard d’euros) qu’il s’est tourné. De la même manière, lorsque la distanciation physique est devenue la règle (premier confinement et les différentes périodes de couvre-feux), Doctolib a « offert » son service de téléconsultations aux médecins, infirmières libérales et autres soignants. Cette crise sanitaire aura permis à la plateforme de :
- Démontrer son expertise et sa capacité à gérer les prises de rendez-vous en masse
- Tranquilliser les inquiétudes des patientes et des patients, en participant activement à la gestion de la crise sanitaire.
Et les patients ont été séduits. Présent en France, en Allemagne et en Italie, Doctolib a ainsi vu le nombre de patients utilisant ses services bondir de 40 à 60 millions après la crise sanitaire.
La numérisation, un enjeu majeur pour la transformation de notre système de santé ?
Et cette attractivité renforcée après la crise sanitaire n’est pas sans conséquence sur les infirmières libérales et les autres professionnels libéraux de santé. En effet, bien que la plateforme ait été crée à l’origine pour les médecins, elle est depuis plusieurs années accessibles aux IDEL(s), aux dentistes, aux sages-femmes, …. Et Doctolib a su s’imposer face à tous ses concurrents, puisqu’en France la part de marché de l’entreprise emblème de la French Tech est estimé à plus de 90 %. Les patients ont adopté le réflexe Doctolib, et c’est sur la plateforme qu’ils se précipitent dès lors qu’ils doivent prendre rendez-vous avec un professionnel de santé. Les professionnels de santé en général et les infirmières libérales en particulier n’ont pu que constater ce changement d’habitude des Français. Le 12 juillet dernier, quand le président de la République annonçait la mise en place du passe sanitaire, la plateforme était prise d’assaut par les patients, gérant en une seule soirée plus de 925.000 prises de rendez-vous.
Une infirmière libérale comme un médecin généraliste ne peut plus aujourd’hui ignorer ce canal de prise de rendez-vous. Même si la gestion de l’emploi du temps de ces professionnels de santé ne repose pas uniquement, loin de là, sur Doctolib et les autres plateformes de prises de rendez-vous, ces dernières sont néanmoins devenues incontournables. Les patients les plébiscitent de plus en plus, et les professionnels de santé doivent, pour pouvoir satisfaire à ces attentes, s’inscrire et donc payer un abonnement.
Et demain, Doctolib un partenaire obligé pour les IDEL(s) et les soignants ?
Les questions ressurgissent de plus belle, d’autant plus qu’après cette forte croissance, Doctolib voit, en ce début d’année 2022, un nouveau tremplin pour s’ancrer encore plus durablement dans l’organisation du système de santé en France. En voulant accélérer le numérique en Santé (notamment avec le lancement de Mon Espace Santé), les autorités publiques ont conforté la stratégie de Doctolib. Depuis des années, l’entreprise investit massivement pour proposer des outils (gestion d’agendas, gestion de cabinets médicaux, téléconsultation, …) adaptés aux médecins, mais aussi aux infirmières libérales ou aux kinés. (300 millions d’euros seront investis en 2022 selon l’entreprise). Une messagerie sécurisée de santé devrait même être déployée au cours de l’été prochain. Petit à petit, Doctolib occupe une place de plus en plus importante dans la gestion du quotidien pour les soignants, et c’est cette prédominance, qui inquiète les infirmières libérales et les autres professionnels concernés.
Et vous, quelle est votre relation, votre ressenti par rapport à Doctolib ? Estimez-vous que la plateforme constitue un danger pour les années à venir ?