La Santé environnementale reste, selon les promoteurs de la discipline, trop méconnue des soignants d’une part et des patients d’autre part. Pourtant son essor et sa prise en compte dans les politiques de santé publique seraient indispensables pour rendre notre système de santé plus efficient. Alors que signifie devenir éco-infirmier pour un IDEL ?
La transition écologique, un avenir à imaginer pour les infirmiers libéraux et hospitaliers
Toutes les sociétés sont (ou seront) impactées par deux révolutions profondes, qui entraineront des répercussions sur tous les secteurs d’activité. La transformation numérique, d’une part, et la transition écologique d’autre part. Si les soignants en général et les infirmiers libéraux sont déjà concernés par la transformation numérique (les nouveaux outils innovants ont bouleversé le quotidien d’un IDEL, la télémédecine révolutionne le parcours de soins, …), ils s’interrogent quant à leur rôle, leur action et leur mission en ce qui concerne la transition écologique.
Il ne s’agit pas seulement de changer ses habitudes au quotidien pour limiter les impacts des pratiques professionnelles sur l’environnement, mais bien de prendre en compte de manière plus globale quels liens unissent la santé humaine et l’environnement. Comment une infirmière libérale peut s’engager activement au quotidien ? Quels actes concrets peuvent contribuer à faciliter et renforcer cette transition ? Si les questions sont innombrables, les réponses, elles, tardent à émerger même si certaines et certains revendiquent un changement d’approche, une révolution en matière d’état d’esprit. C’est le cas de Philippe Perrin, directeur de l’Institut de formation en Santé environnementale (IFSEN), éco-infirmier depuis plus de 30 ans.
Éco-infirmier, un statut et des missions à définir et à encadrer
Pour être honnête, le titre d’éco-infirmier n’existe pas juridiquement parlant, même si le site Infirmiers.com en recense une petite centaine en France. Il désigne ces infirmiers et infirmières, qui œuvrent à la promotion de la santé environnementale et de la prévention. Il ne s’agit pas des soins dispensés à l’occasion phénomènes climatiques exceptionnels (inondation, sécheresse, vague de chaleur, …) mais bien de prendre de la hauteur pour jouir d’une vision globale. L’éco-infirmier se nourrit de l’approche One Health (Une seule Santé) apparue il y a deux décennies environ et redécouverte à l’occasion de la crise du coronavirus. C’est ce qu’essaie de résumer M Perrin :
« Le concept One Health exprime justement l’idée qu’il ne peut pas y avoir de santé humaine si l’on n’intègre pas la prise en compte de la population animale, mais aussi l’état de santé des écosystèmes dans lesquelles vivent ces populations animales».
Si on connait les méfaits de l’activité humaine sur l’environnement et la nature, on doit prendre conscience que les conséquences de cette dégradation de l’environnement influent sur notre propre santé. L’approche doit être globale et pour réussir à prendre en compte cette réalité, les professionnels de santé doivent intégrer cette interdépendance à leur approche. Non seulement, l’éco-infirmier a le devoir de se former, mais il a la mission ô combien nécessaire d’informer la population. Pour les éco-infirmiers, le Covid-19 aurait du ou pu être un élément déclenchant une prise de conscience générale. Si les zoonoses (ces maladies se transmettant de l’animal à l’homme) sont appelées à se multiplier dans les années à venir, c’est en grande partie à cause des conséquences de cette activité humaine. Pour Philippe Perrin, la crise du coronavirus n’aura pas permis cette prise de conscience : « Malheureusement, je ne pense pas que le public ait ne serait-ce que fait ce lien entre dégradation de notre environnement et Covid19 ». Pour l’éco-infirmier, la notion de transversalité est essentielle et sans la prise en compte de cette approche par les soignants eux-mêmes, il reste très difficile voire impossible de pouvoir sensibiliser la population. C’est pierre après pierre, que cette santé environnementale pourra se développer. Une infirmière libérale sur tel territoire, un médecin sur un autre, … Du local au national, de l’initiative personnelle à la généralisation d’une approche, voilà comment la santé environnementale pourra trouver pleinement sa place. Et les infirmiers libéraux ont toute leur place dans cette ambition.
Êtes-vous déjà sensibilisés à cette approche de la santé environnementale ? Estimez-vous que cette dernière soit appelée à se généraliser dans les années à venir ? Pourquoi ?