Dry January, bonne résolution ou enjeu de santé publique ?
Pour la 5ème année consécutive, la France connaît une nouvelle édition du Dry January. Suivant le modèle anglo-saxon, le dispositif vise à s’engager pour un mois de janvier sans alcool. Faut-il voir dans ce vœu de sobriété une bonne résolution ? Il est vrai que la majorité de ces dernières ne sont pas tenues au-delà de quelques jours. Faut-il alors y lire un enjeu plus général destiné à prendre soin de la population dans son ensemble ? Avec sa version édulcorée le Damp January (réduire sa consommation d’alcool durant un mois), le phénomène ne séduit pas l’unanimité des citoyens. Les acteurs du milieu de la santé ne sont pas sensibles à cette démarche.
A l’inverse du mois sans tabac, ce mois sans alcool n’est pas soutenu par les autorités publiques. Pourtant, de nombreux médecins et les associations à l’origine de ce mouvement soulignent les bienfaits que peut représenter une telle baisse de la consommation d’alcool.
La consommation d’alcool, une menace pour la santé à prendre en compte
Après les excès des fêtes de fin d’année, cette réduction drastique voire totale de la consommation d’alcool apparaît comme bénéfique. Cet arrêt temporaire de boissons alcoolisées serait en outre le meilleur moyen pour adopter de bonnes habitudes et changer son mode de consommation sur le plus long terme. Les études scientifiques sur le sujet se multiplient en cette période. Certaines, citées par le Washington Post, soulignent les effets bénéfiques sur « la pression sanguine, la santé mentale et le foie« . Ne plus boire d’alcool diminue également considérablement le « risque de développer un cancer et des maladies cardiovasculaires ». C’est pourquoi les associations à l’origine de ce Dry january en France appellent à un soutien plus engagé des autorités et des professionnels de santé.
C’est notamment le sens de la tribune de la Société française de Santé Publique (SFSP) publiée dans les colonnes du journal Le Monde. La SFSP dénonce le « manque d’engagement » du ministère de la santé. Elle souligne également que: « 49 000 décès sont attribuables à l’alcool, soit l’équivalent de villes comme Vincennes ou Albi. Chaque année, l’alcool coûte 120 milliards d’euros à la société ».
Les infirmiers libéraux et autres professionnels de santé, des relais pour une opération de grande ampleur ?
Loin de ces considérations politiques et / ou économiques, les infirmières libérales et les professionnels de santé se doivent donc d’être des relais de l’information auprès des patients. Cela relève, selon la SFSP et d’autres associations engagées, d’un des socles de leur mission en matière de prévention. Certains de ces professionnels (IDEL(s), médecins généralistes, addictologues, …) dénoncent la puissance des lobbies. Ces derniers, selon eux, empêchent le ministère de la santé de s’engager pour un véritable mois sans alcool plutôt que de prêcher la modération. Ils estiment que cette absence de décision ferme et claire nuit à la portée d’une telle opération. Une dénonciation faisant notamment référence aux deux campagnes de prévention sur l’alcool annulées par le gouvernement.