Et si la crise que traverse notre système de santé actuellement reposait en partie sur le moral des principaux acteurs : les professionnels de santé. Les infirmiers libéraux comme les autres soignants ont-ils toujours la vocation d’exercer leur art ? La question peut se poser.
Être infirmière, avant tout une vocation ….
Pour une infirmière libérale comme pour un médecin généraliste, l’exercice professionnel répond le plus souvent à une véritable vocation. Entreprendre des études pour devenir infirmière constitue, en 2023 comme auparavant, une réponse à l’ambition de « soigner » et de « prendre soin des autres ». Pourtant, si la pénurie de soignants, à l’hôpital comme pour les soins de ville, atteste d’une grave crise de l’organisation du système de santé, elle marque aussi une preuve concrète de cette crise des vocations. Bien que les études pour devenir infirmière dans les IFSI (Instituts de Formation en Soins Infirmiers) restent, depuis plusieurs années, le principal choix officialisé par les lycéens sur Parcoursup, devenir infirmière libérale ou hospitalière « fait de moins en moins rêver » les jeunes générations. Ce recul de l’attractivité de la profession est d’autant plus problématique, qu’il intervient à un moment où les autorités publiques sont bien décidées à réformer en profondeur cette organisation de la Santé en France.
La crise sanitaire, que le monde traverse depuis le printemps 2020, a fortement influencé les plus jeunes générations (au même titre que la population mondiale). En mettant en lumière les conditions de travail des infirmiers et des soignants, la crise a permis la prise de conscience des contraintes et des difficultés d’une profession tout entière. Alors que le gouvernement entend accélérer sur cette profonde et durable transformation, à la suite du CNR Santé (Conseil National de la Refondation), les soignants en général et les infirmiers en particulier s’interrogent sur leur rôle et leur place. C’est pour éclairer les débats mais aussi pour influencer, si possible, les décisions à venir que le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a publié, en novembre, un avis « Repenser le système de soins sur un fondement éthique. Leçons de la crise sanitaire et hospitalière, diagnostic et perspectives »
L’ambition des infirmières mise à mal en 2023 ?
Le texte du CCNE entend souligner et expliquer la « manière dont la pandémie de Covid-19 a contribué à révéler une crise morale (…) et la souffrance des professionnels de santé. » Cette crise morale impacte non seulement les professionnels de santé déjà en activité mais aussi celles et ceux, qui aspirent à le devenir (en l’occurrence les étudiantes et étudiants des IFSI). La crise du Covid-19 a révélé au grand public une crise préexistante depuis de nombreuses années. Bien qu’on ne puisse expliquer celle-ci par une seule cause, l’avis du CCNE en souligne une profonde :
Une « approche de la santé focalisée sur le traitement (le cure), plutôt que sur le soin (le care), et ce, au détriment de la santé publique et d’une approche globale des personnes. »
Ce constat explique le malaise, voire la souffrance psychique de nombreux professionnels de santé. Si les auteurs de l’avis ciblent principalement l’hôpital public, ils reconnaissent que les conséquences d’une telle approche ne sont pas sans effets (néfastes) sur l’activité et le moral des infirmiers libéraux comme de tout acteur de la médecine de ville. Alors que la vocation se nourrit du « care », l’exercice professionnel, lui, se concentre sur le traitement. Si cela implique une montée en compétences pour les IDEL(s) comme pour tous les soignants (la technicité des soins ne cesse de se faire plus forte), cela éloigne également ces acteurs du système de santé des … patients. C’est ce que regrette l’avis du CCNE en soulignant que « Le temps des soignants croise de moins en moins celui des malades ». Et c’est à cette problématique, qui peut expliquer en partie la baisse des vocations, que devra répondre rapidement les conclusions du CNR Santé. Alors 2023 sera-t-il l’année non pas du système de santé mais des professionnels de santé ? C’est l’idée sous-jacente, qui jaillit à la lecture de cet avis du CCNE.
Et vous, ressentez-vous cette perte de repères et cette souffrance psychique ? Quelles seraient, selon vous, les pistes à étudier pour pouvoir y pallier ?
22 janvier 2023
Pouvoir alterner des journées type de prise en charge des soins du service et des journées de 'papillonage' avec les patients pour parler, rire, marcher, aller à la piscine, au cinéma, au théâtre, écouter de la musique, regarder des Charlie Chaplin, danser au milieu des fauteuils roulants, mettre un nez rouge, faire de la lecture à voix haute, du dessin....