Être infirmière libérale en 2024, entre optimisme et résignation ! - Albus, l'appli des infirmiers

Être infirmière libérale en 2024, entre optimisme et résignation !

Être infirmière libérale en 2024, entre optimisme et résignation !

Si le gouvernement affirme vouloir refonder la profession infirmière, les principaux concernés se montrent dubitatifs. Ils réclament depuis des années cette reconnaissance, qui leur est promise par le premier ministre et déjà acquise du côté des patients. Ils attendent désormais bien davantage que des promesses et des engagements.

La reconnaissance des infirmières libérales et hospitalières, un acquis à confirmer !

 

La question de la reconnaissance reste un sujet central au cœur des revendications des infirmières et des infirmiers libéraux depuis de nombreuses années. Cette demande essentielle à l’avenir de l’exercice libéral de la profession infirmière s’adresse avant tout aux autorités publiques. Car dans le cœur des patientes et des patients, elle est déjà largement acquise. C’est notamment ce que confirme l’étude « les Français, le système de soin et l’évolution de la profession infirmière » menée par l’Ordre National des Infirmiers (ONI).

Les Français sont conscients des défis auxquels notre système de santé est confronté. Près de 44 % des personnes interrogées s’inquiètent de la capacité de ce système à bien les soigner. Presque une personne sur deux (46 %) craint une dégradation. Malgré tout, les patients, lucides mais sans pessimisme excessif, voient des pistes pour inverser la tendance. Ils admettent largement (86 %) que le rôle des infirmiers est sous-estimé,. 85 % pensent qu’« un renforcement de leur rôle serait utile pour améliorer la prise en charge des patients ». Pourquoi, alors, les autorités peinent-elles à suivre cette demande ?

 

Réformer la profession infirmière, des actes plutôt que de belles paroles !

 

Les IDEL et leurs collègues hospitaliers rappellent souvent cette exigence de reconnaissance au ministre de la Santé. En novembre 2018, le mouvement des #InfirmièresOubliées cherchait déjà à se faire entendre. Malgré les changements de ministres rue de Valois, ces derniers réitèrent depuis des années leur soutien à la profession. Depuis la crise du coronavirus, les ministres successifs ont promis des réformes pour valoriser le rôle central des infirmières dans notre système de santé. Formation, salaire, réglementation, convention, diplôme : tout devait être mis en œuvre pour attirer les jeunes vers ce métier, et plus particulièrement vers la voie libérale.

 

Ainsi, en mai 2023, François Braun, ministre de la Santé du moment, rappelait bien que la profession représentait un « pilier essentiel de notre système de santé « avant de prendre un engagement :

« Mais parce que j’ai la conviction qu’aujourd’hui, il est temps de franchir un nouveau cap ! C’est bien de cela dont il était question, lorsque j’ai dit dans mes vœux, que cette année serait « l’année des infirmiers ». »

Cette année des infirmiers est désormais terminée, et les IDEL(s) attendent toujours la refondation de leur métier. Ce n’est pas la première fois que des promesses n’ont pas été tenues. Certes, les aléas de la vie politique peuvent expliquer les retards, qui se sont accumulés, mais les infirmiers dans leur ensemble s’impatientent à présent. D’autant plus que les discours prononcés ces dernières semaines ressemblent étrangement à ces anciens engagements non-tenus. La promesse de plus d’autonomie, l’engagement de s’attaquer aux inconvénients listés par les infirmiers, permettre à chacune et à chacun d’exercer dans les meilleures conditions…

 

La loi infirmière, une véritable avancée pour la profession ou une manière de… patienter ?

 

Nommé premier ministre, Michel Barnier a en effet placé les infirmières et infirmiers au cœur des débats sur la Santé publique en France.  Le 1ᵉʳ octobre dernier, au cours de son discours de politique générale, le premier ministre a souligné que la Santé était une priorité absolue pour son gouvernement avec la nécessité de répondre aux « deux immenses défis que sont le fonctionnement de l’hôpital et la lutte contre les déserts médicaux« . Il a poursuivi :

 

« Mon gouvernement vous proposera aussi d’accélérer l’accès aux soins grâce à une loi infirmières-infirmiers, qui ira plus loin dans la reconnaissance de leur expertise et de leurs compétences et leur donnera un rôle élargi »

 

Les organisations représentatives de la profession, ainsi que l’Ordre Infirmier, se sont félicitées pour ces nouveaux engagements.  Ils n’en demeurent pas moins inquiets et dubitatifs. Cette meilleure reconnaissance nécessite en effet, et les échecs des discussions passées le prouvent, des moyens financiers conséquents. Mais également un dépassement des corporatismes qui peuvent modérer les ambitions du gouvernement. La présidente du collectif des Infirmiers libéraux en colère, modère ainsi son enthousiasme.

« C’est une reconnaissance de ce qu’on fait déjà. C’est une façon de le valider, de donner la vraie place de l’infirmière et forcément d’être payée aussi en conséquence« .

 

De son côté, le corps médical s’irrite de cette proposition. Sophie Bauer, présidente du syndicat des Médecins Libéraux déclarait ainsi.

« Ça va aboutir à une médecine à deux vitesses, nous ne sommes pas d’accord avec ça. Par contre, employer pleinement les capacités actuelles des infirmières, ça oui« .

 

Autant dire que cette loi infirmière risque finalement de ne pas correspondre précisément aux déclarations ambitieuses du premier ministre. Les infirmiers libéraux et hospitaliers, en particulier ceux qui choisissent d’être infirmière libérale, le craignent déjà. Il reste à savoir à quel point la distorsion sera profonde.

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