Le système de santé, tel qu’il est défini aujourd’hui, demande aux infirmières libérales de se déplacer au domicile de leurs patients. Dans le même temps, on refuse (pour le moment) à ces infirmières des aides spécifiques leur permettant d’affronter la hausse continue du prix des carburants.
Garantir le maintien à domicile, des contraintes et des exigences pour les infirmières libérales
Si le grand public croit connaitre toutes les missions assignées aux infirmières et infirmiers libéraux, il peut aussi méconnaitre les missions, que les autorités publiques entendent faire reposer sur les IDEL(s) plus ou moins directement. Ainsi, depuis plusieurs années, les autorités sanitaires se sont engagées dans une voie devant permettre aux patients les plus âgés de rester à leur domicile tant que la situation le permettait. Si ce choix répond aux aspirations d’une grande majorité de patients, souhaitant rester, pour leur fin de vie, dans un cadre familier, cela sous-entend naturellement qu’ils soient pris en charge par des professionnels de santé. Maintien ou hospitalisation à domicile, cette alternative au placement systématique des patients concernés implique la mobilisation des infirmières et infirmiers libéraux de France.
Premier maillon du soin et notamment du soin à domicile, l’infirmière libérale constitue en outre bien souvent le seul lien, que ces patients peuvent avoir au quotidien avec « l’univers des soignants ». Il en va de même pour ce qui concerne les soins ambulatoires, devenus LA règle dans bon nombre de situation. Une hospitalisation rapide et même ultra-rapide selon certains implique un suivi et des soins adaptés, soins confiés dans la majorité des cas à des infirmières et infirmiers libéraux.
Une situation tendue pour les cabinets infirmiers … mais aussi pour les patients
Il est utile de rappeler cette évidence : par nature, une grande partie de l’activité d’une infirmière libérale s’effectue au domicile même des patientes et patients. La professionnelle de santé doit alors se déplacer chaque jour (et parfois plusieurs fois par jour) pour prodiguer les soins, dont les patients ont besoin. Certaines infirmières libérales dénoncent au passage l’obligation qui leur est faite de disposer d’un local professionnel, local qui n’est parfois que très rarement voire jamais utilisé. Mais l’article R. 4312-36 pose le principe :
« l’exercice forain de la profession d’infirmier ou d’infirmière est interdit. »
Au-delà de ce local, les déplacements de l’infirmière libérale représentent un coût pour cette dernière. Et la hausse conséquente et continue des prix des carburants n’est pas sans poser problèmes au sein de certains cabinets. Le syndicat FNI (Fédération Nationale des Infirmiers) soulignait déjà, en novembre dernier, les conséquences de ces hausses de prix sur l’activité des IDEL(s) de France. Depuis cette date, le prix des carburants a continué d’augmenter, suscitant un durcissement des revendications des infirmières et infirmiers libéraux.
La voiture, moyen de locomotion ou outil de travail ?
Car si l’infirmière libérale doit se déplacer pour assurer ses missions, elle ne peut pas répercuter la hausse de ces dépenses (et l’augmentation du prix du carburant peut peser lourd quand on effectue 200 ou 250 kilomètres par jour) sur le tarif des soins, qu’elle facture. Cela peut même poser la question de l’accès aux soins, notamment en zone rurale. Une infirmière libérale doit en effet s’assurer de la « viabilité économique » de son activité, une viabilité qui peut être remise en cause avec des hausses continues de charges on ne peut récupérer. C’est ce qu’explique Daniel Guillerm, le président de la FNI, aux journalistes d’Actusoins en précisant :
« Quand le prix des carburants augmente de 25%, (…) On ne peut pas répercuter ces augmentations sur nos tarifs et notre résultat diminue proportionnellement à cette hausse.(…). Nous redoutons que cela entraine des refus de soins pour les patients trop éloignés d’un cabinet infirmier. »
Le syndicat comme bon nombre d’infirmières et d’infirmiers libéraux demandent au gouvernement l’adoption de mesures spécifiques pour la profession, que cela prenne la forme d’aides à l’achat de véhicules propres, le remboursement de la TCIPE, … Dans tous les cas, cette question devra être traitée dans les meilleurs délais, si les autorités publiques entendent poursuivre de faire peser leurs ambitions ambulatoires et domiciliaires sur les infirmières libérales.
Et vous, quel impact a cette hausse du prix des carburants sur votre activité ? Quelle serait selon vous la décision à prendre pour répondre à la situation ?