IDEL et IDE : deux uniformes, un même combat

IDEL et IDE : deux uniformes, un même combat

À l’hôpital ou sur les routes de campagne, en blouse blanche ou en baskets, les infirmières sont en première ligne. Qu’elles soient salariées (IDE) ou libérales (IDEL), elles soignent, écoutent, rassurent et, trop souvent, s’épuisent. Mais derrière ces vocations, une réalité persiste : répartition inégale sur le territoire, effectifs vieillissants, installation en libéral compliquée. Qui sont vraiment les IDE et IDEL en 2025 ? Où sont-elles ? Quel âge ont-elles ? Albus vous propose un point chiffré d’une profession essentielle, sous tension.

 

Dans l’imaginaire collectif, l’infirmière reste l’ange du quotidien, celle qui rassure, soigne, pique parfois, panse souvent. En blouse blanche, en tunique pastel, avec ou sans chronomètre, elle est là, à l’hôpital ou en voiture sur les routes départementales, à 6h du matin ou à 22h, avec le même sourire fatigué mais poli. Pourtant, derrière ce dévouement souvent idéalisé, se cache une réalité autrement plus rugueuse : conditions de travail dégradées, surcharge chronique, burn-out à la pelle et peu – très peu – d’améliorations palpables malgré les alertes.

 

En France, deux grandes familles coexistent : les IDE, salariées du public ou du privé, souvent à l’hôpital, et les IDEL, indépendantes, responsables de leur cabinet et de leurs tournées. Deux mondes parfois étanches, souvent complémentaires, mais désormais unis par une même fatigue, un même cri sourd : « On n’en peut plus », avec des conditions de travail de plus en plus dégradées. D’autres problèmes persistent : si le nombre d’infirmières connaît une constante augmentation en France ces dernières années, cette augmentation est toujours autant mal répartie sur le territoire. Un déséquilibre territorial qui se creuse et les vocations s’effritent.  

 

 

France, terre de soins et de déséquilibres

 

En 2025, la France compte environ 549 721 infirmiers et infirmières, soit une moyenne de 9,66 infirmiers pour 100 000 habitants. Néanmoins, si l’on compare avec nos voisins européens, ce chiffre est relativement faible : la Belgique et l’Allemagne ont respectivement 13,6 et 14,15, la Norvège – le meilleur élève – explose la concurrence avec en moyenne 22 infirmières pour 1000 habitants. Dans le Pays du soleil de minuit, on ne plaisante pas avec la santé de ces citoyens.

 

Revenons-en à la France. Parmi ces 549 721 infirmières, 64,5 % exercent dans le secteur hospitalier, 18 % dans d’autres structures salariées, et 17,5 % en libéral. Un chiffre en progression comparé à l’année dernière mais, bien que l’appel de l’autonomie séduit, cette hausse est à relativiser. En effet, si le nombre total d’infirmières en France est en hausse (+6,7 % en un an), la croissance des IDEL est plus modeste (+2 % annuel), et surtout très mal répartie.

 

Et il est souvent là le problème, une répartition des soins inégale. Les bons élèves sont les régions de la Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie, la Corse, la Martinique ou Auvergne-Rhône-Alpes où le nombre d’IDEL est au dessus de la moyenne, environ 300 infirmières libérales pour 100 000 habitants. À l’inverse, d’autres régions comme l’Île-de-France qui plafonne à 65 IDEL pour 100 000 habitants, les Pays de la Loire (82 IDEL pour 100 000 habitants) ou encore le Centre-Val de Loire (88 infirmières libérales pour 100 000 habitants). Concernant les IDE, cette répartition est un poil plus homogène, avec une densité oscillant entre 700 et 800 pour 100 000 habitants selon les régions. Mais là encore, l’Île-de-France est à la traîne. La capitale a peut-être tous les plateaux techniques, elle manque cruellement de bras pour les faire tourner, de professionnels de santé en comparaison à sa population. 

 

Pour en revenir aux bons élèves, revenons sur la région PACA. En comparaison à la moyenne nationale, elle dispose d’un nombre d’IDEL et d’IDE important, permettant à la population de disposer d’une offre de soins équilibrée : moins de rupture de parcours pour les patients, des soins à domicile disponibles, une continuité assurée et surtout, une charge mieux répartie. Un vrai plus pour la santé des Pacaïens. 

 

 

Un système en quête de sang-neuf

 

La santé d’un système de soins ne se mesure pas seulement à sa densité de blouses, mais aussi à sa capacité à renouveler ses effectifs. En 2023, 67 790 étudiants ont obtenu un diplôme en professions sanitaires non médicales, dont infirmiers : une hausse de 3 % par rapport à 2022. Parmi eux, la part des infirmiers diplômés (IDE) a légèrement diminué (–1 %), mais reste importante en volume absolu. En ce qui concerne les entrées dans les instituts (IFSI), en 2022, on comptait environ 96 285 inscrits en formation d’infirmier. Un chiffre qui vient confirmer que, chaque année, ce sont environ 3000 diplômés qui sortent des écoles, prêts à s’occuper de la santé de nos citoyens. Un rythme très encourageant dans l’ensemble : entre 2013 et 2021, les effectifs IDE en emploi ont augmenté de 8 %, passant près de 600 000 en 2021.

 

Concernant les infirmières libérales, l’installation est souvent repoussée à cause des contraintes financières, administratives ou de burn-out. Sur cette année 2025, on compte environ 142 500 IDEL (dont environ 108 100 titulaires et près de 34 400 remplaçantes), un chiffre légèrement en hausse, de 2%, sur les dernières années.

 

L’enjeu, ce n’est pas seulement le nombre. C’est aussi le renouvellement. Les nouvelles générations doivent pouvoir s’installer, sans être écrasées par les charges, ni découragées par la lourdeur administrative ou la peur du burn-out. Aujourd’hui, l’âge moyen des IDEL est autour de 45 ans (une légère hausse en comparaison à 2017, où il était de 44,8 ans), soit légèrement plus élevé que les IDEL (environ 43,3 ans). Et très souvent, les infirmières libérales remplaçantes peinent à franchir l’étape de l’installation. Trop risqué, pas assez soutenu. Or, sans sang neuf, le système se fane. Sans IDEL motivées pour s’implanter là où personne ne veut aller, sans IDE salariées formées pour affronter la réalité hospitalière, c’est toute la chaîne de soins qui flanche.

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