L’infirmière libérale installée dans une ville est-elle soumise aux mêmes contraintes qu’une consœur installée en zone rurale ? Le choix du lieu d’implantation implique-t-il de profondes spécificités ? Et si oui, lesquelles ?
Le lieu d’exercice, une réelle différence dans le quotidien des infirmières libérales
On distingue fréquemment les infirmiers libéraux, ayant choisi de s’installer en ville de ceux ayant préféré une zone rurale. Sans prétendre lister toutes les différences et toutes les spécificités de chacun de ces choix, force est de constater que les idées reçues ont la dent dure. Toutes les campagnes françaises ne sont pas des déserts, au sein desquels on ne peut pas trouver de soignants. Toutes les villes de France ne sont pas, à leur tour, des zones où la concurrence est toujours exacerbée. L’installation d’une infirmière libérale dans une zone rurale n’entraîne pas automatiquement le versement de cette aide pour inciter les IDEL(s) à privilégier les zones très sous-dotées.
De la même manière, il est caricatural d’imaginer l’infirmière libérale en zone rurale de devoir effectuer des dizaines de kilomètres entre deux patients. Tout comme il serait réducteur de penser que l’infirmier libéral de ville peut toujours se déplacer à pied dans sa tournée de patientèle. Nous pourrions multiplier les stéréotypes de ce genre pendant des pages et des pages, et chacun de ceux-ci serait alors identifié comme une exagération d’une réalité bien plus nuancée. Dans tous les cas, de nombreux dispositifs, décidés par l’Assurance Maladie et les autorités publiques, tentent de répondre à ces spécificités propres, comme les indemnités de déplacement adaptées au lieu d’exercice de l’infirmière libérale.
Au quotidien, campagne, montagne ou ville, à quoi doit s’attendre l’infirmière libérale ?
La typologie de patients est souvent présentée comme faisant partie de ces spécificités. Sans pouvoir être une règle générale, cela peut cependant se comprendre par la densité de population des zones urbaines, bien plus importante qu’en ville. De même, sans tomber dans la caricature, les déplacements de l’infirmière libérale sont souvent à juste titre estimés bien plus importants à la campagne qu’en ville. Avec l’augmentation du prix des carburants, cela peut constituer un frein au quotidien. Mais la consommation énergétique est-elle si différente entre des déplacements plus longs (en kilomètres) et une circulation plus difficile (embouteillage, …) ? Et que dire des difficultés de stationnement rencontrés par les professionnels en ville, alors qu’à la campagne ces questions ont rarement raison d’être.
Une autre spécificité est fréquemment avancée pour distinguer ces deux lieux d’exercice distinct : la couverture Internet serait plus souvent défaillante à la campagne. Comment utiliser un TLA Idel, dont la suppression est annoncée pour 2023, un Smartphone ou même un ordinateur portable quand on ne dispose pas de couverture Internet ? Certes, les zones blanches et plus généralement les zones mal desservies se concentrent dans des zones rurales et affectent donc plus fréquemment les infirmiers libéraux. Mais cela ne devrait-il pas se réguler avec le projet de couvrir toute la France en fibre optique d’ici 2030 ?
Enfin, une troisième approche reste souvent utilisée pour distinguer l’exercice en ville de l’exercice en pleine campagne : l’absence des autres professionnels de santé. S’il manque d’infirmières libérales sur certains territoires, les médecins, masseurs-kinésithérapeutes et autres soignants de ville sont également en pénurie sur certaines zones géographiques. Mais ces dernières ne concernent pas uniquement les campagnes d’une part, et toutes les zones rurales ne sont pas concernées. Enfin, cette question de la pénurie de soignants et donc de l’accès aux soins fait partie des priorités du gouvernement. De nombreuses pistes et plusieurs expérimentations en cours devraient, dans les années à venir, venir apporter une réponse à ce sentiment d’isolement, que peut ressentir une infirmière libérale installée à la campagne.
Finalement décider de s’installer comme infirmière libérale en zone rurale ne serait donc pas si différent que vouloir devenir IDEL en ville. Et tout est fait pour atténuer encore plus les différences pouvant résulter d’un tel choix.
Et vous, vous exercez en ville ou à la campagne ? Pourquoi ? Selon vous, quelles sont les principales différences entre les deux choix envisageables ?