Infirmière libérale en 2025 : combien ça gagne (vraiment) ?

Infirmière libérale en 2025 : combien ça gagne (vraiment) ?

Être IDEL, c’est parfois jongler entre un stéthoscope, un agenda plein à craquer et une feuille Excel qui fait pleurer votre comptable. En 2025, si le statut libéral promet de meilleures perspectives de revenus que l’hôpital public, la réalité est souvent plus contrastée. Car ici, rien n’est fixe : le revenu varie selon les tournées, les zones géographiques, les charges et votre capacité à facturer entre deux soins palliatifs. Alors, combien gagne vraiment une IDEL aujourd’hui ?

 

 

On aimerait vous dire que c’est simple, que l’on rentre ses tournées dans un tableau Excel, que l’on facture ses soins avec le meilleur logiciel à savoir Albus Latitude et qu’à la fin du mois, c’est le jackpot. Mais non. En 2025, le revenu d’une infirmière libérale est loin d’être stable et varie en fonction de plusieurs critères. Parmi eux, le volume d’activité, la zone géographique, les charges ou encore le statut fiscal. Sans oublier l’inflation (dont vous n’êtes pas épargné) ou encore la revalorisation (pardon, la tentative de revalorisation).

 

Mais alors, combien gagne-t-on en libéral aujourd’hui ? Et surtout, est-ce que ça vaut vraiment le coup (du moins économiquement) de quitter l’hôpital public pour se facturer soi-même ses soins palliatifs un dimanche matin ? Albus vous propose un décryptage de la situation.

 

 

Public vs libéral : plus de cash, mais plus de paperasse

 

Avant toute chose et de développer le sujet, commençons par un fait : oui, en général, la médecine libérale peut rapporter plus que le public. Mais vous vous doutez bien que le « peut » a toute son importance. En 2025, selon Emploi-Collectivités, une infirmière salariée de la fonction publique hospitalière (FPH) gagne en moyenne – en milieu de carrière – entre 2200 euros et 2600 euros nets par mois, primes incluses.

 

Un salaire qui ne décolle pas vraiment tout au long de la carrière, puisqu’il ne dépasse que très rarement les 3000 nets/mois en fin de carrière. Un revenu plus que modeste pour des super-héros du quotidien qui très souvent ne comptent pas leurs heures et qui travaillent dans des conditions difficiles, pour ne pas dire pitoyables.

 

Revenons-en à nos moutons, les IDEL. En libéral, vous vous doutez bien, les aspirations économiques sont plus attrayantes. Selon l’URSSAF et les chiffres 2024 de la CNAM, le revenu moyen avant impôt tourne autour de 3 200 à 3 900 € nets par mois pour un infirmier libéral. Un chiffre net calculé après les charges professionnelles, mais pas après l’impôt sur le revenu. Et bien évidemment, ce n’est qu’une moyenne. Par exemple, une IDEL évoluant dans une zone sous-dotée peut facilement grimper à 5 000 ou 6 000 € nets/mois, si elle enchaîne les tournées, dort peu et mange froid.

 

Mais là encore, on ne vous conseille pas d’enchaîner les patients comme un commercial qui enchaîne le porte-à-porte. Patient ne veut pas dire client et surtout, le plus important reste la santé de celui-ci et également la vôtre. Pour une IDEL qui exerce son activité dans une zone sur-dotée (ou en remplacement partiel), le revenu mensuel se trouve souvent aux alentours de 2000 euros. Outre l’impôt sur le revenu, d’autres charges sont à prendre en considération : l’URSSAF, les assurances, l’essence, logiciel de facturation, comptable, mutuelle, blouse et chaussures orthopédiques. Tout est à votre charge. Bienvenue dans la cour des grands.

 

 

Les facteurs qui font (vraiment) évoluer votre revenu

 

Si vous pensiez que votre diplôme vous garantissait un salaire stable en tant qu’infirmier libéral, détrompez-vous. Outre les charges à prendre en considération, il y a d’autres facteurs qui influencent votre activité, sa dynamique et donc vos revenus.

 

Le premier est forcément la zone géographique de votre activité. Pas besoin de vous rappeler que celui-ci est très certainement celui qui a le plus d’influence sur vos revenus. En effet, si vous vous trouvez dans ce qu’on appelle un « désert médical », la patientèle est large, la concurrence souvent faible et donc une possibilité de faire plus de soins (même si la distance kilométrique entre les patients peut être à double tranchant), avec les revenus qui vont avec. En ville, la concurrence est souvent plus rude et forcément, cela impacte directement votre travail, et donc vos revenus. Autre facteur à prendre à considération (et pas des moindres) : le mode d’exercice. Un mode d’exercice qui se distingue en trois catégories : titulaire, remplaçant et collaborateur. Pour le titulaire, l’avantage est d’avoir des revenus plus importants, mais avec plus de charges (et de paperasse), pour le remplaçant, une plus grande liberté, mais avec des revenus instables et aléatoires. Enfin, pour le collaborateur, c’est un peu un entre-deux.

 

L’organisation des tournées est également un facteur à ne pas négliger. En effet, là où certains infirmiers optimisent leurs trajets, mutualisent les soins techniques, et digitalisent tout, d’autres galèrent à retrouver un DSI perdu entre deux boîtes de pansements. Les meilleures des IDEL facturent plus, pour moins d’heures. Une bonne gestion administrative a également un impact concret sur les revenus des infirmiers libéraux. On vous conseille vivement de facturer et de faire vos déclarations à l’heure, relancer les impayés et éviter les rejets de la Sécu, pour ne pas avoir de mauvaise surprise.

 

Enfin, les soins pratiqués peuvent aussi impacter (positivement généralement) vos revenus d’IDEL. Plus il y a de soins techniques (perfs, pansements complexes, chimiothérapies à domicile…), plus les actes sont cotés haut et donc rapportent plus.

 

 

Un cas concret pour finir (et rêver un peu)

 

Prenons Camille, 34 ans, installée en zone semi-rurale, infirmière libérale titulaire depuis 2 ans. Elle tourne 6 jours sur 7, 20 actes par jour en moyenne, mix soins simples et techniques. En 2024, elle a facturé 118 000 € de chiffre d’affaires annuel. Après charges (estimées à 45 %), il lui reste 65 000 € de revenu net, soit environ 5 400 € brut mensuel, 3 800 € net avant impôt sur le revenu. Son homologue, avec la même formation mais qui exerce à l’hôpital, avec le même âge et 10 ans d’ancienneté, gagne 2 400 € net. Voilà.

 

Néanmoins, Camille n’a pas de treizième mois, pas de congés payés, pas de RTT. Et elle fait sa compta entre deux pansements, un café tiède à la main. C’est le prix de la liberté. Ou le prix de l’épuisement, selon le jour de la semaine.

 

 

En résumé, une rémunération à la carte (et à la sueur)

 

Le libéral n’est pas une mine d’or automatique. C’est une entreprise. Et comme toute entreprise, ça demande rigueur, vision, et parfois un bon coup de chance. L’argent peut être au rendez-vous, mais il faut l’aller le chercher, entre deux prises de sang et trois relances CPAM. Mais au fond, si vous êtes devenues infirmières pour compter les sous et pas les patients, on s’est peut-être trompé de vocation. Ou de siècle.

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