Infirmière hospitalière, un tremplin pour devenir infirmière libérale ?
En obtenant leur diplôme d’Etat d’infirmier, les étudiantes et étudiants ne disposent pas du même choix que bien d’autres professionnels de santé. En effet, alors que les médecins, chirurgiens-dentistes, kinés et autres sages-femmes ont le choix entre le statut de salarié et celui d’exercice indépendant (libéral), les infirmières diplômées d’Etat (IDE) ne peuvent pas décider, dès l’obtention de leur titre, d’exercer en tant qu’infirmière libérale (IDEL). Avant de pouvoir s’installer en tant qu’indépendante, l’infirmière doit en effet acquérir suffisamment d’expérience professionnelle. Pourtant, de récentes études soulignent que de plus en plus d’étudiants en soins infirmiers (ESI) envisagent leur avenir en tant qu’infirmier ou infirmière libérale. Est-ce à dire, qu’exercer en tant qu’infirmière hospitalière n’est qu’un tremplin avant de pouvoir se lancer en tant qu’IDEL ?
Ces questions sont d’autant plus importantes, que les autorités publiques ont déjà dévoiler leurs ambitions en termes de recrutement d’infirmières hospitalières pour les années à venir. Et après la crise sanitaire du coronavirus, ces besoins sont immenses. Certains établissements hospitaliers ont même mis en place des incitations financières pour recruter les futures infirmières et infirmiers avant même l’obtention de leur diplôme. En échange, ces étudiants s’engagent à exercer un certain nombre d’années pour l’établissement, ayant financé ces aides financières. Cela démontre bien l’importance que revêt aujourd’hui la fidélisation des infirmières hospitalières et plus généralement de tous les professionnels de santé.
Quand les infirmières hospitalières décident de se lancer en tant qu’IDEL ?
Cette question prend encore plus d’importance à la lecture du rapport publié le 24 août dernier par la Direction de la Recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES). Dans une étude, la DREES s’est ainsi intéressée à 30 années (1989-2019) de pratique des infirmières libérales. Il faut donc souligner, en préalable, que ces données ne tiennent naturellement pas en compte les conséquences qu’a pu engendrer la crise sanitaire du coronavirus. Et on ne peut que constater, que la question de la fidélisation des infirmières hospitalières n’est pas apparue récemment. En effet, sur la période considérée, l’étude déplore qu’après 10 ans de pratique, seuls 54 % des infirmières et infirmiers exercent toujours à l’hôpital. Cette fuite des infirmiers renforce les besoins, et un cercle vicieux conduit inexorablement à l’augmentation significative du nombre d’infirmiers à recruter.
Que deviennent ces infirmières hospitalières quittant leurs fonctions ? Certaines décident de poursuivre leur profession sous une autre forme, en restant salariées (EHPAD, …). D’autres se réorientent vers d’autres professions tant à l’hôpital (gestion administrative, …) qu’à l’extérieur. L’étude de la DREES souligne ainsi que 13 % des infirmières hospitalières exercent sous statut indépendant après seulement 5 ans d’exercice, et que ce taux augmente à 17 % après 10 ans d’exercice. Ainsi, près d’une infirmière sur 5 (17 %) choisit de devenir IDEL après 10 ans de pratique hospitalière.
Ces données inquiètent autant qu’ils interrogent quant à l’avenir de la profession. En effet, comment réussir à recruter suffisamment d’infirmières et d’infirmiers, si ces derniers préfèrent quitter leur emploi pour exercer en tant qu’IDEL. La question remet en cause l’avenir même de la profession, tant la répartition semble devoir s’inverser entre les infirmiers libéraux d’un côté et les infirmiers hospitaliers de l’autre. Il reste à savoir si ces évolutions prévisibles seront prises en compte lors des prochaines négociations pour la réforme de la profession infirmière.
Et vous, quel a été votre parcours avant de devenir infirmière libérale ? Estimez-vous que les évolutions constatées par le dossier de la DREES soient inquiétantes ? Faut-il y remédier ? Comment ?