
Le sujet de la pénurie d’infirmières libérales ou hospitalières est au cœur de tous les débats de santé publique depuis plusieurs semaines. La profession suscite de moins en moins de vocation, alors que de plus en plus d’infirmières envisagent une reconversion professionnelle. Une situation à régler au plus vite et avant de s’attaquer à l’ambitieuse réforme du système de santé, voulu par le gouvernement.
De la crise de vocation aux envies de reconversion
Alors que le gouvernement mené par Mme Elisabeth Borne s’efforce d’élaborer un plan de restructuration du système de santé, tout en assurant l’assistance à un « hôpital public en grand danger », la profession infirmière est courtisée de toute part. Pour lutter contre l’extension des déserts médicaux ou pour dégager du temps médical, les infirmières libérales et hospitalières sont présentées comme les éléments socle de toute prochaine réforme. Certes, devenir infirmière ou infirmier continue de susciter des vocations, puisque cette année encore, l’inscription en Institut de Formation en Soins Infirmiers (IFSI) a été la plus plébiscitée sur Parcoursup. En revanche, les observateurs du système de santé ont déjà souligné que de plus en plus d’étudiantes et d’étudiants en IFSI jetaient l’éponge avant même l’obtention de leur diplôme. Certaines de ses vocations ne résistent pas à la prise de conscience des conditions de travail de plus en plus dégradées, et ce malgré les efforts déjà entrepris par les autorités publiques pour revaloriser la profession. Après plus de deux années de crise sanitaire, alors que le personnel soignant en général et les infirmières en particulier étaient salués comme des héros face à la pandémie de coronavirus, les candidats à cette profession se révélaient, dès 2021, démotivés et à bout. C’est ce que confirmait en octobre 2021 le ministre de la santé du moment, M Olivier Véran en en se désolant notamment : « Un certain nombre d’unités dans des hôpitaux sont obligées de fermer temporairement, ou de réduire la voilure, faute de soignants, faute surtout de pouvoir en recruter »
Devenir infirmière libérale ou rester infirmière ? Pourquoi la profession n’attire plus ?
Si les conditions de travail découragent de nombreuses étudiantes à poursuivre leur formation, elles pèsent aussi sur le moral des infirmières hospitalières déjà en poste …. Olivier Véran reconnaissait ainsi que la vacance des postes chez les paramédicaux avait augmenté d’un tiers entre l’automne 2021 et l’automne 2020. Il regrettait aussi que « Les démissions augmentent plus significativement entre 2020 et 2021 qu’entre 2019 et 2020“. Le phénomène se retrouve également du côté des infirmières libérales. Certes, le nombre d’étudiantes en IFSI déclarant envisager une carrière d’IDEL est en constante augmentation, mais ces ambitions sont bien souvent freinées par une confrontation à la réalité de la profession. Le ministère de la santé n’a pas communiqué les chiffres officiels de ces démissions depuis plusieurs mois, mais la tendance ne semble pas s’être inversée. De plus en plus d’infirmières hospitalières quittent leur fonction, alors que l’Hôpital peine toujours à recruter les jeunes diplômées. Face à cette tension de plus en plus pressante, on peut donc légitimement s’interroger sur la pertinence d’un plan de réforme souhaitant donner plus de responsabilité aux infirmières et infirmiers. Ce constat est d’autant plus préoccupant, que les infirmières et infirmiers se réorientent fréquemment vers des emplois liés à cet univers de la santé. Ainsi, une récente enquête d’Actusoins soulignait que certains infirmiers préférer quitter l’hôpital pour devenir … assistant médicaux, cette nouvelle profession crée à l’occasion de la réforme Ma Santé 2022. Si cette création avait suscité l’hostilité de la profession lors de son annonce, des infirmières trouvent ici la possibilité de rester en lien avec les patients en s’extirpant d’une réalité devenue trop difficile à leurs yeux. Peut-être la prochaine réforme du système de santé devra-t-elle commencer par-là : redonner envie aux infirmières d’exercer leur profession, tout simplement !
Et vous, avez-vous déjà pensé à abandonner le métier d’infirmière ? Pourquoi ? Quelles doivent être selon vous les axes prioritaires pour redonner envie aux jeunes d’aller au bout de leur vocation ?