La profession infirmière, dans son ensemble, est heurtée par certains propos de médecins. Ces derniers durcissent le ton en dénonçant une menace pour la santé publique en France. Les débats entre infirmiers libéraux et hospitaliers d’un côté et médecins de l’autre révèlent deux visions diamétralement opposée quant à l’avenir de notre système de santé …
Quand les médecins ciblent la Profession infirmière…
Les débats au parlement autour de la loi RIST ont soulevé bien des problématiques et des questionnements. Si ce texte de loi a pu enchanter la profession infirmière lors de sa présentation, il a également suscité une vive réaction du corps médical. En proposant d’élargir l’accès direct à certaines professions de santé comme les masseurs kinésithérapeutes ou encore les infirmières, la proposition de loi a ravivé des tensions, qui se renforcent au fil des jours. Les médecins dénoncent cette proposition, en expliquant que toute décision amputant une partie de leurs prérogatives et de leurs compétences représente une « véritable perte de chance » pour les patientes et les patients.
Depuis quelques semaines, les propos du corps médical se durcissent, et ce sont désormais des attaques contre les professions incriminées qui alimentent la controverse. Alors que les médecins sont déjà embarqués dans un véritable bras de fer avec le gouvernement (au sujet des négociations à leur convention), ils s’engagent donc dans un conflit, que l’on croyait dépassé et terminé. Les kinés libéraux ont concentré, dans les premiers jours, une partie des vives réactions des médecins, qui ont décidé ensuite de s’en prendre aux infirmières libérales en général et aux infirmières en pratique avancée en particulier. En élargissant les compétences des IPA et en étudiant les pistes à suivre pour que la pratique avancée progresse notamment chez les infirmiers libéraux, le gouvernement a conduit les médecins à dénoncer le « danger d’une médecine à deux vitesses ».
L’organisation de notre système de soins dépendant du sort d’un confit médecin-infirmier
Les propos des médecins se durcissent, et le climat se crispe. Président de la confédération des syndicats médicaux, le Dr Franck Devulder n’hésitait pas à écrire : « Des officiers de santé pour les pauvres et de vrais médecins pour les riches ? Moi vivant, cela n’arrivera jamais ». Naturellement, la réaction des plus de 700.000 infirmières et infirmiers de France ne s’est pas fait attendre, et la profession dans son ensemble dénonce un corporatisme d’un autre temps. Les infirmiers libéraux insistent sur l’opportunité de cet élargissement des compétences des IPA et IPAL même si certaines réserves se font néanmoins sentir parmi les IDEL(s). Certains infirmiers libéraux craignent que cet élargissement uniquement ciblé pour la pratique avancée ne soit néfaste à l’avenir des infirmiers libéraux dans leur ensemble. Toujours est-il, que la passe d’armes entre infirmiers libéraux et médecins généralistes n’est pas de nature pour pouvoir envisager une collaboration apaisée et sereine. Et qu’avec ou sans élargissement des compétences des IPAL, cette collaboration s’avère plus que nécessaire mais bien indispensable. Sans vouloir s’opposer aux médecins, l’Ordre National des Infirmiers (ONI) défend fermement sa position en expliquant : « Il ne faut pas reculer dans la réforme mais au contraire aller plus loin en rendant effectifs les partages des tâches entre les médecins et les professionnels paramédicaux, et en favorisant l’accès direct à ceux-ci ». Ce sont donc bien deux visions différentes de l’organisation de la Santé, qui s’opposent. Une centrée sur les médecins, et une seconde offrant une place plus grande aux infirmières et infirmiers tant en libéral qu’à l’hôpital.
Le débat n’est pas tranché, mais la réponse qui sera apportée à cette opposition frontale déterminera en grande partie le futur de notre organisation de la santé.
Pensez-vous qu’un apaisement est envisageable entre les deux positions radicalement différentes ? Estimez-vous, que la profession infirmière doive continuer à défendre ses positions, quitte à renforcer cet état de défiance ? Comment voyez-vous l’avenir de ce débat ?