C’est une question volontairement provocatrice, que nous vous posons aujourd’hui. La médiatisation de certains procès engagés contre des infirmières libérales semble incompréhensible. Si ces récits ne semblent rien apporter au débat public, ils écornent un peu plus l’image, que la population française se fait des infirmières et infirmiers libéraux.
Les infirmières libérales pointées du doigt, acharnement ou médiatisation ?
On peut légitimement se poser la question de l’acharnement de la Caisse Primaire d’Assurances Maladie face aux infirmières et infirmiers libéraux. D’autres soutiendront, que ce sont les médias, qui mettent en avant les dossiers judiciaires, dans lesquels des infirmières libérales sont confrontés. Si personne ne peut affirmer la réalité de la situation, force est de constater, qu’il ne se passe pas une semaine, sans qu’un fait divers mette l’honnêteté et l’intégrité des infirmières libérales en doute. Comme dans toutes professions, il existe, personne ne le conteste, des personnes indélicates ou même malhonnêtes, mais il serait dommageable pour la société de créer un sentiment de défiance de la population vis-à-vis de leurs soignants en général et des infirmières libérales en particulier.
Ainsi, alors que des centaines de dossiers sont examinés chaque jour devant les nombreux tribunaux de France pourquoi la presse a-t-elle décidé de mettre en avant celui opposant une infirmière libérale à la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM). Le 13 mars dernier, une infirmière libérale était donc appelée à la barre du tribunal correctionnel de Lisieux (14). Elle ne s’est pas présentée devant ses juges, et la CPAM a pu faire entendre les griefs portés à son encontre.
Une infirmière libérale indélicate, un coup dur pour la profession en général
Si certains dossiers de procédures en réclamation d’indus sont complexes, celui-ci se révèle néanmoins plus aisé à appréhender. Les faits reprochés remontent à une période s’étalant entre janvier 2011 et janvier 2016. La CPAM avait déclenché une enquête sur l’activité de cette infirmière libérale, dont les revenus mensuels (3.500 € par mois) avaient mis la « puce à l’oreille » aux autorités sanitaires. L’infirmière libérale était accusée par la CPAM de surfacturation et d’usages de faux. L’accusation était donc relativement simple, et l’infirmière libérale suspectée n’avait pas tardé à avouer les faits en essayant toutefois de se justifier : « Mes patients me demandaient une surfacturation, pour eux, et pour moi aussi. »
La surfacturation était donc prouvée et reconnue par l’intéressée, ce qui a amené le tribunal à la condamner à deux ans de sursis, dont un avec sursis, et trois ans de mise à l’épreuve. L’infirmière libérale se voit aussi interdire d’exercer sa profession pendant 5 ans. On peut donc constater, que ce procès, impliquant une infirmière libérale, ne met en lumière que les agissements d’une seule personne, et on peut, comme nous le soulignions au départ, s’interroger sur les raisons qui poussèrent les médias à souligner cette histoire en la relayant auprès du plus large public possible.
Les infirmières libérales sont des professionnelles dévouées et honnêtes
Le dossier présenté n’apporte rien en ce qui concerne la connaissance de l’activité quotidienne des infirmières libérales, mais il jette le trouble sur toute une profession. En rapportant les propos de David Pamart, le procureur de la République, la presse ne nuit-elle pas à l’image des infirmières libérales ? Ce dernier soulignait que cette histoire reposait sur « une véritable trahison de la confiance qui doit exister entre un professionnel et son patient ».
Il n’est pas question d’excuser ou de justifier de tels agissements, mais juste de s’étonner de cette « médiatisation ». Bien d’autres procès ont lieu chaque jour que ce soit devant le tribunal de Lisieux comme partout ailleurs en France. Et chaque histoire, aussi singulière soit-elle, reste une agression portée à l’image même de la profession, puisque c’est, à chaque fois, l’occasion de souligner les fraudes et autres actes délictueux, commis par les personnes mises en cause. On trouve rarement dans ces récits l’évocation de ces milliers d’infirmières et d’infirmiers libéraux, qui se démènent au quotidien pour le bien-être de leurs patients. Et c’est en cela, que cela peut représenter un danger. Sans souhaiter, et encore moins demander, moins de publicité pour ces procès, on peut cependant se questionner sur la motivation de cette publicité.
Et vous, estimez-vous que l’on donne trop d’importance à ces procès intentés contre des infirmières ou des infirmiers libéraux ? Estimez-vous au contraire, que tout doit être dit, à chaque nouveau cas ?