Si les maisons de santé pluriprofessionnelles faisaient partie des objectifs prioritaires du plan Ma Santé 2022, c’est au tour des soignants de ville, dont les IDEL(s), de s’emparer du dossier. Ces professionnels demandent que ces MSP soient désormais l’unité de base pour les soins de proximité. Seront-ils entendus ?
L’avenir de la profession infirmière en question, les IDELS en attente de solutions !
Les réunions se multiplient ces derniers mois pour imaginer le système de santé en France. Avec la crise sanitaire et ses conséquences, le débat public s’est cristallisé sur la nécessaire transformation de l’hôpital, provoquant, est-il utile de le rappeler, la colère des infirmières et infirmiers libéraux et plus généralement de tous les professionnels libéraux de santé. Pourtant, ces derniers attendent beaucoup de l’année 2022, en souhaitant que leurs revendications soient entendues. Alors que la campagne présidentielle a commencé, les questions de santé restent monopolisées par la gestion de la crise du Covid-19 d’une part, et par la question de l’hôpital d’autre part.
C’est pour ne pas être les grands oubliés de ces évolutions à venir, que les soignants de ville se sont réunis pour peser sur les débats qui s’annoncent et initier une transformation, qui leur serait profitable. Deux associations, AVECsanté et France Assos Santé, ont ainsi publié le Manifeste pour refonder les Soins primaires. Élaboré en concertation avec les usagers / patients et sans remettre en cause cette nécessaire transformation de l’Hôpital, ce texte dresse un constat lucide de la situation en soulignant les conséquences de :
- La désertification médicale,
- L’accroissement des maladies chroniques,
- Le vieillissement de la population
Et pour ne pas laisser le système de santé se déliter, le manifeste formule 10 propositions destinées à « favoriser l’accès aux soins pour tous », en espérant que ces dernières puissent nourrir le débat public à l’occasion de la campagne électorale qui s’annonce.
L’infirmière libérale, un maillon essentiel des équipes pluriprofessionnelles
Le Dr Pascal Gendry, président de France Assos France, dénonce l’inégalité d’accès aux soins en France, en expliquant :
Il y a une grosse problématique d’accès aux soins depuis des années : accès aux médecins généralistes, mais aussi à d’autres professionnels de santé de soins primaires : masseurs-kinésithérapeutes, orthophonistes, parfois aux infirmières…
Pour pouvoir faire face à la pression démographique (vieillissement de la population, hausse de la précarité, déserts médicaux, …), les auteurs du manifeste soulignent l’efficacité optimale des équipes pluriprofessionnelles sous-titrant même leur texte d’un ambitieux « Passer de l’exercice solitaire à l’exercice solidaire ». Pour eux, cette efficience accrue s’est encore vérifiée depuis le début de la crise sanitaire, mettant en évidence les bénéfices d’une coordination et d’une collaboration de tous les professionnels de santé sur le terrain. L’avenir de la santé de ville doit s’appuyer sur cette force, et les 10 propositions formulées détaillent les axes de progrès en la matière.
La maison de santé pluriprofessionnelle, le nouveau cadre privilégié pour l’exercice de l’infirmière libérale
Pour le Dr Gendry, ces équipes pluriprofessionnelles doivent être omniprésentes sur le territoire, et ne pas se cantonner aux seuls déserts médicaux. Comme à l’hôpital, « la ville doit être organisée en équipe pour répondre aux défis. » Pour y parvenir, le manifeste propose donc que les maisons de santé pluriprofessionnelles soient reconnues comme l’unité de base des soins en ville. Cette reconnaissance doit notamment passer par
- Une réorganisation de la médecine de ville comme étant une approche collective réunissant infirmières libérales, médecins, masseurs-kinésithérapeutes, ….
- Une refonte du modèle économique avec la révision des rémunérations de chacun des professionnels de santé concernés.
- Une restructuration de l’offre de soins avec une meilleure définition de la répartition des obligations de chacune des structures existantes (MSP, centres de santé, Communautés professionnelles Territoriales de Santé (CPTS), …)
Enfin pour que cet engagement politique des autorités soit couronné de succès, le manifeste insiste sur l’importance d’associer les usagers pour que « le savoir des malades vient compléter le savoir des professionnels », afin de rééquilibrer l’asymétrie des savoir-faire et des savoir-être.
Si l’approche est soutenue par de nombreux médecins, infirmiers libéraux et autres professionnels de santé, reste à savoir si elle permettra de nourrir les débats à venir.
Et vous, que pensez-vous des idées défendues par ce manifeste ? Considérez-vous que l’avenir de la profession et des soins de ville passe nécessairement par ces maisons de santé pluriprofessionnelles ?