La place des infirmières libérales dans le système de santé après le déconfinement !
Depuis quelques jours, les soignants de la France entière ont réagi avec force aux annonces qui se multiplient de la part des grands acteurs de la Grande Distribution. Pendant des semaines, les infirmières libérales comme tous les autres professionnels concernés ont déploré et regretté le manque de masques et de protections pour pouvoir assurer leur mission au cours de cette période exceptionnelle. Et aujourd’hui, les directions des hypermarchés et supermarchés, toutes enseignes confondues, annoncent disposer de dizaines et même de centaines de millions de masques. La question de ces stocks conséquents fait naturellement débat. Les infirmières libérales font partie de ces professions, qui interpellent le gouvernement à ce sujet.
Comment a-t-on pu laisser des groupes se constituer des stocks de masques, alors même que pendant des semaines la distribution de ces derniers n’était pas assurée pour l’ensemble de ces soignants ? Il faudra attendre la fin de la crise sanitaire pour obtenir des réponses précises. En attendant, les infirmiers libéraux se préparent à la levée progressive du confinement, et là encore, de nombreuses questions restent en suspens et inquiètent les professionnels de santé, tant à l’hôpital qu’en ville.
La préparation du déconfinement pour les infirmières et infirmiers libéraux !
Le premier ministre, Mr Edouard Philippe, a expliqué les grandes lignes devant encadrer ce déconfinement avec un mot d’ordre : « tester, tracer et isoler ». Bien évidemment, les infirmières libérales seront mobilisées, puisqu’il faudra suivre les patients identifiés comme contaminés dans leur quatorzaine. Parce que le dépistage massif deviendra la règle après le 11 mai, l’Ordre National des Infirmiers (ONI) a publié un communiqué demandant à ce que les infirmières libérales puissent prescrire ces tests COVID+. Et les arguments avancés expliquent la légitimité d’une telle demande :
- Les infirmières libérales restent dans bien des situations les seuls soignants à visiter quotidiennement une partie de la population, même dans les territoires les plus reculés. Et la patientèle des IDEL(s) reste une patientèle à risque face au coronavirus
- Pouvoir prescrire les tests COVID+ permettraient aux IDEL(s) de limiter l’engorgement du système de santé, en évitant aux patients une consultation médicale avant un retour auprès de l’infirmière ou d’un laboratoire pour la réalisation du test de dépistage
Mais comme le constate également le communiqué de presse de l’ONI, les infirmières et infirmiers libéraux doivent aussi se préparer à une reprise progressive de leur activité normale, et s’attendre au retour d’un « grand nombre de suivis infirmiers annulés ».
Une préparation et une organisation du confinement sans concertation avec les infirmières libérales
Alors que les grandes lignes du déconfinement semblent bien déjà fixées, de nombreuses infirmières libérales mais aussi d’autres professionnels de santé dits de ville se désolent que tout cela se soit fait sans concertation. Si les syndicats représentatifs de la profession réclament, comme l’ONI, le droit à prescription de ces tests, tous s’accordent pour remettre sur le devant de la scène la question de la prescription de la vaccination par les infirmières et les infirmiers. C’est d’autant plus essentiel, que la semaine internationale de la vaccination a eu lieu du 20 au 26 avril dernier. Et qui sera en charge d’expliquer aux patients hospitalisés à domicile ou aux patients COVID+ placés en quatorzaine l’importance de celle-ci tant pour le coronavirus que pour les autres virus ?
C’est bien une réflexion plus large de la place de la profession infirmière, qui s’organise actuellement et qui devrait prendre de l’ampleur dans les semaines à venir. Bien évidemment, la priorité reste sanitaire avec la lutte contre l’épidémie (et les infirmières libérales sont prêtes à relever le défi mais pas à n’importe quelles conditions) mais il faudra aussi, comme pour l’hôpital, réfléchir à la place de chacun dans le système de soins en France, et en la matière les infirmières libérales ont des revendications à faire entendre.
D’ici là, tous les soignants attendent les précisions du Ministère de la Santé, qui devrait, dans les jours à venir, présenter le plan d’action sanitaire pour accompagner efficacement le déconfinement. Nul doute, que ces annonces feront encore couler beaucoup d’encre.
Et pour vous, quelles sont les priorités à prendre en compte pour le 11 mai ? Estimez-vous qu’après cette crise sanitaire, la place des infirmières libérales et l’organisation du système de santé en France devront être revues en profondeur ?