Même si infirmières libérales et hospitalières ont souvent été déçues, par le passé, par des engagements du ministère de la santé, elles veulent croire aujourd’hui, que les récentes déclarations d’Olivier Véran soient le début d’une nouvelle ère pour leur profession. La révision du décret infirmier sera-t-il à la hauteur des espoirs, qu’il a généré ?
Infirmières libérales et hospitalières au cœur de notre système de santé
Alors que les propositions se multiplient quant à la nécessaire transformation de notre système de santé, alors que les infirmières libérales et bien d’autres professionnels de santé souhaitent s’inviter dans les débats organisés à l’occasion de la prochaine élection présidentielle, alors que tous les acteurs du soin cherchent à retirer tous les enseignements de la crise sanitaire du coronavirus, …, le ministère de la santé entend conserver la main en avançant ses propres pistes de réflexion. C’est ce qu’est venu confirmer Olivier Véran, ministre de la Santé à l’occasion du colloque « Comment construire un système de santé plus proche, plus efficient et plus durable ? », organisé par l’Ordre National des Infirmiers (ONI) et l’Institut Droit et Santé le 20 janvier dernier.
Alors que cette crise sanitaire a rappelé l’importance de la profession infirmière au sein de cette organisation tant à l’hôpital que pour les soins de ville, elle a aussi soulevé de nombreux questionnements et suscité d’aussi innombrables débats. Olivier Véran a reconnu cette prise de conscience, notamment en ce qui concerne les infirmières et infirmiers libéraux mais aussi hospitaliers :
Les infirmiers sont incontournables depuis le début de la crise. Je crois beaucoup à l’évolution des carrières, au déploiement des compétences pour ceux qui le souhaitent, avec des perspectives d’évolution qu’il s’agisse de management, de compétences universitaires.
Il faisait ainsi mention à ces infirmières de pratique avancée (IPA), qui doivent être mieux reconnues afin de pouvoir se multiplier au gré des ambitions gouvernementales. Mais le ministre de la santé veut aller plus loin, en accordant aux infirmières et infirmier toute la place, qui leur revient et que leur rôle soit , connu, reconnu et accepté de toutes les autres professions de santé.
Le ministre de la Santé ambitieux de faire évoluer la profession infirmière
Pour parvenir à cet objectif clairement affiché et assumé, Olivier Véran a confirmé que la révision du décret infirmier serait revu pour répondre à ces nouveaux défis. Cette révision sera ouverte rapidement, puisque le ministre de la Santé a rappelé que cela s’effectuerait avant la fin de cette présidence. Pour qu’elle soit efficace, cette révision devra « dépasser tous les corporatismes », faisant ainsi allusion à la levée de boucliers du corps médical qu’avait déclenché la délégation de compétences aux IPA et à d’autres professionnels de santé lors du PLFSS 2022.
Lors de ce colloque, le ministre a ainsi expliqué qu’il ne souhaitait pas « enlever quoi que ce soit à qui que ce soit » tout en rappelant qu’ »un infirmier ayant acquis des compétences supplémentaires doit pouvoir prescrire certains médicaments. ». A l’hôpital comme en ville, l’exercice coordonné doit devenir la règle, et le décloisonnement des différentes professions de santé doit s’imposer comme la voie à suivre. C’est cette position, qu’a défendu M Véran, tout en reconnaissant que des freins restaient encore à lever.
Les sujets chers aux infirmières libérales et hospitalières sont tous au programme des discussions : accès direct, prescription, vaccination, évolution de carrières, reconnaissance, … Souhaitant centrer toute la réflexion à venir sur les besoins des patients et sur les réponses à y apporter, le ministre de la santé a ainsi évoqué la possible création d’un nouveau statut, celui de préventologue, qui pourrait être ouvert aux infirmières et infirmiers.
De leur côté, les infirmières libérales et plus généralement toute la profession infirmière se sont félicitées d’une telle ambition, en espérant que ces déclarations ne constituent pas de simples « belles promesses » mais marquent le début d’une réelle transformation.
Et vous pensez-vous que l’évolution de ce décret infirmier sera à la hauteur de toutes les attentes et de toutes les revendications ? Estimez-vous, que certains sujets doivent être traités en priorité ? Lesquels ?