La télésanté a été fortement plébiscité par les infirmiers libéraux, les soignants et les patients pendant toute la durée de la crise sanitaire. Aujourd’hui, alors que les autorités entendent capitaliser sur cette expérience, des réflexions sont conduites pour intégrer ces consultations à distance dans le parcours de soin conventionnel.
La télémédecine est-elle vraiment intégrée au quotidien des infirmiers libéraux ?
Si les autorités publiques promeuvent depuis longtemps les avantages de cette médecine à distance, rendue possible par les nouvelles technologies, il faut bien reconnaître que c’est la pandémie de coronavirus qui a permis une évolution des comportements en la matière. La pandémie, qui a entrainé confinements et couvre-feux, a contraint les professionnels de santé à s’adapter à la situation en imaginant de nouvelles formes de consultations et de relations avec leurs patients. Certes, le nombre de téléconsultations a littéralement explosé durant ces deux années de crise sanitaire, mais cela a surtout permis une mobilisation de ces mêmes professionnels de santé. Les infirmiers libéraux se sont ainsi vus octroyés la possibilité du télé suivi infirmier pour suivre les patients notamment ceux atteints du Covid-19 sans avoir à se déplacer. La multiplication exponentielle des téléconsultations entre un patient et son médecin a également conduit à augmenter le nombre d’infirmières libérales pouvant assister le patient au cours de cette consultation à distance. Depuis la sortie de crise sanitaire, les mesures dérogatoires ont été adaptées pour s’inscrire dans la durée. Aujourd’hui, la télémédecine, le télé suivi, la téléconsultation sont acceptés tant par les infirmiers libéraux que par les autres professionnels de santé d’une part, mais aussi par les patients, qui ont pu s’initier à ces évolutions. Même les autorités publiques souhaitent accompagner cette transformation profonde dans la relation soignant / patient. Les infirmiers libéraux peuvent ainsi bénéficier d’un forfait ‘aide à la modernisation et à l’informatisation de leur cabinet, incluant notamment une aide de 350 € pour l’équipement vidéotransmission et une aide de 175 € pour l’acquisition d’appareils médicaux connectés indispensables pour cette médecine à distance.
La télémédecine : la nécessité de prendre du recul et de se fixer des règles !
Pourtant, la généralisation de ces actes de télémédecine, tant pour les médecins que pour les IDEL(s) ou d’autres professionnels de santé, s’est faite extrêmement rapidement. Aujourd’hui, la délégation ministérielle au numérique en santé (DNS) et la direction générale de l’offre de soins (DGOS) ont publié un dossier visant à aider les professionnels de santé à la prise de décision. Pour les deux institutions publiques, cette télémédecine appelle à une « nécessaire régulation pour lui donner du sens et garantir la confiance des patients comme des professionnels de santé ». Des études ont été conduites depuis deux ans pour aboutir à une grille d’évaluation devant faciliter la prise de décision tout en respectant le cadre éthique. Accessible à tous les professionnels de santé, cette grille éthique pour l’analyse des situations complexes en Télésanté doit conduire les infirmiers libéraux et les soignants à se poser les bonnes questions dans chacune des thématiques soulevées. La question du consentement, celle liée à la confidentialité, les problématiques d’accès aux outils numériques, … autant de questions qui s’ajoutent à celles qualifiant déjà la relation soignant / patient. Si cette grille se veut être une aide pour les acteurs de la télésanté, les auteurs de cette étude rappellent toutefois à tous les professionnels : « Un acte ou une technique n’est jamais totalement maîtrisable. Il est essentiel de garder un esprit critique ». Cet appel à la vigilance atteste qu’il reste bien des points encore à consolider pour que la télésanté soit pleinement intégrée au parcours de soins.
Et vous, quelle est votre attitude, votre position vis-à-vis de la télésanté ? Estimez-vous que l’information et la formation soient suffisantes ? Sur quels aspects souhaiteriez-vous voir des stratégies se déployer ?