Transformation numérique et transition écologique, des enjeux pour les professionnels de santé ?
Comme tous les autres pays à travers le monde, la France doit faire face à deux évolutions majeures, appelées à faire évoluer en profondeur tous les aspects de notre vie quotidienne. D’un côté, la transformation numérique s’est considérablement accélérée depuis la crise sanitaire du coronavirus, et il suffit pour en prendre pleinement conscience de souligner les tensions déjà perceptibles sur le marché du travail (pénurie de compétences). D’un autre côté, tous les spécialistes et tous les scientifiques nous alertent, depuis des décennies, sur la nécessité d’engager une transition écologique, devenue urgente et même indispensable aujourd’hui. Le secteur de la Santé, tant en ville qu’à l’hôpital, n’est pas épargné par ces mutations profondes. Concernant le numérique, la transformation est même déjà bien engagée. La e-médecine se généralise, et les infirmiers libéraux peuvent aujourd’hui répondre aux attentes de téléconsultations. Cette digitalisation de notre quotidien se traduit également par une dématérialisation des échanges (télétransmission, déploiement de l’application carte vitale, …) et le déploiement de nouveaux outils (généralisation de Mon Espace Santé, …).
Pour ce qui concerne la transition écologique, des actions et des réflexion sont déjà conduites, et devraient, à très court terme, conduire à une véritable feuille de route, qui devrait être proposée à tous les infirmiers libéraux et autres professionnels libéraux de santé mais aussi aux établissements de santé.
Une santé éco responsable, comment les infirmiers libéraux se mobilisent et se projettent dans l’avenir ?
Think tank spécialisé dans la décarbonation de l’économie, The Shift Project a conduit une étude d’ampleur sur l’impact du domaine de la santé en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Publié en avril dernier, le rapport « Décarboner la Santé pour soigner durablement » estime que le secteur de la santé est à l’origine de l’émission de plus de 49 millions de tonnes de CO2 et de gaz à effet de serre (GES) de manière directe ou indirecte. Cela constitue environ 8 % du total national, alors qu’à l’échelle mondiale le rapport (santé/société) est estimé à 4 %.
Certes, si les établissements de santé sont les principaux contributeurs de ces émissions (38 % pour les établissements hospitaliers et 21 % pour les établissements pour personnes âgées), la médecine de ville compte pour 23 % de ces émissions, ce qui est loin d’être négligeable. Tous les acteurs de santé, y compris les infirmiers libéraux, sont donc (et ils le seront davantage à l’avenir) sollicités pour se mobiliser. Un groupe de travail sur la démarche de soins responsables a été créé, et la DGOS (Direction Générale de l’Offre de soins) explique que « son axe de travail porte sur la conception d’une feuille de route ministérielle sur les soins écoresponsables qui sera incluse à celle, plus globale, sur la transition écologique en santé. ». Et la profession infirmière a alors toute sa place à jouer, comme l’a rappelé, en novembre dernier le Conseil International des Infirmières (CII) qui incitaient toutes les infirmières libérales et hospitalières, tous les infirmiers à travers le monde à « (…) Participer à l’élaboration de politiques et plans d’action nationaux relatifs à des stratégies (…) » et à « (…) Intégrer le concept de durabilité dans la pratique infirmière (…)». Il reste donc aujourd’hui à attendre les décisions qui seront prises.
Et vous, quel rôle pensez-vous jouer dans cette prise en compte de la crise climatique et du développement durable ?
Quelles seraient selon vous les décisions à prendre pour amorcer un véritable changement ?