Depuis des années, les infirmières et infirmiers libéraux estiment que leurs compétences vaccinales ne sont pas assez reconnues, contrairement à d’autres pays notamment. L’implication des IDEL(s) dans la gestion de crise a pourtant fait bouger les lignes, en mettant en lumière ces compétences. Aujourd’hui, les autorités sanitaires reconnaissent qu’il faut plus s’appuyer sur les infirmières et infirmiers pour rendre la politique vaccinale plus efficiente.
La place centrale des infirmières libérales en matière de vaccination
Depuis des années, les infirmières et infirmiers libéraux revendiquent l’élargissement de leurs prérogatives en matière de vaccination. La crise sanitaire du coronavirus a rappelé le rôle essentiel de ces dernières. Il suffit, pour mieux le comprendre, d’étudier le fonctionnement des multiples centres de vaccination, qui se sont multipliés à travers le territoire. Non seulement, les infirmières libérales constituent une part importante des professionnels de santé, mobilisés pour protéger la population de l’extension de l’épidémie, mais ces IDEL(s) ont également été nombreux à prendre en charge tout ou partie de la gestion de ces centres de vaccination. Pour preuve, les différents textes régissant l’état de crise sanitaire en France ont octroyé la possibilité pour les infirmières et infirmiers libéraux concernés de faire appel à un ou une infirmière remplaçante afin de pouvoir conduire leurs efforts jusqu’à leur terme.
Pour les infirmières libérales, non seulement, ces vacations en centres de vaccination offraient des conditions de rémunération réévalués au cours de la crise, mais permettaient de « travailler dans une bonne ambiance et dans un esprit d’équipe », tout cela en plus de satisfaire au besoin de participer à une action d’intérêt public.
De la vaccination anti-Covid à l’élargissement des compétences vaccinales des infirmières libérales
Bien évidemment, il n’aura pas fallu attendre cette pandémie mondiale pour comprendre les missions de la profession infirmière. En revanche, cette mise en lumière à permis de prendre conscience, que les IDEL(s) et d’autres professionnels de santé pouvaient, par ce biais, participer à lutter contre la désorganisation du système de santé, due en partie à une désertification médicale. Le 06 novembre 2021, suivant les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS), un arrêté étendait les prérogatives des infirmières et infirmiers libéraux en matière de vaccination antigrippale. Le texte supprimait toutes conditions de pathologies pour autoriser cette vaccination par un professionnel de santé autre que le médecin. Aujourd’hui, toute personne majeure peut bénéficier d’une vaccination par une infirmière libérale, même si elle n’appartient pas aux groupes de patients pour lesquelles cette dernière est recommandée (patients âgés de plus de 65 ans, …).
La haute Autorité de Santé allait même encore plus loin, dans un avis publié le 28 janvier dernier, en déclarant les infirmières libérales, les pharmaciens mais aussi les sages-femmes « autorisés à prescrire et administrer les vaccins non vivants inscrits au calendrier vaccinal aux personnes âgées de 16 ans et plus ». Cette recommandation d’un vaste élargissement des compétences vaccinales des infirmières libérales pose certes des limites (les vaccins contre le méningocoque B et la rage) et des règles (les enfants de moins de 16 ans, les personnes immunodéprimés, …). Mais elle invite les autorités publiques à faire droit à une demande déjà ancienne de la profession. La HAS explique cette recommandation par les enseignement tirés de cette gestion de crise sanitaire, en soulignant que les infirmières libérales notamment ont montré qu’elles étaient « des acteurs de proximité qui, en complément des médecins, jouent aussi un rôle très important dans l’information des populations ». Pour l’Ordre National des Infirmiers (ONI), cette avancée de la HAS n’est qu’une évolution logique, puisque l’instance représentative souligne : « Enfin, c’est la reconnaissance d’une compétence infirmière déjà largement reconnue à l’étranger. «
Il ne reste donc plus qu’aux autorités publiques de concrétiser cette nouvelle reconnaissance de la profession infirmière, et de laisser le temps à l’Assurance Maladie de négocier le détail de ces nouvelles compétences d’une part mais aussi les tarifs d’autre part. Même si de nombreux infirmiers libéraux jugent cette décision tardive, la grande majorité s’en félicite et attend donc impatiemment sa mise en œuvre.
Et vous, estimez-vous que cet élargissement des compétences vaccinales de la profession soit effectif rapidement ? Pensez-vous qu’il faille encore aller plus loin en élargissant ces compétences ?