La vaccination, une compétence propre de la profession infirmière ?
Au quotidien, les infirmières libérales et hospitalières s’appuient sur leur décret d’actes pour dispenser les soins qu’elles prodiguent à leurs patients. Et la vaccination en fait incontestablement partie. Si le droit de vaccination (et de prescription) a largement évolué ces dernières années pour les infirmiers libéraux comme pour d’autres professionnels de santé, force est de constater que chaque année, l’arrivée de la campagne de vaccination antigrippale marque le retour des débats (souvent tendus) entre les infirmiers libéraux d’une part et les pharmaciens d’autre part.
Et cet hiver 2023-2024 ne marquera pas une rupture en la matière, d’autant plus que la vaccination antigrippale s’accompagne désormais de la campagne de vaccination anti-Covid. En effet, on se souvient que la crise sanitaire avait conduit le ministère de la santé à adopter des mesures d’exception, dont certaines ont été prorogées. Et comme le ministère de la santé entend redonner toute sa place à la profession infirmière, les IDEL(s) entendent bien participer activement à cette campagne, d’autant plus que la couverture vaccinale des patients les plus fragiles a baissé de 3 points en 2021- 2022 (52,6 %), quand l’OMS rappelle l’objectif à atteindre : 75 %.
La querelle infirmiers libéraux / pharmaciens relancée ?
Si la représentation nationale reconnaissait, en 2020, que « des efforts supplémentaires sont nécessaires pour faciliter la capacité des infirmiers et infirmières à vacciner », les infirmiers libéraux demandent, depuis plusieurs semaines, à ce qu’ils ne soient pas oubliés. Les pharmaciens sont désormais autorisés à prescrire et à vacciner, dans certaines conditions, et les autorités publiques ont autorisé ces derniers à communiquer autour de cette extension de compétences. Les infirmières libérales se sentent donc naturellement lésées et un syndicat, Convergence infirmière, demande : « Les soignants comme les pharmaciens doivent être logés à la même enseigne pour qu’il n’y ait pas d’effecteurs de seconde zone ». Ces tensions récurrentes se sont encore aggravées ces derniers jours à l’occasion d’une communication d’une partie des pharmaciens.
Lorsqu’un syndicat de pharmaciens publie un article informant ses adhérents qu’ils peuvent désormais vacciner au domicile de leurs patientes et patients, ce sont tous les infirmiers libéraux qui s’irritent et s’agacent. La Fédération Nationale des Infirmiers (FNI) a même réagi vivement en s’étonnant dans un communiqué de presse (20/10) : «Le syndicat minoritaire des pharmaciens d’officine, l’USPO, prétend, dans un communiqué relayé dans la presse, que les pharmaciens d’officine sont désormais autorisés à vacciner à domicile». Les infirmières libérales n’auront pas eu à attendre longtemps pour que l’Ordre National des pharmaciens ne confirme cette annonce en y apportant cependant quelques nuances. :
«Selon l’interprétation du ministère, la réalisation de la vaccination en dehors du lieu d’exercice serait désormais possible pour les pharmaciens. Compte-tenu de nos exercices respectifs, dans les faits, la vaccination à domicile devrait continuer à être majoritairement assurée par les IDE, en accord avec les choix du patient»
Les infirmières et infirmiers libéraux se sont donc tournés vers le ministère de la santé en lui demandant un éclaircissement et une clarification de la situation. Toujours est-il, que l’apaisement de ces querelles n’aura donc pas lieu en cet hiver 2023 – 2024.