Si les autorités publiques s’efforcent depuis plusieurs années de lutter contre la pénurie de médecins généralistes, les infirmières et infirmiers de France tiennent à réaffirmer que leur profession est présente sur l’ensemble du territoire. Un constat appelé à être pris en compte pour améliorer notre organisation du système de santé.
Comment évaluer la démographie des infirmiers libéraux ?
Alors que les questions des déserts médicaux sont au centre de bien des débats dans l’espace public, on peine encore à connaître précisément les zones géographiques, dans lesquelles le nombre d’infirmières libérales est insuffisant et celles où il est jugé d’excédentaire. La question n’est pas simple, et pourtant elle domine le débat public s’agissant des mesures à adopter pour garantir l’égalité d’accès aux soins à tous les Français. Ainsi est-il déjà extrêmement complexe de définir les moyennes à prendre en compte. A partir de combien d’infirmiers libéraux, de médecins généralistes ou de professionnels libéraux de santé qualifie-t-on un territoire de désert médical ? Les outils mis en place par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) et de l’Institut de recherche et documentation en économie de santé (IRDES) ont permis de se baser sur l’accessibilité potentielle localisée (APL). Non seulement cet indicateur prend en compte les infirmiers libéraux et les soignants de ville mais aussi les centres de santé, mais il s’attache à identifier le nombre de soignants sur un « bassin de vie », rendant l’analyse plus centrée sur les patients. (En France métropolitaine, ce sont 2739 bassins de vie qui ont été identifiés, avec une population moyenne de 23.300 habitants).
Les infirmiers libéraux sont-ils assez nombreux en France ?
Analyser la situation est une chose, en tirer des conclusions devant conduire à faire évoluer la législation pour telle ou telle profession en est une autre. La pénurie de médecins généralistes a ainsi conduit les autorités publiques à envisager la délégation de taches, de compétences et on se souvient de l’hostilité exprimée par les médecins généralistes. Étendre les tâches des infirmières libérales, des masseurs-kinésithérapeutes, …, peut être une voie pour « libérer du temps médical » et ainsi améliorer la prise en charge des patients. Créer le métier d’infirmière libérale en pratique avancée a également été pensé pour répondre à une réalité sans alourdir le quotidien des médecins. Dans tous les cas, la répartition géographique de ces professionnels de santé reste une question centrale. A quoi bon tenir compte du nombre total d’infirmières en pratique avancée exerçant en libéral, si ces IPAL sont absentes des régions les plus impactées par le manque de soignants.
En revanche, contrairement à d’autres professions de santé, les infirmières et infirmiers libéraux sont déjà soumis, depuis plusieurs années, à des mesures de régulation. Des incitations pour investir les déserts médicaux, des interdictions d’installation dans les zones les plus dotées, …Et ces mesures de régulation ont porté leurs fruits. C’est ce qu’a expliqué Patrick Chamboredon, président de l’Ordre National des Infirmiers (ONI) aux journalistes de What’s Up Doc ?
La cartographie démontre qu’il n’y a pas de désert infirmier. Ils sont également répartis sur tout le territoire. Et même dans les endroits les moins pourvus en médecin, il y a suffisamment d’infirmiers disponibles. Et d’ailleurs, les infirmiers effectuent déjà certains actes.
Et le président de l’ONI rejette l’idée d’une pénurie d’infirmières et d’infirmiers en France. Il insiste plutôt sur le manque d’attractivité de la profession, notamment à l’hôpital, pouvant conduire certains professionnels à changer de métier. Il faut donc, selon lui, reconnaître cette réalité. Les infirmiers et infirmières libérales sont présents sur l’ensemble du territoire métropolitain. Et la transformation de notre système de santé ne pourra donc pas s’envisager sans eux.
Et vous, estimez-vous qu’il n’existe pas de déserts infirmiers en France métropolitaine ? Pensez-vous que cette répartition homogène représente une force pour la profession ? Comment ?