Au quotidien, de nombreuses infirmières libérales sont confrontées aux procédures de réclamations d’indus. Si chaque cas est unique, la profession toute entière semble vivre difficilement la situation. C’est ce que prouve l’histoire d’un infirmier libéral du département de la Manche.
Les infirmières libérales toujours victimes d’un « acharnement » de la part de la CPAM ?
Même si le Ministère de la Santé multiplie, depuis plusieurs semaines, les annonces de réforme en matière de santé publique, les infirmières et infirmiers libéraux éprouvent toujours les mêmes difficultés au quotidien. Certes, des projets doivent participer à répondre à certaines de leurs revendications dans les années à venir. Toujours est-il qu’aujourd’hui, les infirmières libérales se sentent toujours « persécutées » par la Caisse Primaire d’Assurance Maladie, notamment lorsqu’il s’agit des procédures en réclamation d’indus. Il suffit d’une étincelle pour mettre le feu aux poudres et réveiller une contestation latente.
C’est ce qui s’est passé dans le département de la Manche le 20 mars dernier, date à laquelle des infirmières et infirmiers libéraux ont laissé éclater leur mécontentement pour soutenir un de leur confrère. En effet, Florent Régal, infirmier libéral, s’était quelques minutes auparavant enchainé dans le bureau de la directrice de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) de Cherbourg. Par ce geste, l’infirmier libéral voulait dénoncer le ridicule de la situation dans laquelle il se retrouve mais aussi souligner l’état d’épuisement et les conditions de travail difficiles de toute une profession.
Quand les indus sont déjà remboursés, l’infirmier libéral désabusé !
Tout commence lorsque la CPAM reproche à l’infirmier libéral la facturation d’actes non remboursables, au titre qu’ils ne respectaient pas la nomenclature. C’est donc une histoire classique et habituelle d’indus, comme on peut en découvrir chaque jour. Attention toutefois, on est loin des sommes astronomiques, que l’on retrouve dans certains dossiers. En effet, la lettre recommandée de la CPAM exige le remboursement de …. 15.000 €. C’est une infirmière libérale, collègue du mis en cause, qui explique le détail des fautes, dont Florent est accusé : « (…) on lui reproche, entre autres, d’avoir distribué des médicaments pour troubles cognitifs à un patient atteint de la maladie de Parkinson. Seulement, sur l’ordonnance du médecin, ces troubles ne sont pas spécifiés. »
La procédure en réclamation d’indus avait de quoi surprendre le jeune infirmier, puisque bien évidemment, comme trop souvent, les faits reprochés dataient de plus de deux ans, rendant la défense et la justification de ces actes plus difficiles encore. Mais Florent Régal constatait surtout, que les sommes demandées par la CPAM concernaient des actes, déjà remboursés par la CPAM. Devant cet imbroglio, l’infirmier libéral décidait donc une action d’éclat pour souligner une situation incompréhensible.
Le malaise des infirmières et infirmiers libéraux dévoilé au grand jour
C’est pour soutenir leur confrère mais aussi pour dénoncer le malaise profond, qui caractérise leur profession, qu’une dizaine d’infirmières libérales s’étaient donc donné rendez-vous devant la CPAM de Cherbourg en ce 20 mars 2018. Ces IDEL(s) excédés ont tenu à souligner, que la mésaventure de Florent n’était qu’un exemple parmi tant d’autres. Les infirmières et infirmiers libéraux ont donc profité de l’occasion pour dénoncer la politique de contrôle renforcé de la CPAM mais aussi pour condamner le peu de considération fait aux IDEL(s). Apporter des justifications à des soins prodigués des années plus tôt reste une tâche difficile voir même impossible dan certaines situations. Infirmière libérale, Aurélie Biville résumait parfaitement ce sentiment d’exaspération profond, en expliquant : « Cela fait des années que l’on alerte sur ce problème (…) On a essayé de faire remonter la réalité du terrain en dialoguant. Aujourd’hui, on a franchi un cap. »
Les infirmières libérales ont pu faire entendre leur point de vue, puisqu’après sa libération, Florent Régal a pu rejoindre la mairie de Cherbourg, où les autorités publiques ont écouté les doléances de chacun. Reste à savoir si cette écoute sera porteuse d’espoir pour les IDEL(s) du département ou si elle a été décidée dans le seul but de calmer une situation, qui aurait pu dégénérer.
Et vous, ressentez-vous aussi ce sentiment d’injustice et d’exaspération, exprimé par les infirmières libérales de Cherbourg ? Estimez-vous que la situation se dégrade ou qu’au contraire, des avancées sont à porter au crédit du gouvernement actuel ?