Rappeler que les infirmières libérales figurent comme le socle de l’HAD apparaît être une lapalissade. Et pour rendre le système plus efficient, les infirmières libérales sont au centre d’une stratégie qui devrait être déployée dans les mois et les années à venir.
L’hospitalisation à domicile, une évolution de l’organisation de l’organisation des soins
Depuis plusieurs années, les autorités publiques ont fait de l’ambulatoire un axe majeur du développement de l’hôpital en France. Si la crise sanitaire, qui sévit en France comme partout dans le monde depuis bientôt deux ans a dominé l’actualité de ces derniers mois, elle a aussi permis de mettre en lumière l’état des lieux de l’hospitalisation à domicile en France. Car l’HAD figure comme un corollaire incontournable de cette priorité donnée à l’ambulatoire. Et bien que le Ségur de la Santé ait initié de nouvelles pistes de réflexion pour faire évoluer l’hôpital, l’axe ambulatoire – hospitalisation à domicile n’est pas à ce jour remis en cause, même si des ajustements sont prévisibles dans les mois et les années à venir.
Concernant plus précisément l’hospitalisation à domicile, des dysfonctionnements et des freins à sa généralisation ont été constatés à l’occasion de cette crise sanitaire. Dans le même temps, les autorités publiques ont pris pleinement conscience de l’importance de cette organisation spécifique, englobant notamment les infirmières et infirmiers libéraux. Bien que les IDEL(s) ne soient pas les seuls professionnels de santé mobilisés pour répondre aux enjeux de l’hospitalisation à domicile, elles en représentent un rouage essentiel, partageant ce rôle central avec les aides-soignantes et les aides à domicile.
Les infirmières libérales, actrices centrales de l’hospitalisation à domicile
Pour pouvoir comprendre la réalité de la situation afin de prendre les décisions qui s’imposent, le Haut conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie (HCAAM) a mandaté l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (IRDES). Dans sa note « Des tensions entre dynamiques professionnelles et interprofessionnelles dans le travail des aides à domicile, des aides-soignantes et des infirmières en soins primaires », l’IRDES détaille cette prise en charge des patients à domicile, appelée à prendre de l’ampleur au vu du vieillissement de la population mais aussi de l’augmentation des maladies chroniques.
Bien que le rapport souligne la multiplicité des dispositifs déjà existants pour ces soins à domicile ( Action de santé libérale en équipe (Asalée), protocoles de coopération dans les Expérimentations de nouveaux modes de rémunération (ENMR), …), il détaille également l’organisation des 3 professions citées (infirmières libérales majoritairement, aides-soignantes en SSIAD le plus souvent et aides à domicile, employés par des associations, entreprises spécialisées ou organismes publics). L’organisation et les relations entre ces 3 professions, essentielles au maintien à domicile, vont dépendre principalement des infirmières libérales. En effet, l’étude souligne, que dans les zones où les infirmières et infirmiers libéraux ne sont pas trop nombreux sur le même territoire, ces professionnels de santé vont se concentrer sur leur « cœur de métier » à savoir les actes techniques, quitte à déléguer des tâches (soins d’hygiène principalement) aux aides-soignantes et aux aides à domicile. En revanche, dans les zones où les IDEL(s) sont surreprésentées (et donc la « concurrence » plus forte), ils auront alors tendance à prendre en charge l’ensemble des besoins du patient (soins techniques et soins d’hygiène). Naturellement, cela influe sur les relations interprofessionnelles.
Cette différence reposant sur la densité d’infirmières libérales sur le territoire concernée peut aussi résulter du panel d’offres proposées notamment par les SSIAD, qui peuvent disposer d’infirmières ou d’infirmiers dans leur structure. De manière globale, l’étude souligne que « (…) la majorité des infirmières libérales enquêtées n’apprécient pas de travailler avec les Ssiad car elles ont le sentiment, d’une part, que le Ssiad leur « vole leur travail », et d’autre part, qu’il est mauvais payeur. »
Dans tous les cas, l’IRDES souligne une méconnaissance des tâches et des spécificités des autres intervenant HAD tant de la part des IDEL(s) que de celle des aides-soignantes et des aides à domicile. Une méconnaissance, qui conduit bien souvent à l’émergence de tensions au quotidien. Une meilleure compréhension permettrait, selon l’étude, de rendre les dispositifs plus efficients tant au bénéfice des patients d’une part que pour les professionnels concernés.
Et vous, comment jugez-vous l’organisation de l’hospitalisation à domicile en France ? Quelles seraient selon vous les mesures à prendre pour rendre le système plus efficace ?