Les infirmières libérales et hospitalières ont fait entendre leur opposition à la mesure visant à permettre à des aides-soignants de pouvoir intégrer la formation en soins infirmiers directement en seconde année. Une décision qui pourrait, selon les professionnels, mettre en danger la qualité des soins.
Faciliter l’évolution des aides-soignants vers le métier d’infirmier
Le ministère de la santé ne peut que le déplorer, mais les prévisions du nombre de nouveaux infirmiers diplômés ne seront pas à la hauteur des attentes et des ambitions du gouvernement dans les prochaines années. Sans chercher, une nouvelle fois, à comprendre les raisons de cette désaffection des jeunes générations pour la profession infirmière, les autorités publiques cherchent, par tous les moyens possibles, à atténuer cette hémorragie des vocations. L’arrêté publié au journal officiel daté du 03 juillet dernier en est une nouvelle preuve incontestable. Le texte doit donc permettre aux aides-soignants d’intégrer la formation en Institut de Formation en soins Infirmiers (IFSI) directement en seconde année. Bien évidemment, cette possibilité est soumise à deux conditions indispensables :
- Une expérience de 3 ans à temps plein au cours des 5 dernières années,
- Une formation de mise à niveau de 3 mois avec 5 semaines de stage.
Le sujet avait déjà été évoqué en pleine crise sanitaire, et le ministère de la santé insiste que la mesure a été prise afin de « faciliter les évolutions de carrière ». Présidente de la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (FNESI), Manon Morel a expliqué sa perplexité sur le sujet aux journalistes d’Actusoins : « De fait, la formation théorique de la première année sur la pharmacologie, la biologie et le raisonnement clinique infirmier ne serait abordée qu’en cinq à six semaines, un temps relativement court ». Pour Mme Morel, il apparaît contre-productif d’adopter une telle mesure (et donc d’élaborer la formation de mise à jour) alors que le ministère de la santé a déjà annoncé vouloir réformer la formation infirmière en elle-même dans un délai d’un an. Elle s’interroge ainsi publiquement :
« Les étudiants en soins infirmiers sont nombreux à arrêter leurs études entre la première et la deuxième année. Peut-être qu’avec cette mesure, la DGOS souhaite plutôt renflouer les promotions, en formant davantage d’infirmiers, plus rapidement. »
Les infirmiers libéraux rejoignent la contestation des étudiants en soins infirmiers
Si les étudiants en soins infirmiers sont heurtés par ce dispositif, ils soulignent également d’autres problèmes de calendrier, puisque la mesure doit être effective dès la rentrée de février 2024 (pour les IFSI proposant une telle rentrée décalée). Des délais très courts pour tout organiser et formaliser. Mais ces étudiants en soins infirmiers ne sont pas les seuls à faire état de leur opposition à cette évolution. En effet, les infirmières et infirmiers libéraux ont eux aussi exprimé le rejet d’une telle mesure. Le syndicat Convergence Infirmière a ainsi réagi : « Ce type de mesure va évidemment contribuer à l’affaiblissement de la qualité des soins mais certains pensent pallier notamment les départs massifs d’infirmières et d’infirmiers de l’hôpital par des solutions au rabais plutôt que de valoriser des compétences ».
Certains observateurs dénoncent une attitude corporatiste des infirmières libérales, la même attitude dénoncée par les IDEL(s) s’agissant du corps médical. Toujours est-il que les infirmières libérales et hospitalières craignent une baisse de la qualité de la formation en insistant sur les menaces d’une telle évolution. « Derrière un acte il doit y avoir une formation adaptée » insiste le syndicat pour légitimer ses propos. Dans tous les cas, le sujet sera au cœur des premières discussions que la profession infirmière devra avoir avec le nouveau ministre de la Santé, M Aurélien Rousseau.
Comprenez-vous la colère de la profession vis-à-vis de cette mesure ? Craignez-vous une baisse significative de la qualité de la formation pour les futurs infirmiers ?