Une fois de plus, les infirmières et infirmiers libéraux sont appelés à « améliorer leur collaboration » avec les médecins généralistes dans le but de libérer du temps médical. Un sujet qui crispe les infirmières libérales, alors qu’elles éprouvent déjà de grandes difficultés à obtenir la reconnaissance de leurs compétences.
Les infirmières libérales indispensables pour faire évoluer notre système de santé
A l’instar de toutes les autres professions de santé, les infirmières libérales veulent faire entendre leur voix pour participer à la grande réflexion sur la transformation de notre système de santé. Il suffit, pour s’en convaincre, de prendre connaissance du nombre important de communiqués de presse, publiés tantôt par l’Ordre National des Infirmiers (ONI) tantôt par les associations représentatives de la profession. Toutes ces réflexions visent le même objectif : améliorer la prise en charge des patients (notamment dans ces territoires, qualifiés de déserts médicaux) et donc garantir l’accès aux soins à toutes et tous. La tâche est ardue, quand on lit dans un rapport du Haut Conseil pour l’avenir de l’Assurance Maladie (HCAAM) que « 6 millions de patients se retrouvent sans médecin traitant ».
Naturellement, toutes les professions de santé doivent participer à cette nécessaire transformation et les infirmières et infirmiers libéraux apparaissent en première ligne quand on évoque l’avenir de ce système de santé. Le HCAAM est même sévère et alarmiste en alertant :
« On se trouve aujourd’hui, dans beaucoup de territoires, dans une situation alarmante avec des personnes malades et âgées qui ne trouvent pas de médecins pour les soigner, des professionnels débordés, des perspectives de départ nombreux non remplacés dans les années qui viennent. «
Infirmières libérales ou collaboratrices de médecins ? Un avenir qui interroge !
Si les autorités publiques sont déjà à l’œuvre en ce qui concerne la transformation de l’Hôpital public, elles sont en phase d’écoute active de toutes les propositions en ce qui concerne les soins de ville, ces soins de proximité qui soulèvent bien des problèmes. Et c’est pour apporter des pistes de réflexion, que des représentants des différentes professions de santé concernées, des usagers, des partenaires sociaux et des représentants de l’Assurance Maladie se sont regroupés. Les travaux de cette réunion seront prochainement publiés, et les journalistes des Échos ont déjà pu en prendre connaissance. Les propositions faites ne sont pas révolutionnaires certes, mais elles conduisent toutes à appeler à améliorer l’efficacité de la collaboration entre les différents acteurs des soins de proximité. En effet, « soigner plus avec moins de médecins» impose de repenser l’organisation de ce travail coordonné, déjà pierre angulaire de la réforme Ma Santé 2022. Vouloir libérer du temps médical pour permettre aux généralistes de consulter davantage de patients suppose donc un transfert de tâches. Le rapport souligne donc la nécessité d’instaurer une «étroite collaboration » entre les médecins d’une part et les assistants médicaux et infirmières libérales d’autre part. L’élargissement des compétences d’autres professionnels de santé est également souhaité pour participer à cette « libération de temps médical ».
L’idée peut paraître séduisante, bien qu’elle ne soit pas nouvelle, mais pose cependant la question de la reconnaissance des infirmières et infirmiers libéraux. Certes, aucune indication n’est donnée quant à la nature (juridique) de cette « étroite collaboration ». Cependant à l’heure où les IDEL(s) revendiquent une valorisation de leurs compétences propres, la profession infirmière peut légitimement s’interroger sur les formes que pourraient prendre cette nouvelle collaboration. Après les assistants médicaux (créés, eux aussi, pour libérer du temps médical), les infirmières libérales sont-elles appelées à devenir des « collaboratrices » des médecins ? Si la question divise et fait naître de nouvelles crispations, elle devra cependant être traitée dans les meilleurs délais, tant la situation s’annonce délicate et difficile.
Et vous, que pensez-vous de ces nouvelles incitations à accroître la collaboration entre médecins et infirmiers libéraux ? Est-ce la solution à privilégier ?
22 septembre 2022
Redevenir les larbins des médecins …..non merci.