Alors que la profession infirmière représentent la première profession de santé en France, elle semble avoir du mal à se faire entendre, comme le démontre, une nouvelle fois, la campagne de vaccination pour la 3ème dose de vaccin.
Infirmières et infirmiers, la première profession de santé en France, vraiment ?
Depuis plusieurs semaines, les infirmières libérales et hospitalières nourrissent un nouvel espoir : celui de voir leur profession profondément évoluer dans les prochains mois. Outre la promesse du Ministère de la Santé de vouloir refondre la profession infirmière en 2022, les infirmières entendent les débats organisés à l’occasion de la campagne présidentielle. Et la Santé publique reste un des sujets chers aux yeux des citoyens et donc des candidats de tout bord. Bien évidemment, la réorganisation de l’hôpital (à la suite du déjà fameux Ségur de la Santé) occupe une place centrale dans ces propositions de réforme, mais tous les candidats à la fonction suprême ont compris le besoin de replacer les soins de proximité au cœur des débats.
Pour autant, les infirmières et infirmiers restent réservés quant à cet espoir, qu’ils nourrissent. Par le passé, la profession a déjà été profondément déçue après avoir tant espéré. Pourtant, la situation des infirmières hospitalières d’une part, et celle des infirmiers libéraux d’autre part se sont, à en croire ces professionnelles, considérablement dégradées depuis le début de la crise sanitaire. Elles craignent désormais de rester inaudibles dans le débat, alors même qu’elles représentent la première profession de santé en France et de très loin.
La DRESS (Direction de la recherche, de l’évaluation et des statistiques) comptabilisait, au début de cette année 2021, 764 260 infirmiers, dont 135.027 professionnels ayant choisi l’exercice libéral ou mixte, et 490 197 travaillant dans la fonction publique hospitalière. En ajoutant à cette population, les 90.000 étudiants des IFSI, on obtient donc plus de 800.000 infirmiers et étudiants, faisant bien de la profession le corps social le plus important et peut-être le plus essentiel. Beaucoup s’interrogent sur l’incapacité de la profession à se faire entendre, et ces interrogations font craindre à certains acteurs et observateurs du milieu de la santé, que le rendez-vous de 2022 soit encore un rendez-vous manqué pour les infirmières.
Les infirmières libérales, une profession déjà prête pour la transformation du système de santé ?
S’agissant des infirmières et des infirmiers libéraux, les candidats à l’élection présidentielle se montrent moins imaginatifs que pour l’hôpital, et la méconnaissance de l’organisation des soins de proximité en France l’explique en grande partie. Sur le terrain, les infirmières libérales ont démontré, depuis l’apparition du coronavirus, leur capacité d’adaptation en respectant toutes les consignes sanitaires imposées par les autorités, alors même que ces dernières semblaient les « oublier » fréquemment. On ne reviendra pas sur la gestion des masques, du gel hydroalcoolique en début de crise sanitaire, période durant laquelle les IDEL(s) ont du apprendre à se « débrouiller ». On aurait pu croire, que des enseignements seraient tirés de cet épisode et de bien d’autres, qui ont suivi, et pourtant la réalité démontre le contraire.
Actuellement, les autorités publiques affichent leur ambition de pouvoir injecter la dose de rappel (la 3ème dose) à toute personne éligible avant la fin du mois de décembre. Pour y parvenir, les centres de vaccination ont été rouverts, et le ministère de la Santé a appelé tous les professionnels de santé à la mobilisation générale. Bien évidemment, les infirmières et infirmiers libéraux ont répondu présents, en vaccinant soit en centre, soit dans leur cabinet respectif soit au domicile des patients. Pourtant, alors que la logistique de vaccination semble désormais bien rodée pour les pouvoirs publics, les infirmières libérales soulignent encore des carences d’un système, qui n’a pas été pensé pour elles.
La présidente de Convergence Infirmière, Ghislaine Sicre déplore cette situation en rappelant que la vaccination pour une infirmière libérale « demande une vraie organisation car lorsque nous les commandons à la pharmacie, nous pouvons parfois les recevoir 10 à 15 jours plus tard (…) . Ce serait plus simple pour notre organisation si nous pouvions détenir directement les doses »
Ce sont ces détails, qui n’en sont pas réellement tant ils impactent le quotidien et l’activité des IDEL(s), qui soulignent ce manque de reconnaissance ou tout du moins de prise en compte de la profession infirmière. Alors cela changera-t-il dans les semaines à venir ?
Et vous, considérez-vous que les infirmières en général et les infirmières libérales en particulier soient assez écoutées ? Quelle solution pourrait améliorer la situation dans ces échanges entre la profession et les autorités publiques ?