Au chevet de ses patients, l’infirmière libérale prodigue les soins attendus mais elle représente aussi le lien unissant les patients au corps médical, et parfois même à la société. Le rôle humain et social de l’infirmière libérale prend alors tout son sens.
Des soins à l’empathie, la difficile frontière à définir pour les infirmières libérales
En tant qu’infirmière libérale, vous pénétrez, le plus souvent, l’intimité, le quotidien de vos patients. Mais vous pouvez être, aux yeux de certains de ces derniers, bien plus qu’un soignant. En effet, certains sont isolés, et la visite de l’infirmière libérale représente la seule occasion de rompre une solitude pesante et source de désocialisation. L’infirmière libérale est alors sollicitée pour des tâches, qui par nature, ne relèvent pas de sa responsabilité. Quelle infirmière libérale n’a jamais été appelée à l’aide pour aller chercher le courrier ? Quel infirmier libéral n’a pas du répondre à une demande pour changer une ampoule ou pour aller faire quelques courses ?
Vues de l’extérieur, ces demandes ne semblent pas poser de problèmes, ne demandant que peu de temps et soulignant avant tout l’aspect humain de la profession. Et pourtant, chaque infirmière ou infirmier libéral connait déjà des difficultés à tenir son emploi du temps, alors deux ou trois minutes auprès de chaque patiente et de chaque patient, est tout bonnement impensable, sous peine de voir la tournée de patientèle devenir impossible à réaliser.
Être infirmière libérale, la vocation du soin et du service à destination de ses patients
Et pourtant, si beaucoup d’infirmières libérales acceptent parfois de rendre ces services sans discuter, c’est principalement en raison du fait, que cela fait partie de l’image qu’elles se font de leur métier. Les courses à l’épicerie du coin ou le courrier à relever dans la boite aux lettres ne font pas l’objet de cotations NGAP, mais elles concrétisent aussi une partie de la relation entre infirmière libérale et ses patients. Cette représentation même de la profession a beaucoup évolué ces dernières années, reléguant ces petits gestes au rang de « cadeaux » faits par l’infirmière libérale. Puisque tout doit être codifié, organisé, défini et même chronométré, l’encadrement de l’activité de l’infirmière libérale s’en trouve de plus en plus strict d’un point de vue légal et réglementaire. Pourtant, si le vieillissement de la population et la volonté de plus en plus fréquemment exprimée de finir ses jours à domicile expliquent la hausse de l’activité des infirmières libérales, ces deux évolutions ont également permis l’augmentation du nombre d’auxiliaires de vie, censés répondre à ces demandes plus pragmatiques des patients. Ce qui n’empêche pas l’infirmière libérale de toujours apparaître comme le premier maillon de « l’univers médical ».
Le quotidien surchargé de l’infirmière libérale, un obstacle pour un travail de qualité ?
Ces sollicitations nombreuses et variées, qui sont faites aux infirmières et infirmiers libéraux, ne sont pas les seuls grains de sable, qui viennent complexifier un peu plus le quotidien de ces professionnels de santé. Outre les soins à prodiguer, les services rendus, quelques mots échangés , les infirmières et infirmiers libéraux devront multiplier les trajets et donc le temps passé en voiture ou dans les Transports. Une récente étude de l’URPS de la région Provence Alpes Côte d’Azur souligne que les infirmières libérales visitent en moyenne 20 patients par jour, avec jusqu’à 4 passages chez un même patient. Il n’est donc pas étonnant que 19 % de la journée d’une infirmière libérale dans la région soit passé en voiture. Un client absent au moment de la visite de l’infirmière libérale, et voilà une complication supplémentaire, qui pourra expliquer que l’IDEL se sente stressée et pressée lors de sa prochaine visite. Et c’est peut-être (et même souvent) à ce moment-là, qu’un(e) patient(e) lui demandera de passer quelques minutes de plus pour ce petit service ! Difficile de dire oui à tout, et entre la volonté de ne pas céder à l’exploitation de certains et la farouche envie d’humaniser un peu plus les relations avec les patients les plus isolés, la frontière peut parfois être ténue. L’étude de dit pas combien de temps, chaque infirmière libérale passe en moyenne par jour à échanger quelques mots avec ses patients, ni même combien de minutes elle consacre à de menus services, à moins que ceci ne soit pleinement intégré au temps de soins.
Et vous, considérez-vous que ces petits services et ces très courtes conversations font partie de votre mission ? Comment réagissez-vous lorsque l’un de vos patients vous demande de relever le courrier ou d’aller faire une petite course ?