Quel avenir pour la profession infirmière ? La réponse de l’ONI
Depuis plusieurs semaines, les infirmières et infirmiers libéraux et plus généralement tous les professionnels de santé, tant à l’hôpital qu’en ville, souhaitent peser sur les débats, organisés à l’occasion de la campagne électorale en vue de l’élection présidentielle d’avril prochain. Pour la profession infirmière, c’est au tour de l’ONI d’entrer dans le jeu de ces propositions. En présentant les 66 propositions de l’Ordre National des Infirmiers, qu’il préside, le 16 février dernier, M Patrick Chamboredon justifiait ainsi cette démarche :
La santé est désormais la première préoccupation des Français. Il faut la remettre au premier plan
Pour élaborer ces propositions, qui sont destinées aux candidats et candidates, l’ordre professionnel a recueilli plus de 60.000 réponses à son enquête organisée en janvier dernier. On ne peut ici détailler ces 66 propositions, qui concernent aussi bien les infirmières libérales que leurs consœurs hospitalières. Sans surprise, les grandes revendications, portées depuis des années par la profession, sont au cœur des préoccupations des professionnels qui se sont exprimés.
Donner une place centrale à l’infirmière, un vœu à concrétiser rapidement
Le constat dressé par l’ONI correspond à celui établi par les autorités publiques. Avec plus de 7 millions de Français, ne disposant pas d’un médecin traitant, la question des déserts médicaux est au cœur des problématiques de santé. Et tous s’accordent à souligner, que la situation ne pourra pas évoluer significativement avant une douzaine d’années. Les mesures prises jusqu’ici pour endiguer cette désertification médicale ne porteront leur fruit qu’à partir de 2035, et la nécessaire réforme du système de santé ne peut pas attendre. D’autant plus, que la crise sanitaire a mis en évidence les conséquences désastreuses de cette pénurie de personnels soignants.
Et pour la profession infirmière, la priorité reste de consolider et garantir cet accès aux soins pour tous les Français et toutes les Françaises. Et cela passe nécessairement par les infirmières et infirmiers, puisque la profession reste la première population de soignant en France avec 750.000 IDE. Pour y parvenir, l’accès direct aux infirmières libérales s’impose comme une nécessité.
« (…) s’il existe des déserts médicaux, il n’existe pas de déserts infirmiers. »
C’est ce qu’a rappelé avec force M Patrick Chamboredon, soulignant aussi que cet accès direct doit être une priorité même si des adaptations pourront être nécessaires, notamment à travers les Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ou Maisons de Santé Pluriprofessionnelles (MSP). Car ces propositions de l’ONI n’ignorent pas les réserves (et le terme est bien faible) déjà formulées par les médecins en général, qui eux-aussi ont adressé des propositions aux candidats. Le corps médical entend ainsi défendre ses prérogatives et conforter sa place centrale dans l’organisation du Système de Santé. Deux visions du futur de la santé s’opposent ainsi, mais les infirmières et infirmiers libéraux ou hospitaliers entendent bien défendre leurs revendications.
Une reconnaissance globale de l’expertise infirmière, un prérequis pour une santé plus efficiente
Souhaitant l’autonomie de la profession infirmière en ce qui concerne la prévention, la prescription et la consultation, l’ONI plaide également pour une reconnaissance plus globale. La très grande majorité des infirmières et infirmiers, ayant répondu à l’enquête, plaide en faveur d’une transformation de l’évolution professionnelle au cours d’une carrière, et la demande d’une « véritable filière LMD (Licence/Master/Doctorat)» est reformulée avec force.
Conscients qu’ils doivent être mieux formés aux nouveaux risques de santé (86 % des IDE interrogés), les infirmiers les infirmières et infirmiers rappellent aussi aux candidats, que toute la profession est prête à se mobiliser pour les questions environnementales d’une part mais aussi en ce qui concerne la modernisation du système de santé avec le numérique d’autre part. A ce sujet, le président de l’ONI soulignait même le rôle essentiel et trop souvent ignoré des infirmières libérales en tant que « (…) médiatrice technologique pour lutter contre l’illectronisme des patients ».
Ces mesures phares seront remises avec les 66 propositions aux candidats à partir du 4 mars, date à laquelle ces mêmes candidats recevront les propositions des médecins et des autres professions de santé. Les prochaines semaines permettront alors de savoir si les infirmières et infirmiers ont été entendus et compris.
L’accès direct aux infirmières libérales vous apparait-elle comme une incontournable et nécessaire évolution ? Si vous ne deviez retenir qu’une seule proposition ou vœu pour la profession, quelle serait-elle ?