Il suffit d’écouter les informations, de lire les journaux pour comprendre que tous les soignants, des infirmières libérales au kiné hospitalier, sont en souffrance. Bien que la crise sanitaire ait accentué les tensions, le phénomène n’est pas récent. Et si la solution venait de la mobilisation des soignants eux-mêmes ?
Du rififi dans le monde de la santé, les infirmières libérales au bord
Bien qu’elles soient ultra-minoritaires, certaines infirmières libérales et hospitalières font de la résistance en refusant de céder à l’obligation vaccinale, dont la première étape est applicable dès le 15 septembre. Nous ne nous attarderons pas sur ce sujet, mais tenions à souligner les multiples pressions qui s’exercent, depuis des années sur la profession. Certains soignants, hostiles ou non à cette obligation de vaccination, soulignent que la profession infirmière n’est pas défendue comme il se devrait. Ils soulignent ainsi, qu’avant même que l’ex-Ministre de la Santé, Agnès Buzyn, ait été mise en examen, le premier ministre lui-même, M Jean Castex expliquait qu’il « il faut à tout prix éviter (…) que la paralysie guette l’action des pouvoirs publics au moment ou au contraire on a besoin des décisions pour faire face à des crises ».
Alors qui se mobilise ainsi immédiatement pour défendre les intérêts des infirmières libérales ? Bien que des tentatives de création d’intersyndicale ou d’autres formes d’organisations représentatives soient aujourd’hui en cours, les infirmières libérales, comme une grande partie des soignants, se sentent épuisées de devoir se battre sur tous les fronts, le plus souvent contre des « géants de l’administration » (Ministère de la Santé, Caisse d’Assurance Maladie, …), contre lesquels les chances d’obtenir gain de cause sont minimes. Et le monde de la santé a pris conscience de ce manque, tout en agissant pour y remédier.
Prendre soin de l’infirmière libérale et de tous les soignants, une nouvelle mission d’intérêt général
Depuis le 1er septembre, la Maison des Soignants a ouvert ses portes à Paris. Cette maison qui s’étend sur 800 m2 est une réalisation de l’association Soins aux Professionnels de santé (SPS), qui réfléchit à ce concept depuis plus de 3 ans maintenant. Et si cette première maison entièrement dédiée aux professionnels de santé mais aussi aux étudiants a ouvert ses portes dans la capitale, l’association souligne son ambition d’en créer une dans chaque région de France, tant les besoins sont immenses.
Interviewée par EspaceInfirmier.fr, Mme Catherine Cornibert, responsable de la communication de l’association a détaillé les raisons de cette ouverture en soulignant avoir constaté « que les infirmiers et les aides-soignants, principalement, n’étaient pas dans un très bon état de santé ». Cette structure reçoit tous les soignants, quelle que soit leur spécialité, leur profession ou leur statut. Infirmière libérale, médecin hospitalier, aide-soignante, kiné, …. Avant d’accueillir ces soignants en souffrance psychologique, l’association a multiplié les enquêtes et les études, et Mme Cornibet précise ainsi que parmi les professionnels interrogés plus de la moitié espérait « pouvoir se ressourcer par la relaxation, des massages ou encore des rencontres. ».
Des ateliers, des groupes de parole, des consultations psychologiques, une écoute active et bienveillante, …. Les actions se multiplient et les projets ne manquent pas pour prendre soin de ces soignants, qui sont à bout de force. Des formations et d’autres actions sont en cours de réflexion pour offrir une assistance complète à ces infirmières libérales, médecins, et autres aides-soignantes.
Et cette Maison des Soignants, outre la concrétisation d’une ambition au service des professionnels de santé, marque surtout une prise de conscience. Qu’il s’agisse d’infirmières libérales, de kinés, de médecins, les soignants prennent pleinement conscience de problèmes qui leur sont propres. Cette prise de conscience se traduit par la nécessité d’agir ensemble sans attendre d’aides extérieures. Et cela se vérifie au quotidien avec la multiplication des initiatives de ce genre, parallèlement aux décisions prises par les pouvoirs publics, décisions qui ne réussissent pas toujours à mobiliser les premiers concernés : les soignants.
Et vous, estimez-vous que l’aide dont vous pouvez ressentir le besoin, ne peut provenir que d’autres professionnels de santé ? Attendez-vous la création d’une telle maison des soignants dans votre région ? Pourquoi ?