Les infirmières libérales, actrices majeures du maintien à domicile et des soins de ville
On connaît le rôle et les missions des infirmiers et infirmières libérales, mais on est pleinement conscient également des problématiques qui entourent cet exercice. Une problématique d’autant plus importante à l’heure où les autorités publiques réfléchissent aux voies à suivre pour adapter notre système de santé aux évolutions socio-démographiques. Outre la mission première des infirmières libérales, ces dernières représentent, pour le gouvernement, un des socles sur lequel il faut construire un système tenant compte du principal problème du moment : la pénurie de médecins et la progression des médecins médicaux. Si les compétences des infirmières libérales ont été élargies, si les infirmières en pratique avancée ont été créées pour permettre de se substituer en partie aux médecins généralistes, tous les professionnels concernés attendent avec impatience la réforme du décret infirmier, promis par le ministère de la santé avant la rentrée universitaire de septembre 2024. En attendant, les infirmiers libéraux, comme bien d’autres professionnels de santé exerçant en libéral, ont été, une fois de plus pointés du doigt par la Cour des comptes, une mise en cause qui a du mal à passer auprès des infirmières et des infirmiers libéraux.
Réduire les dépenses, une logique économique pour garantir la qualité des soins ?
Dans une note « Accélérer la réorganisation des soins de ville pour en garantir la qualité et maîtriser la dépense », la Cour des Comptes souligne en effet, que les soins de ville représentent une charge financière (107.6 milliards d’euros) plus importante que celle représentée par l’hôpital (98.4 milliards d’euros) pour l’Assurance Maladie. Pour rééquilibrer les comptes (objectif désormais affiché du gouvernement), la plus grande rigueur est donc exigée pour encadrer ces soins de ville, qui représentent en 2022, 48 % des sommes totales déboursées par l’Assurance Maladie. La Cour des Comptes explique cette augmentation, notamment par le déploiement du Bilan de Soins Infirmiers (BSI) : alors que 122 milliards d’euros annuels devaient être alloués au BSI en 2020, ce sont 217 milliards d’euros qui ont été dépensés l’année dernière. La Cour des Comptes émet donc plusieurs recommandations visant non pas les infirmières libérales en particulier mais l’ensemble des professionnels de santé. C’est cette mise en cause qui a provoqué la colère des IDEL(s). Le syndicat représentatif, Convergence Infirmière, s’est indigné de ces « de nouvelles pelletées de terre jetées sur la tête des IDEL(s) », en dénonçant une logique purement économique :
« Nous coûtons trop cher, les patients coûtent trop cher, la santé coûte trop cher »
Le syndicat va plus loin qu’une simple indignation en remettant en cause les préconisations de l’auteur de l’étude. Ces derniers recommandent en effet l’augmentation du nombre de services de soins infirmiers à domicile (SSIAD), une recommandation, qui, selon le syndicat, ne répondrait pas aux objectifs poursuivis. Convergence Infirmière, en reprenant les chiffres de l’étude, détaille ainsi qu’une « une place en SSIAD coûte annuellement 14400€ alors qu’un BSA revient à l’année pour un patient avec majorations dimanche et déplacements à 7585€, 9471€ pour une BSB et 13303€ pour un BSC ».
Toujours est-il que ce genre d’opposition n’est pas de nature à apaiser les relations entre les infirmiers libéraux d’une part et le gouvernement d’autre part, ce qui peut constituer une menace pour la négociation de la réforme du décret infirmier.
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