
La formation des infirmières et des infirmiers en France pose un véritable problème au ministère de la santé. En effet, si les candidatures augmentent depuis plusieurs années, le nombre de diplômés ne cesse de diminuer, année après année. Le ministre de la Santé et de la prévention affirme que la réforme de la formation des infirmières sera un chantier prioritaire dans les prochains mois.
La formation des infirmières et des infirmiers, une situation paradoxale
En mai dernier, la direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (Drees) a publié une nouvelle étude consacrée à la formation des infirmières et des infirmiers de demain. Le constat apparaît être problématique à analyser. D’un côté, l’étude souligne que le nombre d’étudiantes et d’étudiants se destinant à la profession infirmière progresse depuis 2019. Les auteurs se félicitent de cette tendance après une décennie (celle des années 2010) de quasi-stagnation. Cette hausse des inscriptions en IFSI (Institut de Formation en soins Infirmiers) répond en outre aux ambitions du gouvernement, qui a déjà clairement affiché vouloir augmenter le nombre de professionnels de santé formés chaque année. D’un autre côté, l’étude alerte les pouvoirs publics sur un danger : la baisse du nombre d’infirmières et d’infirmiers diplômés. Les étudiants en soins infirmiers sont de plus en plus nombreux à abandonner leur cursus en cours de route. Pour l’année 2021, c’est un étudiant sur 10 (10 %) qui a mis fin à ces études au cours de sa première année de formation, quand ce taux d’abandon plafonnait à 3 % 10 ans plus tôt, en 2011. L’étude souligne ainsi le paradoxe de la situation, sans en chercher les raisons précises et détaillées. Pour la promotion de 2018 (diplômée en 2021), seuls 81 % des étudiants ont obtenu le diplôme d’Etat d’infirmier. La principale raison de cette fuite des soignants réside dans l’abandon en cours d’étude. La Drees se montre plutôt pessimiste quant à un redressement de la situation en soulignant : “Au total, le taux d’abandon observé sur les deux premières années de scolarité de la promotion 2019 atteint déjà le taux d’abandon de la promotion 2018 observé sur l’intégralité de sa scolarité (14 %)”
Repenser la formation des futures infirmières, une priorité portée par le gouvernement
Le ministère de la santé est conscient de cette problématique, qui menace la concrétisation de son ambitieux plan de transformation du système de santé. Le ministre de la santé et de la prévention, François Braun, a déjà affirmé « refonder ce métier d’infirmier, qui n’a pas été modifié depuis 2004 «. Certes, la profession, comme toutes les autres professions de santé, connait déjà des changements profonds, comme avec la loi RIST officiellement promulguée. La délégation d’actes et de compétences est appelée à se multiplier, et la France aura besoin, dans les années à venir, d’un nombre suffisant d’infirmières et d’infirmiers. La diminution, aussi sensible soit-elle, du nombre de diplômés constitue donc bien un véritable problème, que le ministère n’entend pas laisser se transformer en handicap. « Ça fait 20 ans qu’on n’a pas modifié le décret de compétences des infirmiers […]. Moi, ce qui m’intéresse, c’est de donner des missions aux infirmiers, et, dans ces missions, ils travailleront main dans la main avec les médecins. » a expliqué le ministre en annonçant avoir lancé une « vaste concertation » pour reformer en profondeur la formation des infirmières et des infirmiers. Parce que la situation ne doit pas se dégrader davantage, le ministre de la Santé et de la prévention a fait connaitre son empressement, puisqu’il espère voir cette réforme de la formation des infirmières entrer en vigueur dès la rentrée 2024. Le compte à rebours est donc déjà lancé, alors que certaines organisations représentatives de la profession ont déjà fait entendre leurs craintes.
Estimez-vous que revoir la formation des infirmières et des infirmiers est le chantier prioritaire pour la profession ? Quelle devrait, selon vous, être les pistes à suivre ? Estimez-vous que vouloir une réforme applicable dès 2024 est réalisable ?