Les soins postopératoires représentent une part importante de l’activité des infirmières et infirmiers libéraux de France. Avec l’intensification de l’ambulatoire, la tendance est appelée à se renforcer dans les prochaines années, et depuis 2019, l’avenant 6 a officialisé l’importance de cette dimension en créant notamment de nouveaux actes. Il apparait essentiel de bien les connaître pour éviter tout risque d’erreur.
Les soins postopératoires, un pilier de la politique de Santé publique
Parmi les missions récurrentes assignées aux IDEL, l’accompagnement des patients lors de leur retour à domicile après une hospitalisation constitue une priorité majeure. En effet, la généralisation de l’ambulatoire a multiplié les besoins en la matière. Pour accompagner cette orientation structurelle de la politique de soins, les autorités publiques se sont efforcées, depuis le début des années 2010, d’introduire la RAAC (Réhabilitation améliorée après chirurgie). Visant à améliorer le parcours de soin global du patient pour tout acte chirurgical, ce protocole englobe des mesures pré, per et postopératoires. Chacune d’entre-elles place le patient au cœur du dispositif.
Dans tous les cas, cette prise en charge repose sur une équipe pluridisciplinaire, parmi laquelle les infirmières libérales occupent une place essentielle pour assurer le retour immédiat des patients à leur domicile après leur hospitalisation.
La Réhabilitation améliorée après chirurgie
D’abord réservée à la chirurgie colorectale, cette procédure a été généralisée à tous les actes chirurgicaux. Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), ce protocole concernait, en 2018, un acte chirurgical sur 5 en France (20 %). Assurant une amélioration de la convalescence, le dispositif participe à une réduction de la morbidité générale et des complications. Cette baisse de la durée moyenne de séjour se traduit par une diminution significative des coûts financiers.
Le rôle central de l’IDEL pour le retour à domicile
L’ambition des pouvoirs publics consiste donc à généraliser l’application de ces différents protocoles. Cela souligne naturellement la place prépondérante qu’occupent les soignants de ville, les libéraux, vers qui la RAAC reporte une partie des soins traditionnellement dispensés en service hospitalier.
Les IDEL doivent ainsi répondre à de multiples obligations liées à cette prise en charge, et une grande partie de celles-ci est dévolue à la surveillance clinique du patient, depuis la prise des constantes jusqu’à l’évaluation de la douleur, ou encore la vérification de la bonne prise médicamenteuse ou celle liée à l’absence de signes infectieux.
Suivant les indications de la prescription médicale, l’IDEL procédera également à la réfection du pansement, au retrait des points ou agrafes, ainsi qu’à la gestion des systèmes de drainage (étanchéité du système, changement du réceptacle, retrait du dispositif, …). La surveillance des sondes urinaires, les soins liés aux stomies urinaires ou digestives, … complètent cet ensemble des soins postopératoires dévolus aux infirmières et infirmiers libéraux.
La cotation des soins post-opératoires et les erreurs à éviter pour les IDEL
Signé en mars 2019 entre l’Assurance Maladie et les deux organisations représentatives de la profession (FNI et Sniil), l’avenant 6 à la convention infirmière a officialisé cette dimension pour l’activité des IDEL, notamment en créant 4 nouveaux actes de surveillance inscrits à la NGAP :
- Surveillance clinique et d’accompagnement post-opératoire à domicile
L’IDEL ne peut facturer que 3 séances par jour (cotation : AMI 3.9) pendant une durée maximale de 6 jours. Cette séance est cumulable à taux plein avec les actes n° 3 et n° 4, mais pas avec le n° 2
- Surveillance et/ou de retrait d’un cathéter périnerveux pour analgésie post-opératoire
La présence d’un aidant à domicile va réduire le nombre maximum de séances (2 sans aidant, une avec aidant), qui peuvent avoir lieu pendant 3 jours consécutifs (cotation : AMI 4.2)
- Surveillance de drain de redon et/ou retrait post-opératoire de drain
Cette surveillance peut être facturée deux fois au maximum (AMI 2.8). Si elle comprend le changement du flacon de redon, elle n’intègre pas les pansements, qui devront donc être cotés et facturés en respectant la règle de dégressivité des actes.
- Retrait de sonde urinaire
Cet acte, qui ne concerne pas uniquement les soins post-opératoires, est côté AMI 2.
Formation et pratique pour une limiter le risque d’erreur de cotation
Comme pour tout autre professionnel de santé, l’IDEL doit donc disposer de l’information pertinente et se former pour pouvoir répondre à ses obligations. D’autant plus que cette démarche RAAC nécessite également l’utilisation du DMP pour faciliter échange et transmission avec les autres soignants de l’équipe et / ou de l’établissement hospitalier.
Au-delà de la formation et de la pratique au quotidien, les syndicats représentatifs de la profession ont rappelé l’importance de la qualité de la prescription médicale. Celle-ci doit être précise et mentionner les soins exacts à prodiguer. Enfin au-delà des règles traditionnelles et celles plus récentes introduites par cet avenant 6, les IDEL doivent également garder en tête, qu’aucun soi, aucune action ne peut être facturé le jour où un patient est réhospitalisé. L’administration pourrai considérer une telle facturation comme un indu.



