Exercer en tant qu’infirmière libérale à la campagne peut effrayer certaines IDEL(s) urbaines. Ces dernières gardent en mémoire les stéréotypes et les clichés, qui restent bien ancrés dans l’imaginaire collectif. Certes, s’installer en campagne doit se préparer, mais les difficultés rencontrées n’effacent pas tous les avantages que chacun et chacune peut y trouver. Bien qu’il soit difficile de généraliser, suivez-nous dans cette découverte des infirmiers libéraux de campagne.
Une IDEL en zone rurale, avant tout une professionnelle de santé
Bien que l’on distingue fréquemment les infirmières libérales en zone urbaine et en zone rurale, elles exercent le même métier. Les soins dispensés aux patients, les obligations en matière déontologique et / ou d’éthique, les exigences comptables, la nécessité de choisir une forme juridique pour exercer, …, sont identiques.
Pour autant, s’installer en tant qu’IDEL à la campagne doit être une décision mûrement réfléchie, en tenant compte des avantages sans occulter les difficultés, qui peuvent survenir. Petite revue de détail des principaux aspects de cet exercice rural.
Un cadre de vie en phase avec vos aspirations et vos préférences
Devenir infirmière libérale constitue en soi un choix de vie, une vocation. Il en va de même en ce qui concerne le lieu d’installation. De multiples raisons peuvent vous conduire à préférer les villages aux grands centres urbains :
- L’envie d’exercer sur le territoire de votre enfance, là où vous avez grandi,
- Votre volonté d’un cadre de vie plus bucolique, plus champêtre, plus agréable, …
- Votre aspiration à un projet immobilier, plus aisément concrétisables en campagne que dans certaines villes, frappés par la crise immobilière,
- Votre souhait de vous extirper du stress des grandes villes, d’échapper aux embouteillages, …
- La possibilité de bénéficier d’aides financières et matérielles en choisissant de vous installer dans un désert médical,
- …
Quelle que soit votre motivation, vous décidez de visiter des patientes et des patients, moins stressés eux-aussi. Vous disposez de davantage de temps pour vous occuper pleinement de votre patientèle, et les relations ne sont pas anonymisées comme cela peut être le cas dans les métropoles. Bien sûr, cela vous confronte à des difficultés, que vous n’éprouveriez pas en ville et nous vous en parlons ci-dessous. Mais finalement, votre cadre de vie (habitat, paysage, relations avec votre entourage, …) se révèle plus conforme à vos attentes et envies, et n’est-ce pas là le plus essentiel ?
Des patients moins nombreux mais souvent dans l’attente d’une IDEL !
La campagne, voilà un mot qui a fait rêver plus d’un citadin, il n’y a pas très longtemps. Souvenez-vous, pendant la crise sanitaire du coronavirus, le nombre d’actifs qui ne rêvaient que d’une chose : venir s’installer à la campagne ! Cet élan est depuis passé, et la nature même de ces zones rurales explique en grande partie ce phénomène. En effet, bien qu’il soit difficile de définir précisément ce qu’est une zone rurale, on peut souligner que la concentration d’habitants (et donc de patients potentiels pour l’infirmière libérale) est bien moins importante que dans les grandes agglomérations. Naturellement et mathématiquement, cette faible densité de population conduit à un nombre plus limité de patientes et de patients et in fine de soins à prodiguer.
Vous n’êtes pas la première à vouloir satisfaire une vocation en vous consacrant à celles et ceux, qui ne bénéficient pas (ou pas suffisamment) de soignants à proximité. La « diagonale du vide », les déserts médicaux, … voilà des qualificatifs, qui caractérisent bien souvent les campagnes françaises. Vous gérerez donc, en devenant une IDEL rurale, une patientèle moins importante que vos consœurs installées dans des agglomérations même modestes. Moins de patients mais aussi, et il faut le souligner également, moins de concurrence. Vous vous apprêtez à exercer dans une zone, pouvant parfois être considérée comme un désert médical. Les autres professionnels de santé du secteur, le bouche-à-oreille, …seront de précieux atouts pour vous faire connaître. Voilà de nouvelles formes de communication, avec lesquelles vous familiariser.
La patientèle en zone rurale : un défi lancé au sens de l’organisation !
On ne va pas se mentir, mais une de vos craintes concerne les déplacements. Vous avez certes aménagé votre local infirmier, mais vous allez consacrer l’essentiel de votre exercice à visiter vos patientes et vos patients. Dans les grandes agglomérations, organiser une tournée de patientèle peut rapidement tourner au casse-tête tant les embouteillages et les difficultés de circulation sont par définition imprévisibles.
En revanche, en campagne, vous ne serez que très rarement retardés par un bouchon sur la route. En revanche, il vous faudra parcourir davantage de distance. Certains infirmiers libéraux en zone rurale parcourent jusqu’à 300 kilomètres quotidien pour leur tournée de patientèle. Les villages peuvent non seulement être très très étirés, mais ils sont parfois éloignés les uns des autres de plusieurs dizaines de kilomètres. Forcément, cela vous conduit à devoir avaler les kilomètres et in fine allonger votre temps de travail.
Il est donc essentiel de bien s’organiser pour élaborer votre tournée de patientèle. Albus vous a préparé un guide pour vous libérer l’esprit. Ne voyez pas les choses en noir. Si les lapins, les retards à honorer les rendez-vous sont nombreux dans les grandes villes, ces « incivilités » à votre égard sont rarissimes en zone rurale. Vous êtes souvent la seule soignante dans les environs, alors vous êtes attendu.
Exercer à la campagne, un risque d’isolement ?
Les clichés ont la vie dure, et nous avons tous en tête l’image d’une infirmière libérale sillonnant seule sa campagne et se sentant bien isolée. Vous ne venez pas exercer dans une zone rurale pour vous rapprocher d’un grand centre hospitalier, ou pour pouvoir vous confronter aux autres infirmières et infirmiers libéraux. En revanche, s’installer dans un village ou une petite ville ne vous prive pas de la possibilité d’un exercice coordonné.
Il sera plus aisé de se rapprocher des médecins, masseurs-kinésithérapeutes et autres professionnels de santé du secteur. Ces derniers seront plus enclins à conforter leurs relations avec les autres soignants de leur secteur.
En revanche, il est vrai qu’exercer en zone rurale peut vous demander davantage de temps pour rechercher un(e) remplaçant(e) pour vos périodes de congés. Il faut l’anticiper bien en amont mais aussi aider votre prochaine remplaçante à s’organiser (logement, repérage pour les déplacements, …)



