IDEL : que faire face aux agressions ?

IDEL : que faire face aux agressions ?

En France, ce sont en moyenne 65 professionnels de santé qui sont victimes d’agressions verbales ou physiques par jour. Et très souvent, les IDEL ne savent pas quoi faire face à ces agressions. Albus est là pour vous apporter des réponses.

La discrimination et le racisme comme principaux facteurs d’agression

Le samedi 23 mars 2024 restera gravé dans la mémoire de Raicha Mouhamadi, et pas pour les bonnes raisons. Cette infirmière libérale dans la région nantaise a terminé sa consultation « en pleurs », comme elle l’explique dans les colonnes de Ouest France. Ce jour-là, Raicha est en consultation dans le centre de Nantes auprès d’un patient âgé de 90 ans. Outre « l’accueil très froid, sans un bonjour », l’IDEL va être victime d’une agression raciste de la femme du patient : « L’épouse se met à m’appeler en tapant dans ses mains, comme si elle appelait un chien et me dit sur un ton sec : Allez, dépêchez-vous, vous êtes en retard ! »

Un racisme vécue par bons nombres d’infirmiers libéraux. « On me demande d’accomplir des actes qu’on ne demande pas aux autres comme descendre les poubelles par exemple », témoigne Pauline. Si cette Franco-Rwandaise, IDEL de 60 ans, considère « ses patients comme des membres de sa famille », elle a également dû faire face à de nombreuses agressions, verbales principalement. Le motif ? « Je suis une femme noire », précise-t-elle.

Une expérience que partage aussi Hawa, infirmière libérale dans la région nantaise : « L’autre jour, nous sommes allées à deux avec une collègue chez une dame âgée. Quand elle a ouvert à ma collègue, elle lui a fait un grand sourire. Quand elle m’a vue, son visage s’est décomposé. » Une humiliation difficile à vivre pour ces infirmières libérales qui n’hésitent désormais plus à prendre la parole. En France, près de 68 %, des agressions physiques ou verbales des professionnels de santé sont justifiées par des motifs racistes, sexistes, homophobes ou transphobes.

 

 

« Il aurait pu me taper à mort. »

Mais les agressions peuvent également subvenir pour des motifs médicaux, notamment à cause d’un manque de suivi et de considération à l’encontre des patients, dont certains souffrant de troubles psychotiques. C’est ce qu’a vécu Valérie, infirmière à domicile dans la banlieue de Reims, avec un patient atteint de troubles psychotiques. Alors qu’elle avait pourtant alertée plusieurs jours auparavant le psychiatre que sa situation s’était détériorée et qu’il devait être hospitalisé, celui-ci a refusé.

 

« Il est sorti en furie de sa chambre et il s’est jeté sur moi. Je suis tombée sur la table de la salle à manger et il a continué à me rouer de coups. Il a arrêté de taper, mais il aurait pu me taper à mort », témoigne Valérie. Elle persiste à dire que cette situation aurait pu être évitée : « On savait qu’il pouvait devenir dangereux. On vient rendre un service et en échange, on ne doit pas se faire taper dessus. C’est de plus en plus fréquent et il y en aura malheureusement de plus en plus si les autorités ne prennent pas en compte le fait qu’il y a un réel problème sur la prise en charge, entre autres, de ces patients schizophrènes psychotiques. »

Pour rappel, une agression physique ou verbale est punissable juridiquement.

Interrompre la consultation, une étape nécessaire

Selon le Ministère de la santé et de l’accès aux soins, on ne recense pas moins de 65 agressions physiques ou verbales du personnel de santé par jour en 2023. Un chiffre conséquent qui peine à diminuer. En ce qui concerne les infirmiers libéraux, 8% déclarent avoir connu des violences. Mais alors que faire face à ces agressions ?

Que ce soit une simple insulte ou des coups, une agression reste une agression. La première étape est certainement la plus importante : interrompre la prise en charge du patient.

Cette étape est souvent la plus difficile mais elle est nécessaire.

Comment interrompre cette prise en charge ? Tout d’abord, en informant oralement le patient. Puis, il faut s’assurer de prévenir son médecin traitant qui se chargera de lui trouver un relais.

Signaler pour obtenir justice

Ensuite, il est conseillé de signaler votre agression auprès de différentes organisations, comme le Conseil Départemental de l’Ordre ainsi qu’auprès de l’Ordre National des Infirmiers (ONI) qui vous propose un formulaire à remplir.

La prochaine étape est de vous rendre chez un médecin pour faire constater vos séquelles (physiques ou morales). Ce dernier pourra ensuite déterminer une ITT en fonction de la gravité de votre état de santé.

Vous avez eu le courage et la force d’interrompre votre consultation et de signaler cette agression mais il est important, pour votre sécurité, votre intégrité et pour le respect de votre profession, d’obtenir justice. Autrement dit, de porter plainte auprès d’un commissariat de Police ou de Gendarmerie. Cette étape est souvent négligée par beaucoup de victimes d’agressions pour de multiples raisons (envie de passer à autre chose, minimisation des faits…), mais elle est extrêmement importante. Suite à son agression physique, Valérie a décidé de porter plainte et a reçu sept jours d’ITT et dix jours de repos.

 

Toujours être sur ses gardes

Si la majorité de ces agressions sont difficilement anticipables, nous vous conseillons de toujours être prudent lors de vos consultations, en indiquant par exemple votre position à vos proches, en gardant votre téléphone sur vous ou bien en veillant à ce que la porte du domicile soit accessible rapidement en cas de force majeure. Bien évidemment, Albus reste à vos côtés dans ces moments difficiles.

 

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