Chaque jour, l’infirmière libérale visite sa patientèle. Au cours de ces visites à domicile, la professionnelle de santé peut être confrontée à des situations difficiles voire complexes. Elle peut ainsi devoir faire face à une urgence vitale ou tout du moins à une situation mettant en péril le bien-être du patient. Comment réagir quand on se retrouve seule face à une telle situation ?
L’urgence à domicile : quelles conduites à tenir dans le cadre de la profession d’infirmier libéral ?
Arrêt respiratoire, crise cardiaque, perte de conscience, AVC, tentative de suicide ou bien encore accouchement, …, les visites à domicile des professionnels libéraux donnent lieu parfois à des situations difficiles. Certaines peuvent mettre en danger la vie même des patients.
Face à la multiplication de tous ces facteurs de risques et à la complexité des réponses adaptées pour chaque cas, pas toujours facile de savoir agir dans l’intérêt du patient tout en respectant son champ de compétences.
La compétence première demandée à l’infirmier sera de définir l’urgence médicale afin de pouvoir avertir les services compétents. Selon Emmanuel Cassanas : « L’IDEL doit d’abord et surtout se concentrer sur la symptomatologie et non pas se lancer dans un diagnostic pour lequel il n’a pas été formé. ». Ainsi le rôle de l’infirmier libéral sera de dresser un bilan de la situation aux secours en fonction de son constat.
En d’autres termes, l’infirmière ou l’infirmier se devra avant tout de vérifier les constantes : la respiration, la conscience et l’activité cardiaque. En tant que professionnel de santé, il se méfiera des signes trompeurs (Une personne sourde, un patient ou une patiente atteinte d’une pathologie psychiatrique, …). La relation entre le soignant et son patient facilite ce travail de constatation. Cette connaissance étroite du patient, que l’IDEL peut visiter depuis longtemps, permettra aussi d’identifier les situations plus complexes, comme un état dépressif pouvant conduire à un geste désespéré.
Dans tous les cas, comme toute autre personne faisant face à une telle situation, l’infirmier devra contacter les services d’urgence (SAMU, …) ou les services les plus appropriés pour garantir une intervention et une prise en charge dans les meilleurs délais. A ce titre, les compétences et le savoir faire de ce professionnel de santé pourront être mis à contribution par les équipes d’urgence pour dresser un bilan lésionnel et/ou pour pratiquer les premiers soins.
Les gestes d’urgence et l’importance de la traçabilité des soins dans le cadre des responsabilités IDEL
Selon l’article R.4311-14 du Code de la santé publique : « En l’absence d’un médecin, l’infirmier ou l’infirmière est habilité, après avoir reconnu une situation comme relevant de l’urgence ou de la détresse psychologique, à mettre en œuvre des protocoles de soins d’urgence, préalablement écrits, datés et signés par le médecin responsable. ». Toutefois en cas d’absence de protocole médical, ou du médecin, ce même article prévoit que « l’infirmier ou l’infirmière décide des gestes à pratiquer en attendant que puisse intervenir un médecin. Il prend toutes mesures en son pouvoir afin de diriger la personne vers la structure de soins la plus appropriée à son état. ».
Bien qu’il puisse s’appuyer sur sa formation et son expérience, le professionnel devra donc tracer l’ensemble des actes et des soins dispensés, tout au long du déroulé de cette urgence. Si un acte nécessaire à la santé du patient dépasse le champ de compétences du soignant, ce dernier peut néanmoins être amené à le réaliser sous réserve du respect d’un certain nombre de recommandations. La société française des médecins d’urgence a publié un guide recensant l’ensemble de ces recommandations : L’INFIRMIER (ERE) DIPLOME(E) D’ETAT SEUL DEVANT UNE SITUATION DE DETRESSE MEDICALE.
Même après avoir contacté les services concernés, l’infirmière reste responsable de son patient. Il devra ainsi s’assurer d’une prise en charge rapide, quitte à le réorienter en cas d’un temps d’intervention estimé trop long pour les pompiers ou le SAMU. C’est ce que confirme une synthèse d’une des assurances des professions médicales, la MACSF : « En cas de dommage dû à un retard de prise en charge du patient, un tribunal pourrait considérer que face à la carence du médecin (qui devra également répondre de ce défaut de soins), il appartenait à l’IDE de prendre toute mesure afin de préserver l’intégrité du malade. ».



