Les fêtes de fin d’année ne signifient pas forcément une pause pour les IDEL, dont les tournées se poursuivent très souvent malgré les jours fériés. Cette période particulière soulève pourtant des questions pratiques et juridiques essentielles. Comment s’organiser lorsque l’on travaille à Noël, et quels droits ou compensations sont prévus pour les IDEL ? Albus est là pour vous éclairer.
Chaque année, dès que les vitrines se couvrent de guirlandes lumineuses et que les boîtes de chocolats envahissent les rayons, un parfum de fête flotte dans l’air. Sans trop aller dans le cliché : les calendriers de l’Avent s’ouvrent mécaniquement, les cartes bleues s’affolent lors des achats de dernière minute, et les familles s’apprêtent aux débats endiablés autour de repas qui s’éternisent toujours un peu trop. On parle organisation des cadeaux, choix de la bûche, et stratégies pour esquiver le cousin qui veut absolument débattre de politique entre la dinde et le fromage. Pour beaucoup, Noël est une parenthèse enchantée où la routine se met sur pause. Mais pour d’autres, et notamment les infirmières libérales, la pause n’existe pas vraiment.
Pour les IDEL, cette période festive ne suspend ni les pansements, ni les anticoagulants, ni les toilettes thérapeutiques. Le 25 décembre ressemble souvent à un 18 avril, à ceci près que les rues sont plus calmes, les commerces souvent fermés et aussi, des patients qui se retrouvent seuls. Pendant que la France déballe ses cadeaux en pyjama, une partie du corps paramédical enfile, comme chaque matin, une paire de chaussures confortables et prend la route pour assurer les tournées.
Travailler pendant les fêtes, ce n’est pas seulement accepter de sacrifier un repas de famille : c’est repenser toute son organisation pour ne pas se laisser déborder par une période qui, contrairement à la légende, n’est pas forcément synonyme de lenteur. Comment anticiper ? Comment se préserver ? Et surtout, quels sont les droits et compensations lorsque l’on est sur le terrain pendant ces jours si particuliers ?
Comment s’organiser en tant qu’IDEL qui travaille pendant les fêtes ?
Pour une infirmière libérale, les fêtes de Noël ne sont pas une simple case rouge sur le calendrier : ce sont des journées où les habitudes des patients changent, où les familles s’agglutinent ou au contraire disparaissent, et où les tournées deviennent moins prévisibles. Le premier défi, c’est sans doute l’anticipation. Les patients chroniques voient parfois leur rythme de vie modifié par les festivités : repas plus riches, horaires chamboulés, déplacements vers la famille. Une hypoglycémie peut se glisser entre deux tranches de foie gras, un anticoagulant peut être oublié dans un sac de voyage. L’infirmière libérale doit donc jouer les cheffes d’orchestre avant même que le concert ne commence, en rappelant l’importance du suivi notamment pour les soins vitaux. Un petit coup de fil en amont, un réajustement d’horaire, et on évite déjà beaucoup de mauvaises surprises.
Concernant la tournée, celle-ci nécessite donc une organisation quasi militaire afin de ne pas courir partout, mais d’être maître de son temps. Pour cela, il est nécessaire d’anticiper et donc de réévaluer sa charge de travail, rétablir un ordre de passage plus serré et surtout, renforcer la communication et le dialogue. Pourquoi ? Car bons nombre de patients voient cette période de fin d’année comme un moment où l’IDEL devient presque un membre de la famille, celui qui passe entre le dessert et le digestif et qui apporte un peu de normalité dans un cadre où tout vire au folklore. Cette dimension humaine peut être un moteur, mais elle peut aussi rallonger les visites : difficile de refuser la boîte de chocolats ou le monologue du petit-fils sur son amour pour le Paris-Saint-Germain.
S’organiser pendant les fêtes, c’est aussi se préserver. Les IDEL le savent bien : même si la tournée ne prend « que » quelques heures, elle coupe la journée en deux, empêche parfois de s’absenter de la ville, complique la logistique familiale. Certains optent pour une garde alternée avec un confrère, d’autres prévoient leur réveillon à des horaires moins conventionnels. L’essentiel est de ne pas vouloir jouer les super-héros : les fêtes amplifient déjà la fatigue émotionnelle, inutile d’y ajouter une surcharge professionnelle. Les IDEL qui s’en sortent le mieux sont souvent ceux qui acceptent de poser un cadre clair.
Droits et compensations : ce que les IDEL doivent vraiment savoir
Travailler pendant les fêtes n’a rien d’un conte de Noël. Néanmoins, certains droits et compensations permettent d’aborder cette période plus sereinement. Par exemple, la NGAP prévoit une grille tarifaire qui reconnaît la spécificité de ces journées, notamment grâce à la majoration dédiée aux dimanches et jours fériés. Une MCI de 8 euros peut sembler anecdotique quand on l’évoque en termes purement comptables, mais elle représente une reconnaissance concrète du service rendu, un marqueur symbolique que ces jours ont une valeur particulière.
Lorsque les soins se déroulent la nuit, ce qui arrive plus souvent qu’on ne le pense dans la période des fêtes notamment après les lendemains difficiles, les majorations viennent compléter le tableau. Elles rappellent une évidence : se déplacer dans un froid mordant à 22 h pour une injection d’insuline oubliée est un service essentiel, et il est juste qu’il soit rémunéré à sa hauteur. Les IDEL doivent aussi garder en tête que la continuité des soins ne signifie pas servitude. Travailler un jour férié n’implique pas d’accepter toutes les demandes improvisées sous prétexte qu’il « n’y a personne d’autre ».
De nombreuses infirmières libérales ignorent également que la relation contractuelle peut leur offrir d’autres leviers de compensation, notamment en cas de remplacement. La rémunération d’un remplaçant sur un jour férié n’a rien d’automatique : elle dépend entièrement du contrat établi entre les deux parties. Certains prévoient une majoration, d’autres non, et c’est justement dans cette flexibilité que les IDEL peuvent défendre le mieux leurs intérêts. Le jour férié n’est pas une anomalie dans le planning : c’est une journée où la charge mentale, la disponibilité et la responsabilité augmentent mécaniquement. L’inscrire contractuellement, c’est éviter les malentendus et reconnaître la spécificité du travail fourni.
En définitive, les fêtes ne transforment pas les IDEL en lutins bénévoles. Elles rappellent simplement que ce métier repose sur une disponibilité rare, une implication constante, parfois en décalage complet avec le rythme du reste du pays. Connaître ses droits, c’est refuser que cette disponibilité devienne invisible.



