
Plus que n’importe quel autre secteur d’activité, les professions médicales sont souvent les premières touchées par les burn-out. Si le burn-out est une maladie et qu’il nécessite un suivi médical, il est néanmoins possible de diminuer les risques en veillant à son bien-être au travail et en divisant vie pro et vie perso.
La santé mentale. Si pendant de longues années, ce sujet a souvent été mis sous le tapis, il est désormais devenu important et non négligeable dans le monde professionnel. Selon une étude publiée par la CFE CGC, ce ne sont pas moins de 30% des Français ayant eu une activité professionnelle qui ont déjà eu un burn-out.
Un chiffre conséquent qui grimpe encore plus pour les professions médicales : près de 60% des infirmiers, aide-soignantes ou encore médecins déclarent avoir vécu des épisodes d’épuisement professionnel. Selon le collectif Santé en danger qui a contacté plus d’un millier de professionnels de santé, 78% d’entre eux ont été diagnostiquées en burn-out. Un chiffre qui fait froid dans le dos.
Infirmière libérale, une profession passion mais épuisante
Et les IDEL ne font pas exception. En effet, comme le stipule une étude publiée par Convergence Infirmière en novembre 2023, plus de 76% des IDEL déclarent être fatigués, déprimés ou en situation de burn-out. « Ça m’arrive régulièrement de vouloir tout arrêter », témoigne Sophie. Infirmière libérale en région parisienne, elle ne compte plus ses heures : « On enchaîne les journées et par moment, on en perd le côté humain. J’ai pendant longtemps eu l’impression d’être une machine et de ne plus trouver de sens à ce que faisait », témoigne-t-elle. Si le burn-out est une maladie qui nécessite un suivi médical par un spécialiste, il est possible d’en diminuer les risques.
IDEL est votre métier, pas votre vie
Souvent, lorsque l’on exerce le fameux « métier-passion », il est souvent compliqué de faire la part des choses et de définir une frontière claire entre le pro et le perso. Un surmenage qui a un impact direct et très souvent négatif sur votre entourage, en premier lieu, comme l’atteste Sophie. « J’ai eu des moments très compliqués dans ma vie personnelle, car je ne pensais qu’au travail. Je rentrais chez moi et je parlais de ma journée de travail pendant une heure avec mon mari, qui en avait marre. Lui aussi a ses problèmes au travail, il ne rentre pas pour en avoir d’autres », raconte-t-elle.
Consciente du problème, Sophie a ensuite décidé de prendre les choses en main : terminés les longs monologues où elle raconte ses problèmes de travail à son mari ou encore les soirées passées sur son téléphone et son ordinateur à faire de la paperasse : « Généralement, mon mari rentre une heure après moi. Dès qu’il rentre, je coupe mon ordinateur et mon téléphone. C’est extrêmement important d’avoir cette barrière », souligne l’IDEL parisienne.
S’offrir des bulles de décompression
Outre la frontière entre le monde pro et perso, il est également important, pour ne pas dire essentiel, de s’offrir des moments de décompression. Pour Sophie, c’est la boxe : « J’avais besoin d’évacuer le stress du travail. Un ami à moi a un club de boxe, je l’ai rejoint il y a trois ans et ça m’aide énormément. J’y vais deux à trois par semaine et quand je sors de ma séance, j’ai l’esprit libre et je suis moins stressée. »
De la boxe, un footing, de la cuisine, de la lecture ou encore les jeux vidéo, peu importe l’activité choisie, l’IDEL doit (et non pas peut) s’offrir des moments de détente et de relaxation. C’est votre moment à vous ! « J’ai un collègue qui s’est pris de passion pour les Lego. Il passe toujours une petite heure après son travail à faire des constructions. Ça l’aide beaucoup », ajoute Sophie.
Créer une atmosphère de bien-être au travail
Bien que l’on parvienne à faire une frontière entre le monde perso et le monde pro, si ce dernier est chaotique, tôt ou tard, vous craquerez. Considérée comme l’une des professions les plus éprouvantes mentalement, l’infirmière libérale peut faire en sorte de passer une meilleure journée, en créant une atmosphère positive au travail. Certes, cela n’enlèvera en rien aux difficultés et au stress quotidien, mais cela peut grandement améliorer votre bien-être et ainsi vous permettre de retrouver un certain épanouissement.
Autorisez-vous une bulle de décompression entre deux patients, en s’accordant 5 minutes pour se relaxer, que ce soit pour une séance de cohérence cardiaque ou bien en buvant un thé, un café. Pour Sophie, ce qui a vraiment changé son quotidien, c’est la musique. « Pendant, très longtemps, j’écoutais la radio dans ma voiture. Quand on sort d’une consultation avec un patient difficile et qu’on entend le flash info avec des mauvaises nouvelles, ça ne fait pas forcément du bien au moral », témoigne-t-elle.
Aidée par son fils, l’infirmière parisienne a alors installé une plateforme de streaming musical sur son téléphone : « Mon fils m’a parlé de Spotify et me l’a installé sur mon téléphone et ça a tout changé. Il m’a expliqué comment ça marchait et désormais, j’écoute ma musique entre deux patients. C’est bête à dire, mais cela m’aide énormément. » Un album à écouter en tant qu’IDEL ? Pour Sophie, aucun doute : « D’eux de Céline Dion. »
La fatigue mentale, la fatigue la plus difficile à guérir
Si ces petits conseils peuvent aider à éviter le burn-out, il est souvent compliqué de le diagnostiquer. Quelques signes peuvent néanmoins avertir d’un burn-out : irritabilité, troubles du sommeil ou encore perte de motivation. Lorsque le moral est dans les chaussettes, il est impératif de consulter un professionnel. En parallèle de ce suivi médical, il est possible également de participer à des groupes de paroles : échanger avec des confrères permet de partager ses expériences, de se sentir compris et de rompre l’isolement.
Se sentir moins seul est la première clé pour sortir de la dépression. Vous pouvez également vous former à la gestion du stress avec différents ateliers ou formations spécifiques qui peuvent fournir des techniques pour mieux gérer les situations stressantes. Prendre soin de sa santé mentale n’est pas un signe de faiblesse, mais une démarche proactive pour assurer une pratique professionnelle durable et épanouissante.
Les IDEL sont au cœur du système de soins à domicile, mais cette position les expose à des risques élevés d’épuisement physique et mental. Reconnaître ces défis et adopter des stratégies pour les surmonter est crucial. En prenant soin d’eux-mêmes, les IDEL peuvent continuer à offrir des soins de qualité tout en préservant leur bien-être. Se détendre quand on est IDEL peut sembler compliqué avec un rythme de travail intense, des horaires variables et beaucoup de responsabilités… Mais c’est essentiel pour éviter l’épuisement.