L’épuisement des infirmières et infirmiers libéraux, une réalité incontestable
La profession infirmière souffre. Tous les acteurs de la santé le reconnaissent. C’est notamment pour leur apporter une réponse, que le ministre de la Santé s’est engagé à réformer la profession. En attendant ce nouveau décret d’actes infirmiers, force est de constater que les IDEL(s) peuvent se sentir ignorés. En effet, le plus souvent, les enquêtes autour de la profession se cristallisent autour des infirmières hospitalières. Les souffrances de ces dernières sont réelles. Mais elles dissimulent celles spécifiques vécues par les infirmiers libéraux au quotidien.
En interrogeant plus de 5.500 IDEL, le syndicat Convergence Infirmière répond à cette lacune. En publiant en novembre dernier les résultats de son enquête « La pénibilité du métier d’infirmière libérale », le syndicat dresse un véritable portrait des difficultés du quotidien à travers les réponses des IDEL(s) aux 37 questions de l’enquête. Dans la présentation de ces résultats, les auteurs alertent les pouvoirs publics sur l’urgence de la situation :
Les infirmières et les infirmiers libéraux sont au bord de la rupture. Des réponses d’ampleur doivent être apportées au profond malaise qui frappe les IDEL. Nous sommes un maillon essentiel du système de santé du pays.
Des conditions de travail de plus en plus pénibles pour les infirmiers libéraux
Les infirmières libérales soulignent la pénibilité de leurs conditions de travail, qui ne commencent pas lorsqu’elles franchissent la porte du domicile de leurs patients. Elles doivent passer du temps à se déplacer et 84, 67 % des IDELS effectuent entre 50 et 200 kilomètres quotidiennement. Le temps passé à se déplacer peut varier en fonction du territoire d’exercice. En revanche, près de 3 infirmières sur 4 reconnaissent que ces « conditions de circulation constituent un facteur de pénibilité ».
Dans les zones urbaines (39,65 % des IDEL(s) interrogés) et péri urbaines (22,4 %), le stationnement représente aussi une difficulté et un stress et donc un facteur de pénibilité supplémentaire (67,68 %). Les infirmières libérales décrivent ensuite les innombrables déplacements, qu’elles doivent faire à pied, le nombre de marches qu’elles doivent gravir (43,56 % des IDEL(s) gravissent quotidiennement entre 100 et 500 marches). Avant même d’interroger les professionnelles de santé sur les soins à proprement parler, l’étude souligne des conditions difficiles. D’autant plus, que le nombre de patients à visiter tend à augmenter pour les IDEL(s). Plus de deux infirmières sur trois (66,13 %) confirment visiter entre 20 et 40 patients par jour.
Une pénibilité accrue avant même d’être au chevet des patients
Les infirmières et infirmiers libéraux souffrent de ces conditions de travail, en s’avouant fatigués et au bord de l’épuisement professionnel. C’est d’autant plus vrai, que Convergence infirmière a poursuivi son questionnaire en s’attachant à la relation soignant – soigné. En effet, les résultats du questionnaire révèlent que de nombreux soignants se sentent dépassés par la charge de travail et peinent à accorder suffisamment de temps et d’attention à chaque patient. Et là encore, les résultats peuvent apparaitre comme décourageants, comme nous vous le présenterons dans un prochain dossier. Des mesures doivent être prises pour améliorer ces conditions de travail et garantir des soins de qualité pour tous.