
La pratique avancée pour les infirmières, une réponse à la pénurie de médecins généralistes ?
Qu’elles évoluent en ville ou à l’hôpital, les infirmières de pratique avancée représentent une avancée conséquente pour la profession. D’autant plus que les infirmières et infirmiers libéraux ou hospitaliers revendiquaient une telle avancée depuis des années. Toujours est-il que ces derniers mois, les infirmières libérales comme bien d’autres soignants se sont irrités de voir les IPA ou IPAL être empêchés dans leur déploiement sur tout le territoire, comme cela était prévu. Ce déploiement et cette généralisation des infirmiers en pratique avancée devaient, selon le ministère de la santé, venir compenser la pénurie de médecins généralistes, et on comprend donc mieux les efforts déployés pour corriger cette lenteur à l’augmentation réellement significative de ces nouvelles infirmières et infirmiers.
C’est pour répondre à cet enjeu, que la loi RIST, votée au début de l’année 2023, devait permettre d’élargir les compétences de ces infirmières et infirmiers en pratique avancée. De nouveaux dispositifs étaient même adoptés pour faciliter l’installation de ces nouvelles professionnelles de santé, notamment pour les infirmières libérales décidant de se former à ces nouvelles pratiques. Toujours est-il qu’en cette rentrée de septembre 2023, les autorités sanitaires comme les infirmières et infirmiers se peinent à s’accorder quant aux décisions à prendre.
L’accès direct aux infirmières de pratique avancée doit-il être élargi ?
Pour revaloriser la profession, qui reste, il faut ne pas l’oublier, relativement récente, la loi RIST prévoyait donc d’autoriser l’accès direct aux infirmiers de pratique avancée. Pour permettre aux infirmiers libéraux d’envisager un avenir à cette pratique, il fallait en effet leur permettre d’intervenir en premier recours, sans nécessiter la visite chez le médecin généraliste. Les débats ont été tendus pour l’adoption du texte. D’autres évolutions ont été officiellement validées, comme l’élargissement du droit de prescription pour ces infirmières et infirmiers. Pour la profession infirmière, la reconnaissance de l’accès direct était indispensable pour satisfaire à leurs revendications. Les infirmières et infirmiers demandaient un accès direct inconditionnel, alors que la loi, dans son texte originel, posait la condition de l’exercice coordonné pour ouvrir droit à cet accès direct.
Réunissant des sénateurs et des députés, la commission mixte paritaire devait même trancher quant à la définition pragmatique de cet exercice coordonné. Les infirmières et infirmiers revendiquaient ainsi que les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) soient reconnues comme suffisantes pour le respect de cette condition. Pour l’Ordre Infirmier, cela constituerait le meilleur moyen pour que le déploiement des infirmières en pratique avancée ait une incidence visible sur la désertification médicale. Malgré les arguments mis en avant par la profession, la commission mixte paritaire a rejeté cette proposition. Pour attester de sa bonne foi à faire évoluer le système, la commission a néanmoins permis que ce dispositif soit expérimenté dans 6 départements.
L’Ordre infirmier fait part de son « incompréhension » avec un dispositif jugé « incohérent et incompréhensible ». Pour l’ordre infirmier, les CPTS représentent « précisément les structures qui permettraient de faire vivre l’exercice coordonné des professionnels au service des patients ». Nul doute que cette mesure devrait encore faire l’objet de débats ?
Et vous, comment comprenez-vous cette réticence à élargir réellement l’accès direct ? Estimez-vous qu’en écartant les CPTS, c’est l’avenir même de la pratique avancée qui soit en danger ?
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