
Ils soignent à domicile, à toute heure, par tous les temps. Et pourtant, souvent invisibles mais toujours indispensables, les IDEL encaissent fatigue, solitude et burn-out dans un silence assourdissant. Leur quotidien est une course d’obstacles trop souvent ignorée. Alors, comment prendre soin de ceux qui nous soignent ? Il est temps de changer la donne.
On les voit filer à l’aube, sacoche à l’épaule, sourire aux lèvres même à l’heure où les lampadaires sont encore endormis. Véritables héros du quotidien, les IDEL font partie intégrante de notre décor quotidien, de notre quartier ou de notre village, discrets mais indispensables, engagés pleinement, mais souvent usés jusqu’à la moelle. En effet, selon une étude menée par l’Ordre national des infirmiers, près de 40% des infirmiers libéraux déclarent avoir déjà été dans une situation de burn-out, 60% évoquent un épuisement professionnel régulier.
Le cliché de l’infirmière libérale zen et placide, qui s’occupe de ses clients avec un self-control inébranlable et gère son planning avec une souplesse des plus souples, c’est sympa pour les séries télé. Dans la vraie vie, comme le démontrent ces statistiques, c’est beaucoup plus difficile, entre des soins techniques, des patients aussi bien attachants qu’épuisants ou encore une paperasse digne d’un roman de Balzac. Sans oublier toutes les difficultés liées au stationnement, une inflation en flèche sur le carburant. Si la face visible s’avère séduisante, sa face cachée l’est beaucoup moins.
Et si on arrêtait de voir nos IDEL uniquement comme des soignants à domicile ? Si on pensait à eux aussi ? Car à force de soigner les autres, nos héros du quotidien en oublient parfois de prendre soin d’eux-mêmes. Et là, ça pique.
Une responsabilité avant tout gouvernementale
Avant de se focaliser sur les cas individuels, il est important de se poser : que fait concrètement l’État français pour faciliter le travail de nos IDEL ? Si certaines mesures sont mises en place, de nombreux points sont encore à améliorer. En premier lieu, le maillage territorial. En effet, de nombreuses zones sur le territoire français se retrouvent avec un effectif d’infirmiers libéraux très limité. Au-delà de permettre l’accessibilité aux soins pour tous et éviter les fameux déserts médicaux, de nombreuses IDEL souffrent dans ces zones d’une surcharge de travail. Renforcer le maillage territorial permettrait donc d’équilibrer cette charge de travail. Pour cela, l’État peut proposer des aides à l’installation : primes financières, exonérations fiscales, ou facilitation de l’accès à un local professionnel.
Autre levier sur lequel l’État français peut agir concerne les zones de stationnement. En effet, dans de nombreuses villes, la gratuité de stationnement pour les professionnels de santé n’est pas autorisée, ne favorisant donc pas le quotidien de ces derniers. Rendre gratuit le stationnement de nos IDEL & Cie sur l’ensemble du territoire paraît indispensable. Enfin, L’État peut aussi financer des cellules d’écoute psychologique gratuites dédiées aux soignants libéraux, ainsi que des formations continues gratuites axées sur la prévention de l’épuisement professionnel.
Si quelques aides ponctuelles sont mises en place notamment pour l’équipement, l’accompagnement à la formation, ou encore la téléconsultation, cela reste, soyons honnêtes, relativement éparse et réservé à celles et ceux qui ont le temps (ou le courage) de se plonger dans les méandres administratifs.
Heureusement, des solutions concrètes émergent sur le terrain. En voici quelques-unes qu’Albus vous propose, c’est cadeau :
- Accessibilité : certaines communes commencent enfin à réserver des places de stationnement pour les professionnels de santé. Oui, garer sa voiture en tournant pendant 20 minutes, c’est une perte de temps – et de nerfs – que personne ne rembourse.
- Simplification de l’administratif : des logiciels comme Albus Latitude changent la donne. En plus de gérer les tournées, il permet de facturer en deux clics, suivre les paiements, envoyer des documents ARS… Bref, c’est l’assistant administratif que chaque IDEL rêvait d’avoir. Sans jamais réclamer de RTT.
- Soutien moral : les collectifs et groupes d’échange se développent en ligne et en présentiel. Parce que parfois, juste pouvoir dire « j’en peux plus » à quelqu’un qui comprend, c’est déjà un soin en soi.
Cinq conseils pour (vraiment) les aider au quotidien, sans être ministre de la Santé
Au-delà des mesures gouvernementales et des actions mises en place, prendre soin de nos IDEL, c’est une affaire qui nous concerne tous. Individuellement, il est donc possible de veiller à leur bien-être. Voici cinq conseils, pêle-mêle :
- Leur laisser la priorité, même sans gyrophare. Vous croisez un véhicule avec un caducée sur le tableau de bord ? Laissez-lui la priorité, surtout si vous êtes en double file devant la boulangerie. Ils ne vont pas chercher des chouquettes, ils sauvent des gens.
- Rendre les patients (un peu) responsables. Encourager nos proches à être prêts à l’arrivée de l’infirmier (carte vitale, dossier à jour, environnement propre). Oui, ça paraît basique, mais ça change tout.
- Alléger la paperasse. Si vous êtes aidant, famille ou proche d’un patient, faites en sorte de réunir les documents nécessaires avant la consultation. Plus c’est fluide, moins l’IDEL perd de temps. Et son sourire aussi.
- Parler d’eux. Valorisez leur travail. Partagez les posts d’IDEL sur les réseaux, soutenez leurs collectifs, recommandez leurs services. Ce n’est pas juste un métier, c’est une vocation. Et parfois, une reconnaissance, ça vaut un demi RTT.
- Un mot gentil ne coûte rien. C’est très certainement le point le plus important. Laisser un petit mot de remerciement, un sourire, un café chaud au bout de la tournée. Ces attentions simples boostent le moral plus qu’on ne l’imagine.
Alors oui, le système de santé en France tangue un peu, et les IDEL ne font pas exception. Mais si chacun y met du sien – État, collectivités, citoyens, collègues – on peut sérieusement améliorer leur quotidien. Et quand ceux qui prennent soin de nous vont mieux tout le monde y gagne. Parce qu’au fond, prendre soin de nos IDEL, ce n’est peut-être pas grand-chose, mais ça veut dire beaucoup.