La profession infirmière tarde à généraliser la pratique avancée.
Les autorités publiques considéraient depuis longtemps le déploiement et la généralisation de la pratique avancée parmi les professionnels de santé comme l’un des leviers à mobiliser pour accompagner la transformation du système de santé. Le ministère de la santé entendait non seulement répondre à une aspiration ancienne de toute la profession mais aussi initier un changement profond. Les IPA (infirmiers en pratique avancée), tant à l’hôpital qu’en ville, devaient donc soulager la pression sur les médecins, en libérant du temps médical. Pour autant, le nombre de professionnels de santé s’engageant dans cette formation exigeante, n’est pas à la hauteur des ambitions affichées par les autorités publiques.
Cela pose deux problèmes distincts. D’un côté, l’accompagnement de la transformation de notre système de santé ne parvient pas à lutter efficacement contre la pénurie médicale. En d’autres termes, les IPA et IPAL ne sont pas en nombre suffisants pour « alléger » le quotidien des médecins généralistes. D’un autre côté, ces difficultés à attirer de nouveaux professionnels pénalisent les collectivités territoriales. Ces dernières sont en recherche de solutions pour apaiser la situation sur leur propre territoire. La question des IPA n’est plus que nationale. Elle concerne un grand nombre de régions et de territoires.
Quand les collectivités locales essaient de séduire les IPA et IPAL !
Inciter et soutenir les infirmières et infirmiers libéraux ou hospitaliers à s’engager dans la formation en pratique avancée relève de la responsabilité de l’Etat. En revanche, au quotidien, ce sont bien les collectivités territoriales qui sont en prise directe avec les problématiques de déserts médicaux et de liberté et d’égalité d’accès aux soins. C’est ce qu’expliquait le vice-président du Département de la Sarthe, chargé de la solidarité, de l’autonomie et de la santé, M Jean-Charles Grelier aux journalistes d’Actusoins :
« Ce sont les collectivités locales qui sont en première ligne en termes d’attractivité médicale et d’accès aux soins »
Dans la Sarthe comme dans le Nord et sur bien d’autres territoires, le constat est le même. Le soutien aux étudiants en pratique avancée apporté par les autorités publiques n’est pas suffisant pour répondre aux attentes des infirmières et infirmiers. Les territoires découvrent ainsi, que la perte de rémunération liée à la formation est loin d’être compensée par ces soutiens divers. C’est pourquoi les territoires ont donc pris l’initiative de venir pallier cette situation.
Un soutien financier des collectivités locales pour répondre aux attentes des patientes et des patients
Pour M Grelier, la question est d’importance puisque : « Comme beaucoup, nous sommes confrontés au manque de médecins et les IPA, dans le cadre des délégations de tâches, peuvent rendre des services aux patients ». Ainsi certaines collectivités locales proposent des aides financières aux étudiantes et étudiants. Dans certains territoires, ces aides peuvent atteindre 24.000 euros pour l’ensemble de la formation (soit 12.000 € par an). En revanche, ces collectivités locales demandent une contrepartie à ces aides. Contrepartie le plus souvent exprimée par un engagement de la future IPA à exercer pendant un certain temps sur un territoire donné.
Ces initiatives locales peuvent représenter des réponses ponctuelles à des problématiques précises. Elles peuvent aussi engendrer une forme d’inégalité d’attractivité. Et certains professionnels craignent que cette inégalité se transforme, dans les années à venir, par une inégalité de la répartition.