
Faire face à l’impensable
Le décès d’un patient fait partie des expériences les plus difficiles que peuvent vivre les infirmières et infirmiers libéraux (IDEL). En tant que soignants de proximité, ils sont souvent témoins des derniers moments de vie, que ce soit à domicile, en EHPAD ou dans d’autres structures de soin. Cette proximité humaine crée des liens forts avec leurs patients et leurs familles, rendant l’épreuve du décès particulièrement marquante.
Comment gérer cette épreuve en tant qu’IDEL ? Quels soutiens existent pour faire face à la douleur du deuil et la grande charge émotionnelle qui l’accompagne ? Et surtout, quelles interrogations professionnelles adresser en premier ? Quelles sont les démarches administratives et légales à effectuer et les procédures à suivre après un décès ? Albus accompagne les professionnels de santé dans ces moments difficiles et leur permet de trouver un équilibre entre implication professionnelle et protection personnelle.
Gérer l’émotion : le choc du décès d’un patient
Pour les infirmières libérales, le décès d’un patient peut être une véritable onde de choc. Entre la proximité créée au fil des soins et des visites à domicile et l’implication quotidienne dans le bien-être du patient, l’épreuve du deuil est souvent douloureuse. Le patient n’est pas qu’un simple dossier médical ; c’est une personne avec laquelle un lien s’est noué. Ce lien, lorsqu’il est brutalement rompu, peut laisser les soignants désemparés.
Comprendre et accueillir ses émotions
Le lien entre un infirmier libéral et son patient est bien souvent unique. L’IDEL est souvent le seul point de contact du patient avec le monde extérieur, et la seule personne qu’il ou elle voit dans la journée. Lorsque ce dernier décède, il est normal en tant que soignant de ressentir un éventail d’émotions : tristesse, culpabilité, impuissance, voire colère. Certaines IDEL peuvent se remettre en question, se demandant si elles auraient pu en faire davantage. Il est crucial d’accueillir ces émotions sans les nier ni les minimiser. La première étape pour aller mieux est souvent d’accepter que ces ressentis sont légitimes.
Plusieurs techniques simples à mettre en place peuvent vous aider à gérer ce choc émotionnel :
- La verbalisation : parler avec des collègues IDEL, le médecin traitant du patient ou des même des proches permet souvent d’évacuer les émotions accumulées, d’éviter la déprime et de bénéficier d’un autre point de vue.
- La méditation et la pleine conscience : pratiquer régulièrement, même quelques minutes, elles aident à réduire le stress, à calmer le flot de pensées et à revenir à l’instant présent.
- L’écriture expressive : tenir un journal pour noter ses ressentis et réflexions peut être un excellent moyen d’extérioriser les émotions et de prendre du recul.
Se faire accompagner : le rôle du soutien psychologique
Certaines situations de décès peuvent laisser une empreinte durable sur n’importe quelle personne, surtout si le décès survient de manière inattendue ou si le patient était particulièrement proche du soignant. Dans ce contexte, il peut être bénéfique de se faire accompagner par un professionnel de la santé mentale. En France, plusieurs structures proposent des services d’écoute et d’accompagnement pour les soignants confrontés à la mort :
- L’Ordre national des infirmiers (ONI) : il offre des conseils, des ressources et peut orienter les IDEL vers des spécialistes du soutien psychologique.
- Les associations spécialisées : comme l’association SPS (Soins aux Professionnels de Santé), qui propose des consultations psychologiques gratuites et anonymes.
- En parallèle, il peut être utile de consulter un thérapeute pour bénéficier d’un accompagnement adapté. Ce type de suivi peut vous aider sur le moment à prendre du recul, mais aussi à plus long terme à mieux gérer vos émotions et à prévenir l’épuisement professionnel.
Procédures à suivre en cas de décès d’un patient
Outre l’impact émotionnel, le décès d’un patient entraîne des obligations administratives et légales que l’infirmier libéral doit maîtriser. Une bonne connaissance de ces démarches permet de réduire le stress lié à la situation et d’apporter un accompagnement efficace à la famille.
Le constat de décès : à qui revient-il ?
En règle générale, l’infirmière libérale n’a pas, en principe, le droit de rédiger un certificat de décès. Cette responsabilité incombe exclusivement à un médecin. Toutefois, l’IDEL peut jouer un rôle essentiel en signalant rapidement le décès et en accompagnant la famille dans cette étape difficile.
Bon à savoir : depuis le 1er janvier 2023, une nouveauté est cependant à noter : une expérimentation encadrée par décret permet aux infirmiers libéraux (IDEL) de signer des constats de décès dans plusieurs départements de France. Cette expérimentation est strictement encadrée et s’applique uniquement dans des cas spécifiques :
- Les décès non suspects : tout décès nécessitant une enquête ou l’intervention d’un médecin légiste est exclu.
- Les décès survenus à domicile ou en maison de retraite ou EHPAD.
- Les décès attendus, comme par exemple lorsque le patient était en fin de vie, en soins palliatifs ou souffrait d’une maladie terminale connue comme un cancer ou la maladie d’Alzheimer.
Les IDEL participant à cette expérimentation jouent donc un rôle clé dans ces situations, mais elles doivent respecter le cadre réglementaire fixé par le décret. Dans tous les autres cas, le médecin traitant ou, à défaut, le SAMU doit être contacté pour effectuer le constat officiel du décès.
L’accompagnement de la famille
Le décès d’un proche est une épreuve douloureuse pour les familles, et l’infirmier libéral, souvent premier témoin de la situation, se retrouve souvent à jouer un rôle de soutien moral mais également logistique. Il ne s’agit pas uniquement d’un accompagnement médical, mais aussi d’un accompagnement humain. En écoutant les proches et en tentant d’apaiser leurs inquiétudes, les IDEL prennent place au sein du cercle familial du défunt. Parfois, il suffit d’une écoute attentive et bienveillante pour apporter du réconfort à des proches en état de choc.
Voici quelques pistes pour apporter un soutien adapté sans compromettre votre propre état émotionnel :
- Informer la famille sur les démarches administratives : il peut s’agir de simplement guider la famille sur les premières formalités à effectuer, comme la déclaration de décès à la mairie dans les 24 heures suivant le décès, conformément aux obligations légales. Ensuite, il est nécessaire de conseiller sur la prise de contact avec une entreprise de pompes funèbres pour organiser le transport du corps, la mise en bière et les obsèques. Attention cependant : ce n’est pas à vous mais à la famille de faire ces démarches. Vous pouvez également rappeler l’importance d’informer les organismes sociaux et financiers, tels que la caisse de retraite, la Sécurité sociale ou encore la banque du défunt. Ces démarches, bien qu’essentielles, peuvent paraître complexes et accablantes pour une famille endeuillée. C’est pourquoi une aide attentive et des conseils adaptés sont précieux pour les guider et alléger leur charge mentale en ces moments difficiles.
- Orienter vers des ressources spécialisées : si la famille en ressent le besoin, il peut être utile de les diriger vers des associations d’accompagnement au deuil. Plusieurs organismes proposent des services d’écoute et d’accompagnement, adaptés aux différentes étapes du deuil et fournissent également un soutien aux proches dans leurs démarches administratives en cas de besoin. Ces associations proposent aussi des groupes de parole, des entretiens individuels avec des professionnels spécialisés, et des ressources pratiques pour mieux traverser l’épreuve du deuil. L’accompagnement peut jouer un rôle fondamental pour apaiser la douleur et permettre à la famille de trouver un chemin vers l’apaisement émotionnel.
Responsabilités et conseils pour mieux appréhender cette situation
Clarification des responsabilités légales
En tant que professionnel de santé libéral, l’IDELdoit respecter certaines règles et veiller à rester dans son cadre de compétences. Voici quelques conseils pratiques pour éviter les erreurs et agir en toute légalité :
- Certificat de décès : seul un médecin est généralement habilité à le rédiger, sauf dans le cadre de l’expérimentation actuellement en cours mentionnée précédemment.
- Documenter chaque intervention : il est recommandé de noter précisément dans le dossier patient les événements survenus (heure présumée du décès, constatation des signes de mort apparente, personnes présentes, etc.).
- Respecter les consignes médicales : suivre les indications du médecin traitant en cas de soins palliatifs et signaler tout changement dans l’état du patient.
Formation et préparation : anticiper pour mieux vivre ces moments
Il existe aujourd’hui des formations spécifiques pour les IDEL sur la gestion du deuil et les procédures administratives liées au décès d’un patient. Ces formations peuvent être suivies dans le cadre du Développement Professionnel Continu (DPC), offrant ainsi l’opportunité de renforcer ses compétences et de mieux appréhender ces situations complexes.
Les avantages d’une formation :
- Acquérir les bons réflexes administratifs et légaux pour agir efficacement.
- Mieux comprendre le processus du deuil pour accompagner les familles avec bienveillance et professionnalisme.
- Apprendre à se protéger émotionnellement pour éviter l’épuisement et préserver son équilibre personnel.
Prendre soin de soi pour mieux prendre soin des autres
Le décès d’un patient est une épreuve difficile pour les infirmières libérales. Entre la gestion émotionnelle, les démarches administratives et les responsabilités légales, il est essentiel d’être préparé, bien entouré et informé. Ne sous-estimez pas l’importance du soutien psychologique et de la formation continue pour traverser ces moments avec sérénité. En prenant soin de vous et en consolidant vos connaissances, vous pourrez continuer à offrir le meilleur accompagnement à vos patients et à leurs familles, même dans les situations les plus difficiles.
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17 janvier 2023
Je viens de vivre un décès au cœur de l ehpad où je travaille en tant qu as depuis 15 ans. Je suis pourtant habituée à vivre des décès mais je ne sais pas pourquoi celui là est plus difficile car je n arrive pas à m enlever l image de la résidente morte. Je ne sais pas quoi faire pour revenir à ma vie d avant
13 mars 2014
Je suis étudiante en 3eme année à dijon et j ai vécu plusieurs situations difficiles par rapport à la mort, au décès de "nos" patients j ai donc très facilement choisi ce sujet pour le travail d initiation à la recherche mais bon nombre d'auteurs parlent de la fin de vie mais peu parle réellement de la mort !! le moment où on se confronte avec notre patient sans vie qui a perdu tous ses sens ....
31 janvier 2014
Salut tout le monde . Je realise mon TFE sur la souffrance des soignants en fin de vie , si quelqu'un aurait 5 minutes pour repondre à un questionnaire ça serait sympa . Merci
12 janvier 2015
Bonjour, si tu veux je veux bien répondre à ton questionnaire. Je travaille dans une unité de sp depuis 5 ans .
08 novembre 2013
moi aussi autant qu'infirmière ce sujet m'irrite trop je voulais en faire mon sujet de mémoire mais j'ai pas trouvé beaucoup des enquêtes dans ce sens la svp aidez moi
06 août 2012
Nous aussi, série de 3 décès à chaque fois...ma collègue et moi nous soutenons, jamais facile à gérér!! 2 m'ont particulièrement émus car j'étais présente...trop dur à oublier!!
05 août 2012
En ce moment fin de vie d'un patient de 27 ans, ma collègue est en vacances je suis seule donc difficile moralement, surtout que des liens avec la famille sont tissés....
05 août 2012
Pour nous en général, les décès vont par 3. Ce n'est jamais facile surtout quand ça arrive devant vous ou que ça vient tout juste d'arriver. Et puis ça dépend aussi de l'attachement que l'on a avec notre patient. En ce moment nous " évitons " les fins de vie, histoire de recharger les batterie car nous avons aussi malheureusement nos ennuis personnels. Voilà banale histoire d' IDE libérales depuis 14 ans.
04 août 2012
2 décès en 10 jours pour moi aussi... accompagnement fin de vie jusqu'au bout... la famille m'a appelé a 2 heures du matin pour l'une d'elle. dur dur mais bien entourée c'est le principal. on ne s'y fait jamais. ca fait toujours mal au coeur. mais on repense aux bons moments...........
04 août 2012
je lis vos commentaires et je suis tout à fait d'accord avec vous.Moi je suis ide en gériatrie et beaucoup de décès.C'est très dur surtout avec certain départ.En plus nous n'avons aucun temps de parole et du coup,on évacue pas le stress,la peine de ces moments là.A quand un temps de parole régulier dans chaque service?
07 mars 2013
Je suis touchée, en recherche de solutions soutenant les besoins...que peut-on mettre en place pour s'aider à passer au travers du décès d'un patient alors qu'une relationa vec lui et sa famille s'est tissée?
04 août 2012
Moi j'ai besoin d'aller jusqu'à l'enterrement ou si ce n'est pas possible je passe voir la famille, comme ça la boucle est bouclée . Jamais facile mais " thé show must go on", il faut continuer à sourire pour les autres...
04 août 2012
comment, nous aurions des sentiments ? quelle blague !!!
04 août 2012
pour ma part, les derniers décès n'étaient pas tous attendus... c'est toujours surprenant quand on ne s'y attend pas...
04 août 2012
3 décès sur 15 jours ..... dont 2 de mes "chouchous".... difficile à gérer , on ne s'habitue jamais .... il faut le temps au temps .... difficile de passer à côté de chez eux et de se dire "bah non, on ne s'arrête pas..."
04 août 2012
Encore un décès hier ... Très difficile car nous en avons eu 1 la semaine dernière et pas encore eu le tps de le digérer :-(
04 août 2012
C'est toujours très dur car les liens se tissent au fil des jours et on ne peut jamais se blinder contre ce genre de chose et heureusement car le jour ou je perds un pâtient et que je ressent plus rien et ben je me dirais que j'ai plus rien a faire comme IDE... Certains décès sont plus douloureux que d'autres c'est comme ça et encore moi j'ai la chance de pas être seule dans le cabinet donc on se soutient entre associée...
04 août 2012
Je viens de perdre mon 4eme centenaire à 101 ans encore une fois ( j'suis maudit pour 102 ) Trois ans de prise en charge on tisse des liens . enfin il voulait sans aller , c'est fait
12 janvier 2015
Salut tout le monde . Je realise mon TFE sur la souffrance des soignants en fin de vie , si quelqu'un aurait 5 minutes pour repondre à un questionnaire ça serait sympa . Merci
07 mars 2013
je lis vos commentaires et je suis tout à fait d'accord avec vous.Moi je suis ide en gériatrie et beaucoup de décès.C'est très dur surtout avec certain départ.En plus nous n'avons aucun temps de parole et du coup,on évacue pas le stress,la peine de ces moments là.A quand un temps de parole régulier dans chaque service?