Les relations entre les médecins d’une part et les infirmiers libéraux d’autre part sont rarement apaisées mais témoignent souvent de crispations multiples. Pourtant, quand une médecin décide de consacrer sa thèse à la place des IDEL(s), on comprend alors qu’un apaisement de ces relations est toujours possible.
Les infirmières libérales, un dévouement et un professionnalisme reconnu de tous
On se souvient des efforts consentis par les soignants en général et les infirmières et infirmiers libéraux en particulier pendant la crise sanitaire du coronavirus. L’ensemble de la population, elle-même, saluait ce « héros des temps modernes », et infirmières libérales et hospitalières se félicitaient du rendez-vous de 20h00, durant lequel les Françaises et les Français applaudissaient ces soignants qui maintenaient le système de santé en état de fonctionnement. Pour les infirmières libérales, la crise sanitaire fut l’occasion de souligner leur rôle essentiel notamment dans le maintien des personnes âgées à leur domicile mais aussi dans la prise en charge des patients atteints de pathologies chroniques.
Depuis la fin des confinements et autres couvre-feux, les autorités publiques se sont efforcées de prendre les mesures nécessaires pour tirer les enseignements de cette période si particulière. Les infirmiers libéraux, à l’instar de la majorité des autres soignants, ont pu eux-aussi souligner les transformations nécessaires à apporter pour améliorer la prise en charge des patients. Même les autres professionnels de santé reconnaissent le rôle plus qu’impactant, qu’ont pu avoir les infirmières libérales et hospitalières pendant la crise du Covid-19. C’est ce sujet qui a retenu l’attention d’une jeune médecin en avril dernier quand elle a présenté sa thèse.
Quand les médecins saluent le rôle des infirmiers libéraux
En consacrant sa thèse au « Vécu des infirmières libérales exerçant auprès de patients avec des troubles cognitifs depuis le début du covid », cette médecin a tenu à souligner l’importance que les IDEL(s) ont pu représenter lorsque les déplacements étaient interdits. Les patientes et les patients ont pu s’appuyer sur ces professionnels de première ligne, qui maintenaient le lien entre eux et le système de santé. Cette réalité était d’autant plus importante pour les patients atteints de troubles cognitifs. Les infirmières et infirmiers libéraux ont su s’adapter à une situation exceptionnelle pour « combler les nombreux manques humains et matériels auprès des patients présentant des troubles cognitifs ». Son étude rappelle l’importance de ces infirmières libérales, qui ont dû se « sacrifier » pour maintenir intact ce lien mais aussi apporter des solutions pratiques à des patients, pouvant souffrir de l’isolement forcé imposé par les mesures de distanciation sociale notamment. Et pourtant, la reconnaissance n’a pas été à la hauteur de l’engagement et de la mobilisation de la profession. « Beaucoup se sont « oubliées » pour prendre en charge des patients, parfois à leur détriment. Certaines ont limité leurs activités et leurs interactions par peur de se contaminer et de contaminer leurs patients, mais on n’en a pas parlé. » Un sentiment d’injustice a pu naître et se développer, rappelle cette jeune médecin dans sa thèse, qui explique comment elle a dû s’efforcer d’oublier ses préjugés (de médecins) pour se mettre à la place des infirmières. C’est ce qu’elle essaie de faire comprendre en écrivant : « En parlant avec les infirmières libérales, j’ai mieux compris leur place auprès des patients. ». Une attitude, qui souligne que les crispations existantes entre les médecins d’une part et les IDEL(s) d’autre part ne constitue pas une fatalité. Une attitude qui pourrait appeler à un changement des comportements à l’avenir ….
Et vous, que retenez-vous de ces années de crise sanitaire pour la profession ? Pensez-vous que ce genre d’approche soit de nature à changer les rapports entre les médecins et les infirmières libérales ?